L’universitaire et homme politique aurait repris, mot pour mot, une publication attribuée à Paul N’gouah-Beaud, en prenant la précaution d’en modifier le titre.
Une accusation anonyme a permis de découvrir le pot aux roses. Néanmoins, un doute plane.
Y-a-t-il une différence entre « Peut-on envisager la translation du concept de constitution hors du cadre étatique ? » du Gabonais Paul N’gouah-Beaud et « Peut-on envisager la translation du concept de la constitution dans le cadre juridique international ? » que signe le Camerounais Pascal Charlemagne Nyamnding Messanga dans une revue éditée en 2007 par l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) ?
La réponse coule de source quand on a eu sous les yeux les deux publications (voir extraits ci-dessous). Hormis la légère divergence de titre, les deux textes sont identiques : mêmes phrases, mêmes ponctuations, mêmes références bibliographiques, mêmes citations, mêmes nombres de pages, mêmes intertitres, mêmes coquilles. Ça arrive que deux esprits brillants se rencontrent. Au plus fort de la guerre froide, deux inventeurs (un Soviétique et un Américain) vivant
à des milliers de km l’un de l’autre, n’ayant jamais eu à communiquer, ont conçu au même moment et pour le compte de leur pays respectif, une technologique en tous points similaires et au potentiel meurtrier égalable. Faut-il donc croire que N’gouah-Beaud et Messanga Nyamnding ont eu la même inspiration, même si ce n’est pas au même moment ? Le premier a écrit sa réflexion en 2002.
Celle du second a fait l’objet d’une publication dans la Revue camerounaise d’études internationales de l’Iric en 2007. Embarras à l’Iric. Dans le domaine du plagiat, disent les spécialistes rencontrés, l’antériorité de la publication est un argument non négligeable en ce qu’on ne peut plagier que ce qui existe.
Or, il se trouve que la publication de Paul N’gouah-Beaud est bien antérieure à celle de Pascal Charlemagne Nyamnding Messanga. Pis, dans son texte querellé, l’enseignant camerounais ne réserve aucun espace à Paul N’gouah-Beaud ne serait-ce que pour signaler qu’il s’est inspiré de lui. Ou pour rappeler, ne sait-on jamais, que c’est plutôt ce dernier qui s’est inspiré de lui.
Autre chose, Il est évident que tout bon chercheur, Messanga Nyamnding en est un, ne pouvait ignorer l’existence d’un article scientifique intitulé « Peut-on envisager la translation du concept de constitution hors du cadre étatique ? » qui, au vu de sa profondeur, a dû faire des gorges dans les milieux universitaires.
En présentant comme étant de son cru ledit article, en retouchant le titre original, l’enseignant à l’Iric tombe pieds et poings liés sous le coup du plagiat. Le nouveau petit Robert de langue française 2008 définit le plagiat comme « un vol littéraire, une copie, une imitation… »
Vendredi dernier à l’Iric, aucun responsable n’a supporté le regard du reporter de votre journal. La gêne était perceptible. Déjà au courant, l’établissement ne souhaite pas dire quelle suite il entend donner à l’affaire. Mais on voit mal comment l’Iric ne recevra pas son lot de boue dans ce scandale. Sa revue a publié un article sans en vérifier l’originalité. Ce qui est assommant d’amateurisme. Combien y en a-t-il des articles plagiés ?
Abonné absent
Manque de pot, La Météo n’a pu entrer en contact avec l’incriminé. Malgré maintes tentatives dont la dernière s’est faite peu avant que nous mettions finalement sous presse. Enseignant mordant doublé d’un panéliste percutant, le Pr. Pascal Charlemagne Nyamnding Messanga est une voix qui compte aussi bien dans les amphis que dans les médias qu’il écume depuis plus de dix ans aujourd’hui. Son dada sur les plateaux de télé et radio? Si Paul Biya n’avait pas existé il aurait fallu le créer. Est-ce là l’origine des problèmes actuels du spécialiste du droit dans un contexte politique où pour affaiblir le maître l’on tape sur son chien?
« Gardons nous de déporter sur le terrain de l’université les rivalités politiques», conseille un homme politique au parfum du plagiat. Mais l’accusation selon laquelle le maître de conférences à l’Iric aurait copié-collé en 2007 une recherche parue en 2002 a un côté grotesque qui autorise toutes les interprétations. Une question de bon sens : le Pr. Messanga Nyamnding manque-t-il de ressources intellectuelles pour créer ou même pour paraphraser habilement une œuvre existante ?
D’ailleurs un universitaire approché par votre journal s’est montré véridique: « Deux auteurs peuvent avoir sur un même sujet un même regard. Mais chacun le traite avec ses propres mots. Quand on exploite à des fins de publication une œuvre déjà écrite, le jeu est de ne pas franchir la ligne qui sépare l’apport intellectuel du plagiat pur. Il faut être vraiment stupide pour piller un auteur et ne pas le citer dans son livre. » Parfois, les grands professeurs sont capables de grandes stupidités. Et ça c’est bien dommage !
Selon nos sources, le rectorat de l’université de Yaoundé II dont dépend l’Iric, le ministère de l’Enseignement supérieur et… la présidence de la République seraient informés des accusations de plagiat portées contre le Pr. Messanga Nyamnding. On ignore encore tout de la ligne de défense de ce dernier. Mais une chose est certaine, l’accusation de plagiat laissera des traces. D’autant plus que l’article aujourd’hui querellé avait valu à l’universitaire camerounais de passer maître de conférence. Un grade universitaire plus que jamais remis en question.