Vincent Sosthène Fouda s'est prononcé sur la situation actuelle qui prévaut au Cameroun. Déguerpissement, expropriation, casses, etc., l'homme politique s'en mêle et ne laisse rien passer.
Voici l'intégralité de sa tribune.
Chaque événement qui frappe la conscience collective, qui touche l’émotion collective est une occasion d’interroger notre nous-commun. Comment il va? Comment il se construit? Se fissure-t-il? S’il est une plante nous nous demandons comment est le sol? A-t-il besoin d’eau ? Faut-il enrichir le sol?
Prenons trois idées pour le faire aujourd’hui avec les déguerpissements sauvages de Douala. Le fait de s’intéresser à la « construction de la nation » en tant qu’objectif laisse à désirer et ne peut aboutir que lorsque la condition préalable relative à la durabilité institutionnelle a été satisfaite ; nos institutions sont trop fragiles voire inexistantes. C’est normal, nous sommes un jeune pays mais c’est dangereux quand nous l’ignorons. Nous faisons semblant d’avoir mis tout en place en moins d’un siècle !
Deuxièmement, nous devons garder présents à l’esprit que pour parvenir à une construction efficace de la nation, nous devons l’envisager dans le cadre d’un système structuro-fonctionnel plus large d’action sociale et d’identité ; Nous devons mettre de l’humain dans ce que nous envisageons de faire, nous devons y introduire une dose de pédagogie dans la concertation.
Troisièmement, nous nous devons de nous habiller tant soit peu des concepts pratiques pour le développement de capacités institutionnelles efficaces dans la reconstruction de la structure gouvernementale, économique et culturelle de l’État et de la société. Quelles sont nos procédures et autres processus de gouvernance? Que portent nos partis politiques ? Nos différents systèmes électoraux sont-ils solides et compétitifs?
Comment nous prenons-nous pour le maintien de l’ordre ?
Comment structurons-nous notre sécurité? Quelles sont les règles constitutionnelles en matière de comportement et de responsabilités administratives. L’autre dimension concernerait la reconstruction d’institutions administratives essentielles, comme dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’agriculture, de l’environnement – qui, lorsqu’elles sont suffisamment prises en compte, ont plus de chances d’apporter la masse critique et les conditions nécessaires à la croissance et au développement économiques, social et environnemental.
C’est primordial si nous voulons nous exprimer comme peuple, comme Nation, comme pays. On ne casse pas, sans avoir une solution, on n’arrête pas si on n’a pas de maison d’arrêt pour etc etc.
Pour qui construisons-nous si nous nous donnons un tant de force pour chasser tout le monde y compris dans le subconscient de nos cosmogonies ! Si nous n’avons plus de cimetière pour nos morts, où irons-nous les consulter ? Si nous n’avons plus de bois sacré, où ferons-nous corps avec l’au-delà !