Comment se taire lorsqu’on voit le danger sans cesse croissant que fait courir le régime actuel au Cameroun ? Sécession et partition du pays, par une horde de vendeurs d’illusions, insubordination dans l’armée, défiance des administrés à l’endroit de leurs hiérarchies ; Querelles byzantines des artistes ; Atteintes sans normes aux libertés…
Le peuple désemparé est prisonnier d'un psychodrame, tous les aspects de la vie sont remisés. Chacun pense que la République c’est l’affaire des autres. Les intellectuels, les hommes politiques, les artistes, s’attachent plus à leurs destins individuels, sans dépassement de soi.
Le Cameroun des années passées, plus précisément celui des années 70 et 80 était un pays prospère. Il avait un superbe réseau de chemins de fer (Trans camerounais), de bonnes routes. Ses villes étaient policées et propres. On y cultivait de tout. Les produits du sol faisaient son bonheur : café, cacao, bananes, palmier à huile.
Bases de l’alimentation, les légumes et tubercules poussaient en abondance et nourrissaient même les pays limitrophes. On y trouvait beaucoup de minerais : or, pétrole, bauxite, etc.
Les barrages d’Edéa et Songloulou avaient permis la création de plusieurs industries sidérurgiques et ont apporté l’électricité dans l’ensemble du territoire. Un vrai paradis !
Le début de l’asphyxie
Le Cameroun est couché en ce moment. Couché surtout, sur son moral et sur sa morale. Le nom d’un seul homme est attaché à ce désastre. Ou plutôt cette tragédie. Celui de Paul Biya. Contrairement à la réputation qu’il avait à ses débuts, le président camerounais n’a jamais été qu’un homme sans envergure. Il a apporté la tragédie à son pays. Désormais, il est fort décrié. Pourquoi le silence de bon nombre d’intellectuels pendant tant d’années ?
Depuis quelque temps déjà, l’ordre institutionnel au Cameroun n’est plus tout à fait lui-même. Les avis diffèrent sur le moment où il a commencé à perdre la boussole ; les historiens le fixeraient sans doute à 1984 (après le coup d’état manqué), les politiciens à 1991 (le multipartisme). Les Camerounais, adeptes du temps long, blâmeraient peut-être l’accession du président Biya au pouvoir en 1982, où selon eux l’autorité de l’Etat a disparu.
Il y a dans ce pays une morale bestiale dans laquelle un égotisme libertaire, domine les libertés fondamentales au nez et à la barbe d’un Etat démissionnaire. La grande gangrène qui décime au jour le jour la concorde nationale, garante de la paix, est : la médiocrité des comportements, la superficialité des lubies passagères, la jalousie et l’inaptitude à l’innovation.
Les penseurs du parti au pouvoir ont anesthésié la population, en lui faisant avaler cette bouillie intellectuelle, selon laquelle une promotion ne sourit qu’aux incapables, à ceux qui vendront leur âme à la servilité ; qu’à ceux qui offriront leur sexe en rançon. Ils ont concocté des principes d’une fausse liberté, à partir d’un fonds basé sur l’espionnage et la caricature. Ces poncifs lénifiants qu’ils n’avaient cessé de radoter, jusqu’à ce que leur erreur leur éclate à la figure. Ces gouvernants, tels une harde affolée, ils refluent vers leur nouvelle religion : Le nationalisme…
Si Biya avait eu le bon sens d’écouter son peuple, il aurait pu transformer le pays. Mais il a ignoré à quel point on lui a fait confiance. Il avait trop peur de sortir de la prison où il s’était lui-même enfermé -Armée et tribu- . Il ne côtoie que des copains et des coquins, gouverne selon des règles des visiteurs du soir tirés selon des critères qui lui sont propres. D’aucuns accusent Chantal, l’épouse de Biya, d’être responsable d’un apparent changement de personnalité. Cette « Mère de la nation » est une femme de réseaux, qui serait la plus riche du Cameroun, avec d’innombrables prête-noms.
Ca va finir dans la rue
L’insurrection anglophone, l’incivisme grandissant des acteurs publics, la destruction des symboles de l’Etat, sont le prélude de la fin de la nation camerounaise et annonciatrice des futures nuits de Cristal
L’Etat de droit n’a pas à accepter les excès violents, de certains artistes qui utilisent l’espace public pour déverser des insanités, portant atteinte à la pudeur. On ne peut plus tolérer l’intolérable en accordant une tribune aux journalistes qui jettent en pâture la vie privée de leurs concitoyens sur la place publique. On ne peut plus accepter qu’au nom de la nation entière, certains caciques s’arrogent le droit d’insulter des compatriotes sur les réseaux sociaux. On ne peut plus tolérer que des journalistes passibles de corruption et de recel de corruption viennent étaler leurs forfaits publiquement, sans que cela n’égratigne le ministère public…..
Et ce n’est pas en bordant les citoyens irrespectueux de ses lois que le régime actuel, va acheter la paix sociale. Bien au contraire, il ne fait que renforcer ces brebis galeuses dans toute leur-puissance, en leur octroyant une immunité juridique. L’Etat Au lieu de se monter ferme, intransigeant et vigilant, louvoie devant ces renégats. Par peur de ne pas se mettre un certain électorat à dos, le régime actuel accentue l’idéologie du laisser-faire, dont le dessein est détruire les fondements de de la société camerounaise.