Le politique Njoya Moussa, originaire du Noun, dans la Région de l’Ouest, fait une mise au point pour démentir certaines spéculations autour du décès tragique de Charles Etoundi, proviseur du Lycée bilingue de Foumban.
Moussa Njoya, politologue et originaire du département du Noun, fait la mise au point ci-dessous, pour balayer d’un revers de main, les interprétations qui font croire que Charles Etoundi, proviseur du Lycée bilingue de Foumban, assassiné à son domicile dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 septembre 2017, a été victime d’un règlement de compte double du tribalisme.
Mise au point de Moussa Njoya:
Dans la nuit du 22 au 23 septembre 2017, la ville de Foumban a connu un pic d’insécurité marqué par plusieurs cas d’agressions qui ont engendré la mort de deux habitants de cette ville réputée de tout temps pour son hospitalité. Suite à ces décès, d’aucuns qui brillent depuis quelque temps par une volonté de noircir à tous les prix, l’image du peuple bamoun, pour des raisons inavouées, ont vite fait d’en faire une affaire politique sous fond de tribalisme. D’où la nécessite de cette mise au point, dont je ne suis pas coutumier, car cela commence à bien faire
Toute d’abord les faits….
Dans la nuit 22 au 23 septembre 2017, un groupe de malfrats bien connus dans la ville de Foumban, car n’hésitant pas souvent d’opérer à visages découverts est allé au quartier Nkounga-Dallas, également réputé ces derniers temps pour l’insécurité qui y règne, comme dans bien d’autres localités du Noun. Sur les lieux, ils ont tendu un guet-apens à un boutiquier originaire des Bamboutos, très célèbre qui vit à Foumban depuis des lustres sans aucun problème. « Tommy », le défunt, a fermé sa boutique et a pris le chemin de son domicile qui se situe à 30 m de sa boutique. Lorsqu’il arrive devant son portail et sonne, le temps que son épouse vienne lui ouvrir le portail, les malfrats ont surgit derrière lui, l’on poignardé et emporter tout l’argent qu’il avait sur lui.
A la suite de ce premier forfait, le groupe des malfrats s’est rendu au niveau de l’hôpital de district de Foumban. Arrivés sur les lieux, ils ont essayé d’emporter le véhicule du médecin chef, Dr Nkuete. Face au système très sécurisé de la voiture, ils ont dépouillé tout le véhicule, emportant jusqu’à l’extincteur.
Enfin, ils se sont rendus chez le proviseur du Lycée bilingue de Foumban, Charles Etoundi de regretté mémoire. Ils ont ligoté le gardien du lycée et ont forcé la porte de son domicile. Ils ont ordonné qu’il leur remette tout ce qu’il y avait comme argent dans le domicile. Face à son hésitation, ils ont poignardé l’un de ses enfants et lui-même. C’est là où son épouse a obtempéré et leur a remis de l’argent et ils ont pris leurs jambes à leur cou.
Il convient de préciser qu’avant ces coups, le lundi 18 septembre 2017, le même groupe de malfrats est allé au quartier Njiyouom, où ils ont emporté le véhicule de marque Carine E bleu, appartenant à Cheick Hussein, président du conseil des Oulemas du Noun (Bamoun Musulman).
A ceci, il faut ajouter de multiples cas d’agressions quotidiens dans les quartiers de Foumban.
Ce qu’il faut retenir…..
La très regrettable mort n’est nullement la conséquence d’un quelconque tribalisme des bamouns qui ne voudraient point de fonctionnaires venus d’ailleurs chez eux. Foumban est réputé pour son hospitalité, et depuis la création du Lycée bilingue Ibrahim Njoya, les proviseurs originaires du Noun se comptent sur les doigts d’une main.
