Où est passé le Général de Brigade Martin Tumenta Chomu

Sun, 15 Nov 2015 Source: Michel Michaut Moussala

La Minusca est en proie à une vague d’insécurité. Un Casque bleu camerounais de cette opération de l’Onu vient d’être tué à la suite d’une flambée de violence au camp des déplacés de la ville de Batangafo. Ceci en l’absence du Commandant de cette force qui est encore secoué par des affaires d’abus sexuels et de trafic de pierres précieuses.

I- Flambée de la violence et de l’indiscipline

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) est encore secouée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’actualité sur les casques bleus positionnés en République centrafricaine est explosive. L’absence inexplicable du Commandant des forces de l’Onu, le Général camerounais Martin Tumenta Chumo serait le catalyseur de cette situation.

Le 11 novembre 2015, «Les membres du Conseil de sécurité condamnent dans les termes les plus énergiques l’attaque d’un poste de contrôle de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine», a déclaré Matthew Rycroft Président du Conseil de sécurité.

En effet, le mardi 10 novembre 2015, il est survenu une flambée de violence au camp de personnes déplacées de la ville de Batangafo, qui ont provoqué la mort de plusieurs personnes dont un Casque bleu Camerounais de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca). Selon des informations, le soldat a été enlevé à la suite de cette attaque avant d’être retrouvé mort dans ce quartier.

Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leurs sincères condoléances et leur sympathie à la famille du soldat de la paix décédé et au Gouvernement camerounais, ainsi qu’aux autorités de transition et au peuple de la République centrafricaine, et à la Minusca.

Les membres du Conseil ont souligné que les attaques visant des soldats de la paix peuvent constituer un crime de guerre et rappellent à l’ensemble des parties les obligations que leur impose le droit international humanitaire.

Ils ont demandé aux autorités de la République centrafricaine d’enquêter rapidement sur cette attaque, avec l’aide de la Minusca, et d’en traduire les auteurs en justice. Parce qu’ils sont déterminés à voir les responsables de cette attaque amenés à répondre de leurs actes.

Le 26 octobre à Bangui, quelques jours plus tôt, une délégation de l'Union pour la paix en Centrafrique (Upc, ex-Seleka) en provenance de Bambari avait été apparemment attaquée par des éléments inconnus dans le huitième arrondissement de Bangui. L’un des délégués avait été sérieusement blessé. Le sort d'au moins trois autres délégués de cette organisation qui étaient introuvables, a fait l’objet des investigations.

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu pour la République centrafricaine, Parfait Onanga-Anyanga a pour sa part condamné fermement le recours à la violence pour régler toute sorte de divergence. Non sans appeler à plus de retenue afin que les événements malheureux de ces derniers jours ne se transforment en un drame plus grand qui pourrait entraîner davantage de pertes de vie et des dégâts matériels et faire reculer la paix.

Une flambée de violence qui se déroule pendant que le Commandant en chef des forces de la Minusca, le Général Martin Tumenta Chumo est porté disparu depuis plusieurs semaines. Une situation qui anime les conversations au sein des troupes de la Minusca qui compte entre 9 000 (officiellement) et 12 000 hommes.

Une absence sur laquelle personne ne fait officiellement allusion, mais qui laisse dubitatifs les différents commandants des pays qui ont déployé des troupes dans cette mission onusienne de maintien de la paix. Surtout en ce moment où des soupçons de scandale sexuel et de trafic de pierres précieuses font grand bruit.

II- Vers un incident diplomatique

Des allégations font état des cas d’abus et d’exploitation sexuels qui auraient été commis par certains des éléments de la Minusca. Au point où le mercredi 11 novembre 2015, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine, Parfait Onanga-Anyanga a dépêché depuis hier, le jeudi 12 novembre 2015 une équipe multidisciplinaire, «pour enquêter sur ces faits, sensibiliser les troupes impliquées et prendre immédiatement des mesures préventives et disciplinaires.»

