Contrairement à ce qui s’est passé dans les Régions de l’Adamaoua, de l’Extrême Nord et de l’Est où des élites ont réagi tardivement et timidement pour se démarquer des memoranda envoyés au chef de l’Etat, la réaction des élites et patriarches du Département du Mfoundi a été prompte et claire au lendemain de la grande médiatisation autour d’une correspondance en leurs noms au chef de l’Etat.
Ces derniers qui semblent avoir été désagréablement surpris par cette déclaration de rupture avec Paul Biya, se sont retrouvés avec les populations militantes et non militantes du parti au pouvoir le mardi 18 octobre dernier, à l’esplanade du Cercle municipal de Yaoundé, pour non seulement réaffirmer leur fidélité au chef de l’Etat et leur engagement dans les batailles politiques du Rdpc, mais surtout dénoncer fermement l’agitation coquine d’un usurpateur des pouvoirs ancestraux aigri, qui se spécialise ces dernières décennies dans l’escroqueriemorale et politique, le trafic d’influence et d’invectives abjectes.
C’est en ces termes que les ‘‘vrais patriarches’’ du Mfoundi en chœur avec les populations et des élites, ont voulu désigner le lion de Febe village, Roi sans trône ni sujets dans le Mfoundi. Ne rien dire pour assumer l’égarement d’un éternel turbulent pourfendeur du parti au pouvoir, s’est avéré pour les patriarches et élites du Mfoundi, comme un suicide politique collectif dont ils ne pouvaient se permettre en cette période de grandes manœuvres politiques, où il faut affirmer et assumer ses amitiés pour envisager un proche ou lointain avenir avec sérénité.
La peur du lion
Onambélé Zibi en qui l’on reconnait certes le goût du risque aurait-il agi en solitaire comme tout le monde le prétend, où aurait-il été tout simplement lâché par ceux qui le diabolisent actuellement, après l’effet sismique produit par une correspondance signée par ses initiateurs ? Difficile de voir plus clair dans ce nébuleux environnement du Mfoundi dans lequel la solidarité n’est pas la vertu la mieux partagée et au sein duquel la tendance à la trahison est congénitale.
Le lion étant un animal que personne n’aime aborder de manière frontale, certains ayant manœuvré de nuit sans évaluer l’ampleur de leurs canailleries, se seraient-ils rétractés quand tout a explosé en plein jour, par peur de se retrouver devant un Paul Biya dont ils ne pouvaient pas supporter le simple, mais profond regard ? Le Mfoundi a peut-être fait l’essentiel pour se libérer du sale linge dans lequel voulait l’emmailloter Onambélé Zibi, même si pour certains observateurs connaissant bien les complaintes du Département dont faisait allusion le pamphlet envoyé au chef de l’Etat, le mal était déjà fait.
Double jeu
Doit-on envisager qu’au vu de cette dernière volonté d’en découdre avec Paul Biya, Onambélé Zibi serait désormais infréquentable ? Quand on sait que tous les ministres, hauts commis de l’Etat et certains élus du parti au pouvoir originaires du Département du Mfoundi, font du domicile du lion de Febe village, patriarche désavoué, un lieu d’absolution de leurs péchés et d’invocation des pouvoirs ancestraux...
En effet, malgré son extrême irritabilité commune à tous les anciens bagnards, malgré ses diatribes acerbes à l’endroit de Paul Biya, certains fils du Mfoundi préfèrent insulter Onambélé Zibi de jour, pour aller avec grosses enveloppes et caisses de vins, se prosterner devant lui la nuit tombée. Malgré l’incrédulité qui entoure ses prétendus pouvoirs, l’homme exploite à merveille la réputation de redoutable sorcier de son défunt géniteur, quand il laisse entendre que, la stabilité du Mfoundi et même du régime Biya logeraient dans un arbre mystique qui meublerait la forêt sacrée de sa concession...
Quel avenir ?
Partant du fait qu’au Cameroun en général et dans le Département du Mfoundi en particulier, la politique est une foire de dupes, il est difficile d’affirmer que malgré ses gesticulations et ses serments d’amour, Onambélé Zibi soit un inconditionnel militant du Rdpc. Pour cet homme controversé qui ne peut briguer un poste électif du fait de son impopularité, le parti de Paul Biya est une étale de vente d’illusions, d’arnaque et de promotion de la xénophobie.
Il miroite les postes qui échappent à tout le monde en récupérant la réussite de ceux qui croient à ses clowneries. Va-t-il continuer son bal masqué dans le Rdpc après le désaveu populaire dont il fait désormais l’objet, ou s’en aller comme promis à travers sa correspondance au chef de l’Etat ? A la fois éhonté et imbu de lui-même, cet homme qui ne sait pas faire profil bas du fait qu’il croit incarner la raison, ne tarderait pas à rebondir avant un autre scandale.