Messi Martin, le père du Bikutsi moderne

Il a été le premier à reproduire le son du balafon à l'aide de la guitare électrique

Tue, 22 Aug 2023 Source: Arol Ketch

Né le 22 septembre 1946 à Emessi-Esse dans la Région du Centre, Messi Me Nkonda Martin est le père du Bikutsi moderne. Dans les années 1960, il a été le premier à reproduire le son du balafon à l'aide de la guitare électrique. Ce qu'on appelle aujourd'hui « Guitare-Balafon ». Pour obtenir un son de balafon à partir de la guitare, il intercale un bout d’éponge entre le chevalet et le crin.

Son père Raphael Nkonda désapprouve sa passion pour la musique. Pour ce dernier, la musique est une affaire de voyous, de ratés. Une cicatrice que portait Messi Martin au niveau de l’arcade sourcilière droite jusqu’à son décès en 2005, témoigne de l’état conflictuel des relations qu’il entretenait avec son père du fait de son amour pour la musique : « Un jour qu'il m'a encore retrouvé dans la cour du chef en train de jouer contre ses injonctions, il s'est saisi du banjo et me l'a asséné sur la tête comme un gourdin. J'en porte toujours le souvenir » se souvenait-t-il.

A la mort de son père vers les années 1959, il peut désormais vivre sa passion musicale.

En 1960, il fait la rencontre d’un ami, Saidou Ghana qui l’emmène au Nord du pays. En Décembre 1960, il dépose ses bagages à Garoua capitale de la province du Nord. Il y fait une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière. Il fait la connaissance de Jean Gabari, un Kaka de Batouri à l’Est du Cameroun. Ensemble, ils décident de créer le groupe Jazzy Garo (jazz de Garoua). Les débuts du groupe sont fracassants, tous les soirs, il régale les mélomanes venus s’enjailler dans un bar situé au quartier Nkolbivès.

L’écho de son talent et de ses prouesses se répand dans tout le pays.

Une autre rencontre déterminante de sa carrière sera celle de Ndo Clément avec qui il fonde le groupe Les Titans de Garoua.

C’est à la suite de la scission avec les Titans de Garoua que Messi Martin, rentré à Yaoundé après une décennie au Nord est recruté à Mango Bar.

Messi Martin est resté relativement anonyme à l’extérieur du Cameroun parce qu’il a manqué des occasions en or pour faire parler de lui. Au début des années 1980, Atangana Essomba et des partenaires canadiens concluent un contrat en la faveur d’une gigantesque tournée nord-americaine pour l’orchestre Los Camaroes. Jugeant le cachet qu’on lui propose modique et soupçonnant le promoteur de vouloir gagner l’argent derrière le dos de la vedette centrale du groupe qu’il était, Messi Martin décline l’offre. Atangana Essomba se tourna finalement vers Ange Ebogo Emérant qui accepta l’offre.

Messi Martin est mort dans l’abandon et la pauvreté extrême.

Sa vie et son parcours dans mon livre: "Les Icônes de la Musique Camerounaise".

Auteur: Arol Ketch