Il a par ailleurs, sévèrement condamné ces allégations et réitéré sa détermination de voir la justice se pencher sur chaque cas et que des mesures rapides et appropriées soient prises au cas où ces allégations étaient avérées. Pour le respect de la procédure, le Commandant de la Force fait partie de cette équipe. Malheureusement, il n’est pas présent sur le sol centrafricain depuis des semaines.

Certaines indiscrétions font même état de ce qu’à la prise de fonction du Gabonais Parfait Onanga-Anyanga, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine, il avait brillé par son absence.

C’est un sérieux problème au sein de la Minusca et pour Parfait Onanga-Anyanga de savoir que le Commandant des forces est loin du théâtre des opérations en période chaude qui est caractérisée par la montée des violences et des comportements d’indiscipline qui peuvent ternir l’image noble des Casques bleus.

Une descente à l’hôtel Rufia en Rca où il a installé son Qg, confirme son absence. Des indiscrétions font état de ce qu’il serait parti de la Rca officiellement pour les Etats-Unis pour des raisons de santé. Il serait allé suivre des soins plus poussés car son état de santé serait inquiétant. Selon certaines sources de la Minusca, si c’était un militaire de rang, on aurait qualifié cette absence de désertion.

Parce que dans le jargon militaire, la désertion se constate à l’appel. Ce qui a été le cas lorsque son chef hiérarchique, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine a pris fonction. Certains arguent même que, même si c’était le cas, son absence devrait être limitée dans une durée bien déterminée.

A y bien voir cette durée est largement dépassée. «Même en cas d’absence, le militaire doit bénéficier de l’ordre de sa hiérarchie et doit toujours se tenir à disposition au cas où les urgences recommandent qu’il soit rappelé», confie une source militaire. C’est certainement la raisons pour laquelle, il fait partie de l’équipe multidisciplinaire chargée de mener l’enquête sur les abus sexuels.

En cas d’absence, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine Parfait Onanga-Anyanga qui n’a pas eu le loisir de faire sa connaissance fera alors un compte-rendu de «désertion» au Secrétaire général de l’Onu pour que toutes les conséquences soient tirées.

Informé, le Président de la République du Cameroun serait dans tous ses états. Parce que le Cameroun frôle là un incident diplomatique. Ce d’autant plus que si la désertion était avérée, «une désertion en temps de guerre, mériterait d’être traduite devant la cour martiale. Et le secrétaire général de l’Onu devrait le démissionner, le renvoyer immédiatement dans son pays et le remplacer le plus tôt.»

Car l’absence du commandant des forces onusiennes de maintien de la paix peut profiter à l’ennemi. Ce qui explique que jusqu’à ce jour l’information est maintenue «top secrète». Les signaux ont été donnés avec son absence à la cérémonie de décoration et de promotion aux grades supérieurs des éléments du bataillon camerounais de la Minusca.

Une cérémonie présidée le 15 septembre 2015 par le Commandant du Secteur Ouest de la Minusca, le Général de Brigade Evariste Murenzi, au nom du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Chef de la Minusca, le Général Babacar Gaye démissionnaire. A ses côtés on pouvait reconnaitre les chefs des bureaux régionaux de la Minusca à Bouar et à Bossangoa, Mme Yasmine Thiam, et Mathias Leitner, ainsi que de nombreux observateurs militaires.

Le Lieutenant-colonel Guillaume Remi Kinvy Ngade, en sa qualité de commandant le bataillon camerounais de la Minusca qui compte 1 260 hommes et femmes a présenté le bilan de cette coopération. Soit à l’époque, un mort et deux blessés. Le défilé militaire qui avait auréolé la cérémonie était placé sous le commandement du Lieutenant de vaisseau Fouda Ngobo.

III- Affairisme

S’il est vrai que son état de santé est sérieusement instable, il reste que sur lui il pèsent plusieurs chefs d’accusation. C’est le président de la Transition, Mme Catherine Samba Panza qui est montée au créneau les mois derniers pour déclarer que «le dispositif de l’opération française Sangaris qui a officiellement quitté la Rca pour laisser place à la force onusienne est plus efficace que la Minusca».

Une bourde qui a tout son pesant d’or dans l’enjeu de cette transition qui va allégrement être un échec. Par la suite, on lui reproche d’avoir été trop inféodé aux autorités militaires françaises depuis la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) qui était placée sous l’égide de l’Union africaine.

