Nettoyage et casses : Tsimi evouna rassure et embellit

Wed, 9 Sep 2015 Source: Loïc Ahanda

Il avait d’abord commencé par libérer les marécages qui servaient depuis belle lurette d’habitation, étouffant les cours d’eaux et, aux premières pluies, c’était les inondations et la circulation était interrompue pendant des jours. Nous avons souvent assisté aux spectacles désopilants à Nkolbisson où des maisons étaient envahies par les eaux.

Dès que vous étouffez un cours d’eau dès les premières pluies, il retrouve son lit initial au détriment des habitations. Récemment à Nkolbisson, on a assisté à des spectacles où les riverains étaient bloqués dans leurs maisons envahies par les eaux et incapables de pouvoir rejoindre la route principale.

Incivisme notoire

Le phénomène est surtout accentué par l’incivisme des populations qui utilisent les drains comme lieux d’habitation où, à défaut, ils versent les ordures ménagères et tant pis pour les voisins en aval. Tsimi Evouna a donc décidé de passer à la vitesse supérieure en déguerpissant tous les occupants des marécages (Mvog Ada, Nkolbisson, Ekounou, Coron, Nsam, Obobogo, etc).

Les populations ont crié, gémi, pleuré, mais le super maire de Yaoundé est passé avec ses engins et ses gros bras. Alors que les populations étaient encore ébahies et hébétées, voilà que le même individu est revenu à la charge pour dégager les grandes artères, allant de quartier en quartier et modifiant les devantures des maisons, «qui avaient réussi à faire de petits». Le phénomène est surtout visible au niveau des devantures de bars, snacks, alimentations.

Faute d’espace, les tenanciers et les exploitants des débits de boissons trouvent moyen d’agrandir leurs locaux en prolongeant ceux-ci sur l’emprise de la voie publique au détriment de la sécurité de leurs consommateurs. Un accident est vite arrivé car on a souvent connu des cas où un camion se retrouve dans un bistrot ou un bar et causant des dégâts matériels et des pertes en vies humaines.

Décongestion

Pour une fois, les populations de Yaoundé ont favorablement accueilli cette énième initiative du délégué qui veut embellir la ville. ON ne fait pas d’omelette sans casser les oeufs. Les uns et les autres en appelant de tous leurs voeux à l’embellissement de la ville, doivent être prêts à faire des sacrifices.

Il est hors de question de transporter le village en ville, sinon, les villes camerounaises ne resteront que de vastes bidonvilles. Il existe un plan d’urbanisation de la ville de Yaoundé et le délégué est en train de créer des voies secondaires et parallèles pour éviter les engorgements dans les grands axes routiers de la capitale.

De plus en plus, à Yaoundé, on peut éviter les grandes artères et circuler dans les quartiers car, ces routes secondaires servent généralement de raccourcis et désengorgent les axes centraux. Jadis, vers les années 1970, Yaoundé regorgeait de ruisseaux (Akee, Mfoundi, Ewoe, Nkinda, etc.) et où on pouvait pêcher des poissons.

Aujourd’hui, à cause d’une urbanisation sauvage et désordonnée, certains de ces ruisseaux sont en tain de disparaître au profit des habitations dans ces zones dites à risques, donc dangereus es. Trouvez des marécages à Yaoundé devient un exploit car, il suffit de décider dans une zone marécageuse donnée, d’acheter plusieurs camions de terre et de gravats, de les déverser dessus pour avoir un terrain à vil prix.

Cependant malheur aux dégâts en cas de pluies et d’inondations, votre maison sera envahie par l’eau et vous serez en proie à toutes sortes de misères et de malheurs. La terre appartient certes aux premiers occupants, mais il faut reconnaître que les marécages et les lits des fleuves appartiennent au domaine privé de l’Etat camerounais.

Aucun citoyen ne peut s’y installer au risque de se faire déguerpir. Il convient également à l’Etat de prendre ses responsabilités et ne pas toujours attendre que les citoyens soient installés dans une zone à risques pour les déguerpir ensuite. Il faut adopter une politique de prévention, d’éducation. Rien ne sert de sévi si on ne peut pas prendre les dispositions préalables nécessaires.

Auteur: Loïc Ahanda