Ne perdons pas l’élection présidentielle avant l’élection - Abdouraman Hamadou Babba

Hamadou Babba Abdouraman Hamadou Babba

Tue, 28 Jan 2025 Source: Abdouraman Hamadou Babba

Ne perdons pas l’élection présidentielle avant l’élection présidentielle !

La posture qui consiste à faire de la non-candidature du Président Paul Biya une condition indispensable pour la réalisation de l’alternance à la tête de l’Etat lors de la prochaine élection présidentielle est, à mon avis, un cadeau offert aux forces de maintien du statu quo.

Cette posture risque d’installer dans l’esprit des partisans du changement l’idée qu’il n’est pas possible de battre le candidat Paul Biya dans les urnes et de protéger cette victoire.

C’est également cette posture qui donne actuellement une importance démesurée à l’initiative du Ministre de l’Administration Territoriale qui a réuni des chefs traditionnels, qui ne représentent pas forcément leurs communautés respectives et qui ne sont en réalité que des auxiliaires de l’administration publique, pour appeler à cette candidature. C’est comme si l’on demandait aux cadres de la fonction publique de se prononcer publiquement sur la candidature du Président Paul Biya…

Doit-on vraiment mener la bataille de la disqualification de la candidature du Président Paul Biya alors que cette question semble relever de sa seule volonté?

Que feraient donc les forces du changement dans le cas où le Président Paul Biya déciderait d’être à nouveau candidat à sa propre succession ? Jeter l’éponge et se résigner ?

Il me semble que la seule bataille qui vaille la peine d’être minutieusement préparée et menée avec détermination, est celle des urnes, celle du jour « J » et des jours suivants.

Les forces du changement doivent trouver des voies et moyens pour faire face à de multiples défis :

- la représentativité effective et multiple des forces du changement dans les 29.500 bureaux de vote annoncés par Elecam ;

- l’orientation des électeurs le jour du vote pour limiter les conséquences des manœuvres d’Elecam consistant à « déporter » certains électeurs dans des bureaux de vote éloignés de leurs bureaux de vote initiaux ;

- la lutte contre les charters électoraux, les votes multiples et toute autre forme de fraude en passant par la corruption ou l’intimidation des électeurs ;

- la sécurisation des résultats bureau de vote par bureau de vote ;

- la sécurisation des résultats consignés dans les 58 procès-verbaux issus des travaux des 58 commissions départementales de supervision malgré l’alinéa 3 de l’article 67 du Code électoral qui dispose que seuls font foi les exemplaires des procès-verbaux détenus par les représentants d’Elecam;

- la recherche des solutions techniques à mettre en œuvre en cas de coupure du réseau internet par les opérateurs téléphoniques;

- la recherche des voies et moyens pour obliger ELECAM et le Conseil Constitutionnel à proclamer les vrais résultats sortis des urnes quels qu’ils soient…

En ce début de l’année 2025, malgré les moyens colossaux de l’Etat dont disposent les partisans du maintien du statu quo, RIEN ne me semble impossible au regard de la volonté de toutes les couches sociales de notre pays de se soustraire de cette souffrance et cet asservissement imposés depuis plusieurs décennies.

Le poète Alphonse de Lamartine s’était demandé si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens et l'immensité du résultat ne doivent pas être les trois mesures du génie de l'homme. Je pense que si !

Il revient donc aux forces du changement de faire preuve de génie en utilisant de tous petits moyens pour réaliser l’immense dessein du Peuple camerounais qu’est une vraie alternance à la tête de l’Etat, synonyme d’une réelle indépendance du Cameroun.

Auteur: Abdouraman Hamadou Babba