Je viens par la présente, remercier sincèrement ceux qui se sont inquiétés de mon absence sur ma page Facebook pendant quelques semaines. Je me trouvais, pour la 5ème fois, entre les mains de mes médecins en Inde qui me maintiennent, quasi artificiellement, en vie.
DES DIAGNOSTICS CONTROVERSÉS
J'en ai profité pour rencontrer ou prendre des nouvelles des personnes qui, suite à mes conseils bénévoles, se sont rendues dans ce pays pour soigner des maladies difficiles.
Sans vouloir jeter l'opprobre sur notre système de santé et sur nos médecins, quelques cas m'ont choqué:
- Une malade diabétique et hypertendue arrive dans un état grave car au pays, on n'arrive plus à contrôler sa tension qui dépasse régulièrement les 16. Les médecins camerounais lui annoncent, en plus, que son foie et ses reins sont dans un très mauvais état.
Après un diagnostic sérieux, les médecins indiens sont étonnés de constater qu'aussi bien pour la tension que pour le diabète, on lui administre depuis longtemps, trois fois la dose de médicaments nécessaires. Comment s'étonner que le foie et les reins soient autant attaqués ?
Un mois plus tard après les corrections nécessaires, cette dame était prête à affronter le pire des marathons.
- Un autre malade arrive avec ce diagnostic des médecins camerounais: léger AVC. Depuis des mois, il est sous médicaments au pays.
En Inde, le cardiologue est stupéfait: aucune trace d'AVC après de nombreux examens. Avant d'établir son diagnostic définitif, il exige l'avis de sa collègue neurologue car, pour lui, le patient n'a aucun problème cardiaque. La neurologue prescrit elle aussi, de nombreuses analyses.
A la fin, on découvre une maladie génétique et après 1 jour de traitement, le patient recommence à retrouver l'usage plus correct de ses membres et de sa parole.
Je pourrais citer plus d'exemples mais, le risque est grand de violer l'intimité des malades.
RIEN N'EST PERDU
Mais il faut qu'on se comprenne bien: partout dans le monde, des erreurs médicales existent. Tout le problème se situe au niveau de la proportion et le moins qu'on puisse en dire est que chez nous, c'est particulièrement grave.
Tout n'est pas si mauvais cependant:
- Un des malades victime du VIH conseillé par moi a vue la solution préconisée par les médecins camerounais qualifiée de "meilleure du monde" par les médecins indiens;
- Un autre, avec des problèmes de prostate a subi les mêmes examens qu'au pays avec les mêmes résultats à la clé: la différence tient juste au fait que les médecins indiens ont refusé l'opération en prescrivant juste un contrôle trimestriel car, selon eux, le cancer découvert ne peut être dangereux avant 10 ans.
- Enfin, un diabétique a vu le traitement prescrit par les médecins camerounais confirmé par les médecins indiens.
Ce que j'ai retenu de mes conversations avec tous ces malades, c'est le fait qu'ils disent tous que depuis le début de leur maladie, c'est en Inde qu'ils se sont sentis, pour la première fois, considérés par les praticiens: cela devrait servir de leçons à beaucoup.
LE BILAN
Depuis que je donne des conseils en privé aux malades qui sont dans une situation difficile et qui veulent voir ailleurs, sur une dizaine, le bilan est mitigé:
- Un décès de retour après opération, ce qui est rageant car il en aurait pu être autrement ;
- Un patient dans un état préoccupant qui, après intervention chirurgicale suite à un cancer de la prostate très agressif, est rentré au pays.
NB: Cette information pour les médecins: PSA 10 000 (comment est ce possible ?) ramené à 185; moelle épinière touchée. Ça dépasse mon niveau.
- Tous les autres malades ayant suivi mes conseils sont très heureux et certains pensent même à prendre une seconde épouse ahahahah.
DES AFRICAINS RÉAGISSENT
J'ai remarqué, lors de ce séjour, une multiplication par 10 du nombre de malades Africains dans les hôpitaux indiens avec notamment, beaucoup de congolais de la RDC.
Au fil des échanges, j'en retiens 2 :
- Avec un très haut diplomate de la Rdc qui était tout aussi triste que moi devant cet "exil" médical.
- Mais j'ai été particulièrement CHOQUÉ après un échange avec un haut gradé de l'armée tchadienne venu se faire soigner. Il m'a expliqué que l'Etat tchadien était en négociation avec mon hôpital en Inde en vue d'installer le même au Tchad; avec les mêmes équipements.
Autrement dit, bientôt je n'aurai plus besoin d'aller aussi loin, mais juste traverser le lac Tchad pour mes soins.
Mais en attendant, combien de milliards nous, Camerounais, dépensons par an pour nous faire soigner en Inde et ailleurs ? Que fait notre gouvernement ?
PENDANT CE TEMPS, QUE FAISONS-NOUS ?
- Au lieu de permettre un débat d'idées serein autour de la prochaine présidentielle, certains veulent nous imposer le choix d'un grabataire âgé de 93 ans pour faire face, pendant 7 années, aux nombreux défis qui nous attendent dans ce monde en pleine mutation.
- Toute une partie de notre jeunesse oublie l'essentiel pour défendre un homme qui pourchasse "à l'international", les jupons d'une dame dont le crime est de ne pas partager les mêmes opinions que lui.
- Nous sommes la risée du monde lorsqu'on apprend, par exemple, que celui qui a représenté le Chef de l'Etat aux obsèques du pape est celui que nous connaissons tous bien.
Qu'on élise Paul Biya et après chacun verra à quel point l'odeur des cadavres dominera l'air dans ce pays et cela, pour des siècles et des siècles.