La dernière sortie de l’une des vices-présidents du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Me Michelle Ndocki, cache difficilement des manœuvres souterraines ourdies par le pouvoir de Yaoundé et ses maîtres français, dans l’objectif de semer la confusion au sein de ce parti et au bout du compte de détruire politiquement Maurice Kamto qui en est le président. Lorsque l’avocate, pour justifier sa candidature à la présidence de cette formation politique, parle de faire du MRC un parti de proposition et non de contestation, il est évident qu’elle veut livrer le parti à la pègre qui dirige le Cameroun depuis le 6 novembre 1982.
Pour comprendre pourquoi Maurice Kamto donne autant de sueurs froides au régime Biya, il faut remonter à l’histoire du Cameroun car il serait difficile en l’état actuel du système électoral de vaincre Paul Biya par les urnes. Après l’indépendance factice octroyée par la France au Cameroun le 1er janvier 1960, le colonel Jean Lamberton, commandant des troupes françaises présentes au Cameroun à cette époque pour écraser les indépendantistes de l’UPC dans ce qui était encore appelé le Bamileke (la région d’origine de Maurice Kamto), avait déclaré de manière on ne peut plus maladroite que : « le Cameroun accède à l’indépendance avec un caillou dans sa chaussure: les Bamiléké ». Allusion était ici faite aux combattants de l’Armée nationale pour la libération du Kamerun qui continuaient de résister à l’armée coloniale française malgré l’indépendance proclamée.
Pour la France et leurs vassaux qu’était Ahidjo et qu’est Biya, en l’homme Bamiléké se cache un insoumis et frondeur. Et la bataille que mène Maurice Kamto pour le changement au Cameroun n’est pas sans le rappeler à Yaoundé et à Paris. Pour les gouvernements français et camerounais, l’homme Bamiléké doit impérativement servir de caution à l’ordre établi (comme hier Mathias Djoumessi, Enoch Kouayeb, Victor Kanga et comme aujourd’hui Kontchou Kouomegni, Ketcha Courtès ou Jean De Dieu Momo). Tout homme politique Bamiléké qui émerge politiquement dans le sens de résister à l’ordre établi est systématiquement combattu car ce dernier n’est pas sans rappeler l’ère d’Ernest Ouandié, d’Abel Kingue ou de Singap Martin qui, ont donné du fil à retordre aux colons français.
Il existe donc depuis la colonisation française une règle non-écrite qui voudrait qu’un bamiléké ne prenne jamais le pouvoir au Cameroun parce qu’un fils des Grassfields à Etoudi pourrait demander des comptes sur des dizaines de milliers de civils massacrés, torturés ou jetés en prison par des colons français (dont un certain Maurice Delauney) à l’Ouest Cameroun, entre 1955 et 1971. De surcroît, la France estime sans doute que la présence d’un Bamiléké au pouvoir c’est aussi le dynamisme économique de ce peuple qui prendra de l’envergure au point de menacer les intérêts économiques français.
Maurice Kamto est donc victime de ce complot historique du pouvoir néocolonial contre l’homme Bamiléké du fait de son riche carnet d’adresse à l’international en sa qualité d’avocat auprès de la Cour internationale de Justice. Kamto est également victime de son refus de se soumettre au pouvoir en place et d’en être un courtisan zélé. Le modèle de l’homme Bamiléké que Yaoundé et Paris combattraient jusqu’à la dernière énergie.