Il s’agit purement et simplement d’une criminalité rampante qui sévit depuis quelque temps et qui fait vivre les populations de cette ville jadis paisible dans la peur, au point où les voyageurs qui arrivent dans la ville dans la nuit sont désormais obligés d’attendre le levé du jour pour rejoindre leurs domiciles. Cette explosion de la criminalité dans le Noun est essentiellement due à l’impunité dont jouissent ces criminels du fait de la corruption endémique des forces de sécurité.
Plusieurs de ces brigands capturés et livrés à la police sont libérés quelques jours plus tard et viennent terroriser les populations dans les quartiers. A l’image du fameux « Adebayor » qui avait été lynché il y a quelques années, suite au ras-le-bol des populations, après qu’il ait, une fois de plus, poignardé un jeune, plusieurs bandits de grand chemin marchent main dans la main, au vu et au su de tous, à Foumban.
Par ailleurs, cette criminalité locale s’inscrit dans un contexte national qui fait que Douala vit aujourd’hui au rythme des guerres de gangs, et des « Yakuzas », ces groupes de jeunes bandits qui sévissent en plein Akwa même à 10 heures. La même criminalité se vit à Yaoundé où il n’est pas rare de se faire agresser, même au carrefour du Palais, à Etoudi à 15 heures.
L’on a par exemple vu les populations de Mbalmayo festoyer à la suite de la « neutralisation », (enfin) d’un malfrat qui y faisait la pluie et le beau. Bref, le problème de l’insécurité aggravée est général au Cameroun, et a une seule cause : l’impunité des criminels. De même que les querelles à propos du partage du « gombo » de l’APE ont cours dans tous les établissements secondaires du Cameroun entre les nouveaux proviseurs !
La dérive tribaliste…
L’on remarque avec regrets que certains « communicateurs » et « journalistes » se sont donné pour mission de salir à la moindre occasion l’image des bamouns. Et pour des raisons, qui me restent encore inconnues jusqu’à présent. La déformation des faits et la dramatisation de certains événements « ordinaires » participent d’une stratégie bien pensée.
Sinon comment comprendre que :
1- Un groupe de planteurs bamilékés à qui des parcelles de terre sont prêtées pour faire des plantations décident d’aller les immatriculer en leurs noms en catimini (la pratique est bien rodée), et quand ils sont stoppés dans leur élan, ça devient que les bamouns sont « xénophobes » et chassent les bamilékés qui sont pourtant des dizaines de milliers depuis des décennies à vivre paisiblement dans le Noun ?
2- Des vendeurs (bamouns) qui ne paient pas un seul radis au Sultan depuis des décennies et qui sont prévenus depuis des lustres de la nécessité de rénover l’entrée du palais pour le rendre plus accueillant, au moment où ils doivent partir, c’est que le Sultan met « 300 familles » à la rue, alors que pour quiconque connait l’entrée du palais, l’on n’y a pas plus de 20 commerçants ?
3- D’où vient-il qu’un chanteur décide d’insulter avec véhémence les femmes bamouns, au prétexte qu’il veuille faire du buzz, et reçoive le soutien de ces « communicateurs » et « influenceurs web » (un bien nouveau métier) ?
Les évènements de Foumban ne sont nullement la manifestation d’une quelconque « xénophobie » (pour peu que ce mot ait un sens entre les citoyens d’un même pays) des bamouns envers qui que ce soit ! Aucun fonctionnaire originaire d’ailleurs ne menace de marcher ou de quitter Foumban !
De dizaines de fonctionnaires non bamoun sont accueillis et anoblis à la fin de leurs fonctions dans le département du Noun. Le dernier en date est le sous-préfet récemment admis à la retraite, M. Etoa (béti) qui a été élevé le 12 aout dernier au rang de Nji par le Sultan Roi des Bamoun !
Sans aucune prétention à l’exhaustivité, et face à la tournure que semble prendre ces événements malheureux (qui arrangent apparemment certains personnes mal intentionnées), je me devais de faire la présente mise au point !
Njoya Moussa
Politologue.”