Après l’ouverture du procès Gbagbo et Blé Goudé accusés de crimes contre l’humanité à la Haye le 27 janvier 2016, cap sur Yaoundé. Avant ce cap alors que ce mardi 2 février 2016, les avocats de Blé Goudé ont la parole, je vous livre mes minutes d’audience.
Je peux d’ores et déjà dire que l’ouverture de ce procès par une conférence de presse ouverte à une trentaine de journalistes nous a permis de nous familiariser avec un certain vocabulaire et des visages que nous allons fréquenter ces 4 prochaines années.
Le 21ème siècle est encore jeune mais nous pouvons déjà penser que le procès ouvert ici à la Haye sera sans doute un des procès les plus célèbres dans l’histoire de ce siècle. Je n’ai pas l’habitude des salles d’audience, je peux donc citer seulement quelques-unes dans le monde, au Canada notamment à Québec, à Ottawa, à Galveston à Houston aux USA, La grande salle des pas perdus de la Cour suprême à Yaoundé ou encore cette salle lugubre d’Ekounou à Yaoundé où je fus moi-même condamné à 4 mois de prison avec sursis.
Cette salle de la Haye est un peu conçue à la manière d’un théâtre, la salle peut contenir environ 600 personnes. Les principaux protagonistes représentent les acteurs. L’accusation conduite par madame Bensouda une grande et volumineuse africaine venue de Gambie est entourée par une trentaine de personnes de race blanche toutes vêtues de robe noire à rabattement blanc.
Les avocats des deux accusés une douzaine portent la même robe avec le même rabattement blanc tandis que les juges eux sont en robe bleue. Dans ce théâtre chacun des protagonistes a au moins un ordinateur devant lui, il y a aussi dans la salle 4 hommes en tenue, deux postés à l’entrée et un sur le côté gauche de chacun des accusés.
La salle d’audience est équipée de 6 cameras. Les hommes et les femmes qui ont reçu un document leur permettant d’assister à l’audience ne sont pas dans la salle mais en hauteur dans une autre salle un peu comme dans une grande loge d’opéra. Il y a du bois et des vitres qui séparent les deux mondes.
Dès 7h du matin, la place devant le tribunal était noir de monde, une cinquantaine de gros bus, certains ont évalué la foule à 10 000 mais personnellement je ne suis pas fort en statistique. Je n’ai jamais su comment on compte une foule bigarrée, elle est organisée, il y a environ 52 drapeaux des différents pays du continent Africain depuis l’Egypte jusqu’en Afrique du Sud qui flottent portés à dos d’homme. C’est l’Afrique on chante des chants ivoiriens dans lesquels le message est le même « libérez Gbagbo et Blé Goudé », « L’Afrique exige le respect » etc.
La déclaration de Me Emmanuel Atilt l’avocat de la défense est venue conclure la prise de parole de l’équipe de défense de Laurent Gbagbo. Il a cette phrase dans une posture martiale sur une chute interrogative : « honorables membres de la Cour, tout ça pour ça ? »
Il est temps pour moi d’être au Cameroun pour continuer la lutte contre le double Boko Al Haram qui menace la stabilité de mon pays.