Conséquence, ce brillant militaire dont ne tarit pas d’éloges mais qui est aussi un grand affairiste, aurait vite fait de s’investir dans le trafic des pierres précieuses (diamant, or et autres richesses) du sous-sol Centrafricain. Il fait l’objet d’une enquête de l’Onu.

C’est une lapalissade de dire que depuis l’entrée en guerre des soldats français en République centrafricaine, officiellement pour mettre fin aux massacres des populations civiles par les milices armées, le pillage des richesses du sous-sol centrafricain serait bien la priorité de l’agenda humanitaire des militaires étrangers.

Ce qui fait aujourd’hui, du Général Tumenta Chumo, un richissime militaire. Qui était le protégé de l’ex-Mindef dont il aurait confié à certains proches qu’il a chèrement payé (il se susurre que cela avoisinerait le milliard de Fcfa pour être envoyé et maintenu en Centrafrique après avoir dirigé l’opération Delta à Bakassi).

Le mouvement d’humeur des militaires camerounais revenus de la Minusca en septembre dernier sans qu’il ne se prononce en était un indicateur. Sous cape, il se dit que c’est son absence et sa complicité avec les autres qui a causé ce non-paiement. On se souvient que lorsqu’il dirigeait l’opération Delta à Limbé, son enrichissement était très inquiétant. Les institutions financières avaient relevé qu‘il faisait d’énormes transferts d’argent vers les Etats-Unis à partir de l’ex-coopérative Fiffa.

Portrait : Le Général de Brigade Martin Tumenta Chomu

Qui est l’homme qui serait en train de décevoir les espoirs portés sur lui par le président de la République Paul Biya ?

Le Commandant de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (Minusca) depuis le 15 septembre 2014 était auparavant le Commandant de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) du 19 décembre 2013 au 15 septembre 2014. Le Général de brigade Martin Tumenta Chomu est diplômé d’État-major aux États-Unis (Ft. Levenworth) et de l’École militaire interarmées (EMIA).

Breveté de l’École de guerre en France, de l’École de maintien de la paix d’Egypte, il est également instructeur parachutiste et instructeur commando Pathfinder. Ce fils originaire de la région du Nord-Ouest a été la vedette de la célébration du cinquantenaire des Armées à Bamenda en décembre 2010.

Plein d’énergie, Tumenta Martin a su mettre fin au carnage des éléphants dans le parc de Bouba Ndjidda dans la région du Nord du Cameroun. Cet homme de terrain avec tact a mis un terme au phénomène des coupeurs de routes qui a sévi dans les régions septentrionales.

Né en 1954, Martin Tumenta Chomu, a aussi brillamment dirigé le commandement de l’opération Delta de 2001 à 2005. Cet officier général dont tout le monde s’accorde à dire qu’il a multiplié des actes de bravoure dans toutes ses responsabilités et dans toutes ses missions n’est pourtant pas arrivé à mener à bien la Misca et la Minusca qui sont deux hautes missions qui témoignaient d’une part, de la confiance du chef de l’Etat Paul Biya, et d’autre part, de celle du Secrétaire général de l’Onu Ban-ki-Moon.

Pourtant à son arrivée, les groupes rebelles qui faisaient la pluie et le beau temps en République centrafricaine étaient avertis de ce que rien ne résiste à ce militaire dont les lunettes noires cachent toujours les pensées, le regard et les émotions. Mais aujourd’hui, il est difficile de lui dresser des lauriers tissés dans les missions qu’il a menées avec brio au Cameroun.

Même son mandat de six mois renouvelable l’avait été par deux et qu’il a même été promu avec son passage de Commandant des forces de la Misca composée de 3652 hommes (militaires, policiers et civils) provenant du Cameroun, du Congo, du Gabon et du Tchad.

Pour le commandement des forces de la Minusca composée de 9000 à 12 000 hommes (militaires, policiers et civils) des pays africains et européens, il reste qu’il n’a pas pu pacifier la Rca. Car il avait la mission de contribuer à la protection des civils, à la réforme de l’armée centrafricaine et à la facilitation de la fourniture de l’aide humanitaire.

