Par Monda Bakoa
Des nouvelles, plutôt rassurantes, viennent du front de la guerre contre Boko Haram. A des confrères rentrant du terrain, les responsables militaires ont parlé d'une « situation sous contrôle ».
Les membres de comité de vigilance ressassent leurs succès à faire échouer des infiltrations et des attaques à la bombe humaine. Les populations vaquent, de mieux en mieux, à leurs occupations, dans la sérénité, y compris dans des villes, comme Fotokol ou Kolofata, qui furent, à certains moments, le théâtre de grandes batailles. De l'autre côté de la frontière, au Nigeria, berceau de Boko Haram, l'armée a mis les insurgés en déroute. Ces derniers, selon des sources concordantes, sont éparpillés, réduits à errer et à se cacher, notamment dans la grande forêt de Sambisa...
Pourtant, la guerre n'est pas terminée, même si l'ennemi subit des charges létales. D'épisodiques tentatives d'attaques à la bombe humaine sont là pour rappeler à la vigilance.
De même que le lot de personnes déplacées qui pour l'heure ne peuvent toutes regagner leurs villages. Car Boko Haram, visiblement, ne se fixe aucune limite dans sa barbarie. Au point de sangler des enfants et des adolescents de bombes pour les envoyer exploser dans des mosquées, des marchés, et autres lieux de grande affluence, pour faire le plus de victimes.
La semaine dernière, Leila Zerrougui, représentant spécial du secrétaire général de l'Onu pour les Enfants et les conflits armés, dévoilait un secret de polichinelle, s'agissant de filles et femmes utilisées comme bombes humaines : « bon nombre d'entre elles ne savent pas qu'on va les faire exploser », a-t-elle confié, précisant que les explosifs étaient déclenchés à distance, selon les services de sécurité des pays touchés.
Ce qui revient à dire que ces porteuses de bombes sont autant victimes de la barbarie et de la lâcheté de Boko Haram que les personnes qu'elles emportent dans le souffle de leur explosion. Ou que les porteuses de bombes ne sont pas nécessairement des kamikazes, encore moins des candidates à la mort.
Les kamikazes, les vrais, furent pendant la seconde guerre mondiale, des militaires japonais, des pilotes surtout, lesquels se jetaient avec leur avion sur un bâtiment ennemi. C'était un acte patriotique, volontairement consenti.
N'est-ce pas faire injure à ces volontaires japonais que de désigner par « kamikaze » les enfants que Boko Haram envoie à la boucherie ? S'ils en avaient le courage, ce sont les combattants et les cadres de Boko Haram qui seraient des kamikazes. Mais non ! Eux se cachent et prennent la poudre d'escampette au moindre bruit de bottes.
Ce sont les enfants des autres, souvent enlevés et drogués, comme l'ont eu à constater les forces camerounaises, que Boko Haram sacrifie, dans un dessein sans gloire.
Le recours à cette ultime barbarie constituant à frapper des populations désarmées, comme pour dire « nous sommes encore là », constitue non une stratégie nouvelle, comme on l'entend ici et là, mais un signe d'essoufflement et d'agonie de la part de ceux qui rêvaient naguère d'un califat. Et qui certainement n'ont plus de rêve du tout, tenaillés qu'ils sont entre les armées de la coalition.
Pour autant, il serait prématuré de crier victoire, encore moins baisser la garde. Lorsqu'elle se conjugue avec la lâcheté, comme chez Boko Haram, la perfidie n'a pas de borne. Elle demeure dangereuse, comme les crochets d'une vipère morte.