Alors que le Chef de l’Etat vient de procéder à un vaste réaménagement au sein de l’Armée camerounaise avec des redéploiements dans tous les secteurs, plusieurs observateurs font des constats selon lesquels aucune femme n’a été nommée à un poste de commandement.
Alors qu’une journée à leur dédiée vient de s’achever sous la Coordination de la Première Dame Chantal BIYA, la question des nominations à une haute fonction dans l’Armée reste encore une question « tabou » au sein de la grande muette. Loin de penser que cette question « tabou » concerne seulement les femmes, une introspection démontre également aujourd’hui le manque d’intérêt porté sur les magistrats militaires et les médecins militaires.
Ces derniers, partis prenantes dans son entièreté dans la riposte militaire sur le terrain des opérations sont parfois incompris du commandement. Le Chef de l’Etat avec une stratégie de réorganisation bien pensée à certes bien voulu dissocier la gestion des régions de santé militaire en nommant des responsables (Colonel-Médecin) à la tête mais est-il au courant que ce pôle de commandement est sur le terrain le parent pauvre des différents conflits qui minent actuellement le Cameroun. D’après plusieurs rapports militaires, les équipements détenus par plusieurs hôpitaux militaires régionaux ne sont parfois pas adaptés aux blessures infligés aux soldats sur le terrain d’où la mise en service dans l’urgence d’un MA60 pour le transport des troupes blessés le plus souvent ainsi que du matériel.
Avec exemple à l’appui, la revendication venant de plusieurs soldats qui veulent la dissociation du commandement médical à celui opérationnel, pourrait nous amener au cas qui fait aujourd’hui école à savoir « l’affaire Woumessi Jude ». Dans un rapport adressé au Chef des Armées, le comportement du soldat délictueux avait noté son passage dans une structure sanitaire pour y suivre un traitement mais compte tenu de la pression qu’exerçait déjà son supérieur sur le terrain même le rapport sur son état de santé ne l’a pas protégé.
Alors que dans ce cas précis, les observations et recommandations du médecin devait pencher pour la continuité du suivi avant de le rendre à son contingent.
Si le commandement médical était coordonné par un General qui a équivalence sur un autre commandant un autre corps spécial et si lorsqu’un soldat est admis à l’infirmerie pour y suivre des soins et que son indisponibilité était actée par ce corps spécialisé afin de le rendre dès que possible à son unité, plusieurs frustrations seraient estompées.
Parlant ensuite des Magistrats Militaires qui, eux, sont un point central dans l’affirmation du Cameroun dans le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international prescrit et d’application obligatoire par plusieurs pays membres de l’ONU, il est à noter qu’aucun General n’a jusqu’ici été nommé pour une coordination sans faille des services. Balloté entre les ordres venant du Ministère de la Justice et du Ministère de la Défense, ce corps spécialisé de l’Armée camerounaise a besoin d’une centralisation et d’une redéfinition. Aujourd’hui, plusieurs rapports déjà disponibles aux Nations Unies rapportent que l’Armée Camerounaise est empêtrée dans des violations du droit humanitaire international dans toutes les zones conflictogènes où l’armée à utiliser la force létale.
Si l’on s’en tient actuellement aux vives critiques venant de plusieurs rapports d’organisations de défenses des droits humains, le non-respect des principes de droit humanitaire international et du droit en général par les forces de défense et sécurité vient du fait que la hiérarchie militaire n’est constituée que d’hommes opérationnels pour le combat ; les principes de droit étant très loin de leurs préoccupations. Structurellement dans l’exécution des directives et d’ordres militaires c’est le CEMA (Chef d’Etat Major des Armées) qui organise l’opérationnalisation. Celui-là qu’on appelle le « Vrai Mindef » a rarement pris des décisions concernant la justice militaire pour rassurer sur le respect des principes de guerre ratifié par le Cameroun.
Dans le fonctionnement concret dans les armées les magistrats militaires effectuent au préalable la même formation militaire à la base comme tous bons officiers. A la différence des autres officiers, les magistrats se tiennent loin du front mais ont un impact assez important sur les retombées de la guerre ou des conflits lorsqu’ils existent ou encore sont garant de la haute discipline dans les armées car confrontés à plusieurs affaires concernant les forces de sécurité. Egalement, les magistrats militaires traitent de toutes les affaires impliquant l’utilisation d’une arme ayant directement causée un préjudice physique ou morale ou encore s’occupent de mettre sous coupe réglée des militaires qui ont choisi de déserter le front ou leur poste sans raison valable.
Aujourd’hui au Cameroun, il serait plus que nécessaire de mettre en coupe réglée ces deux corps spéciaux avec la nomination d’un Général par corps car confronté à une désorganisation qui voit se mêler désobéissance, jeux d’intérêt, corruption, etc. Les « exécuteurs » du droit dans l’armée voyant parfois plusieurs collègues libérer des braqueurs, délinquants, etc… et refuser de juger des militaires délictueux.
Stratégiquement si le Chef des Armées, le Président de la République, innovait en mettant à la tête de la justice militaire un Général, son impact direct sur l’exécution du droit dans l’armée réglerait profondément la discipline et les dérives. Par ricochet, sur les questions de respect du droit sur le théâtre des opérations, des réponses adéquats seront apportées à temps avant qu’une litanie de récriminations venant d’Ong ne salissent notre Armée. Affaire à suivre.