Ayuk Tabe a participé à la première journée des négociations avec Etoudi
Depuis quelques heures, des informations(peu importe qu'elles soient vraies ou fausses) qui circulent sur la toile font état d'une entame de pré-négociations entre l'ex-président par intérim du mouvement indépendantiste anglophone (qui purge une peine à vie à la prison principale de Yaoundé), Julius Ayuk Tabe et le pouvoir de Yaoundé sous l'égide de l'ambassade des États-Unis en vue de l'implémentation d'un cessez-le-feu décrété par les Nations Unies pour cause de COVID-19.
De prime abord, il conviendrait, au cas où l'information est avérée, de souligner que si le régime de Biya se montre aussi zélé à faire ce qu'il a toujours refusé, à savoir négocier avec les indépendantistes, c'est sans doute parce que les négociations en question font son affaire: garder le contrôle sur le Southern Cameroons (actuelles régions anglophones du Cameroun) et continuer à piller les ressources de ce territoire indépendant depuis le 1er octobre 1961 mais maintenu dans les chaînes d'une unité presque forcée avec la République du Cameroun (indépendante depuis le 1er janvier 1960).
Le gouvernement camerounais a t-il fait le bon choix en choisissant Sisiku Ayuk Tabe comme interlocuteur pour le peuple combattant du Southern Cameroons en vue des négociations de sortie de crise ? La réponse c'est non pour les raisons que voici:
1/Depuis juin 2019, Sisiku Ayuk Tabe a été demis de ses fonctions de président par intérim qu'il a gardé malgré son kidnapping au Nigeria en janvier 2018 et sa détention à Yaoundé. Ayuk Tabe est accusé par ses camarades d'avoir vendu la révolution anglophone au pouvoir de Yaoundé en créant un gouvernement intérimaire en prison dans le but de faire concurrence à celui dirigé par Dr Samuel Sako Ikome, son successeur.
2/Les populations du Southern Cameroons tout comme les groupes armés Ambazonians Restorations Forces obéissent au Intérim Government dirigé par Dr Sako Ikome. Comment Sisiku Ayuk Tabe peut demander à des combattants sur lesquels il n'a pas de contrôle de déposer leurs armes et espérer que ces derniers le feront ? Comment pourra-t-il dicter une quelconque attitude à une population sur laquelle il n'a plus d'emprise?
Ces négociations de sortie de crise entre le pouvoir Biya et le gouvernement intérimaire de Sisiku Ayuk Tabe, au cas où elle sont en cours ou envisagées, procèderaient d'une supercherie savemment orchestrée par le régime voyou de Yaoundé afin de paver la voie vers la reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et l'implémentation du statut spécial, si chères à Paul Biya et sa clique. Que le peuple du Southern Cameroons dise non à cette escroquerie intellectuelle et poursuive sa lutte pour le respect de la souveraineté de son territoire acquise le 1er octobre 1961 à la faveur de la Charte et d'une résolution de l'ONU.
Les négociations en vue d'une sortie de la crise anglophone ne peuvent être possibles que sur un terrain neutre (hors du Cameroun) et avec le gouvernement intérimaire dirigé par Samuel Sako Ikome.