Et par la suite d’appuyer la mise en œuvre de la transition en Centrafrique, en veillant particulièrement à assurer l’intégrité du territoire. On en est loin du compte. Et pour cause ! Il se serait laissé dominer par les responsables de l’opération française Sangaris qui mènent, derrière la mission humanitaire, une exploitation sauvage du sous-sol centrafricain.

Ce qui a ouvert les vannes à un trafic sans pareil. Avec des cargos qui décollent faisant le plein d’œuf, alors que pendant ce temps, la transition coule allégrement. Le processus électoral est compromis, la violence continue avec les batailles entre groupes rivaux sur fonds d’intégrité religieuse. Un trafic où il se serait lui aussi investi avec le couvert de l’ex-Mindef.

BIOGRAPHIE

Formation militaire:

E. M.I.A: Promotion Jeunesse et Responsabilité;

E.T.A.P: (Ecole des Troupes Aéroportées) à Pau en France

Instructeur Parachutiste

Officier de la Livraison par air

E.M.I.A: 7°Stage de Commandant de Compagnie. Major de la Promotion

Israël/Tel Aviv: a) Instructeur Parachutiste - b) Chuteur Opérationnel

USA; Ft. Benning: a) Certificat d’Etat-Major

- b) Instructeur Commando Pathfinder

- c) Officier Train du Bataillon.

USA; Ft Leavenworth: Diplômé d’Etat-major (Commandant General Staff College)

USA; Florida: Forces Spéciales

France; Paris; Brevet de l’Ecole de Guerre de la 7° Promotion CID

Egypte; Caire: Diplômé de l’Ecole de Maintien de la Paix

Fonctions occupées

En 38 (Trente huit) ans de carrière, il a occupé les fonctions ci-après:

1977/1979: Chef de section de Combat : Groupement Aéroporté à Koutaba

1979/1980: Adjoint au Commandant de la 1ère Compagnie Parachutiste, Koutaba

1981/1984: Instructeur et chef de la Section des Elèves officiers de la

Promotion Bravoure et Persévérance de l’Emia

1984/1986: Commandant de la 1ère Compagnie de Parachutistes, Koutaba

1986/1988: Chef B2/B3 au Bataillon des Troupes Aéroportées, Koutaba

1988/1990: Chef d’Etat-major du Bta, Koutaba;

1990/1993: a) Chargé d’Etudes au Cabinet Mindef Yaoundé

- b) Chef des Opérations à Douala lors des « Villes mortes »

1993/1994: Chef du Bureau Formation à l’Emia

1995/1998: Commandant du Cefan, à Ngaoundal

1998/2000: Chef B3 à l’Etat-major de l’Armée de Terre, Yaoundé

2000/2001: Chef de la Division Plans à l’Etat-major des Armées

2001/Avril 2005 : Comdelta à Limbé

2005/2006: Adjoint Opérationnel à la Rmia3 Garoua

2006/2010: Chef d’Etat-major de la Rmia3 Garoua

2010/2011: Directeur des Ressources Humaines / Mindef

Depuis le 11 mars 2011: Commandant la Rmia3.

Avancement de grade

Sous-lieutenant le 16/07/1977

Lieutenant le 01/01/1980

Capitaine le 01/07/1984

Chef de Bataillon le 01/07/1990

Lieutenant-colonel le 01/07/1997

Colonel le 01/01/2000

Général de Brigade le 11 Mars 2011

Décorations

Force Publique

Chevalier de Mérite Camerounais

Officier de Mérite Camerounais

Commandeur de Mérite Camerounais

Chevalier de l’Ordre de la Valeur

Officier de l’Ordre de la Valeur

Commandeur de l’Ordre de la Valeur

Croix de la Valeur Militaire à l’Ordre des Armées

Grand cordon de l’Ordre du Mérite Camerounais.

Situation familiale

Marié et Père de 8 (huit) enfants.

Situation médicale (A l’époque)

Apte OPS (Opérationnel)

Auteur: Michel Michaut Moussala