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Opération Epervier, le symbole de l'instrumentalisation de la justice camerounaise

Opération Epervier Instrumentalisation Justice Les juges du Tribunal Spécial Criminel de Yaoundé

Ven., 16 Mars 2018 Source: Michel Biem Tong

Que les Camerounais arrêtent d’être naïfs. Depuis 35 ans, c’est une vérité de Lapalisse que le Cameroun est dirigé par un « SS » (« sans sentiment ») comme on dit vulgairement au Cameroun, un dictateur cynique, paranoïaque et impitoyable dont le pouvoir repose sur la terreur et la corruption matérielle et morale. Croire que du jour au lendemain, Paul Biya s’est revêtu de la peau d’un ange en jetant en prison pour « corruption » ceux qu’il a fait ministre, recteur ou Dg de société à travers son décret c’est se payer la gueule des Camerounais.

C’est pourquoi en tant que journaliste qui traite des questions des droits humains, je ne cesserai jamais d’apporter mon soutien à ceux de ses anciens collaborateurs qui, au mépris de la présomption d’innocence et du droit à un procès équitable, sont jetés en prison après des services rendus à la Nation. Je ne cesserai jamais de dénoncer l’instrumentalisation par Paul Biya de la justice à des fins de règlements de compte politiques. Revêtir tout ceci des habits blancs d’opération d’assainissement des mœurs publiques c’est cynique et du vrai foutage de gueule.

Si l’on admet que tous ces gens en prison ou alors qui sont en passe d’y être jetés ont été de mauvais managers, qu’ils ne se souciaient pas du peuple, à qui la faute si ce n’est à celui qui les a nommé et dont il ne contrôle pas la gestion en présidant des conseils ministériels de façon hebdomadaire comme ça se fait dans des pays qui se respectent ? Dans un système présidentialiste comme celui du Cameroun, blâmer un ministre, un Dg de société c’est se tromper de cible, c’est ne rien comprendre au fonctionnement du système politique camerounais car le principal responsable c’est le président de la République qui au Cameroun concentre tous les pouvoirs.

C’est pourquoi je ne cesserai jamais de dire qu’en matière de détournement de deniers publics, les ministres et autres détenteurs d’un porte-feuille ministériel ne représentent rien en terme de détournements de fonds car ceux qui détournent véritablement l’argent public au Cameroun le font au profit d’abord de la France qui maintient Paul Biya au pouvoir puis au profit de Paul Biya et de sa famille qui veulent confisquer le pouvoir ad vitam éternaem.

Je classe les victime² de l’Opération Epervier en 2 catégories : -De parfaits innocents qui payent le prix de leur compétence, de leur intégrité, des qualités qui ont heurté des intérêts mafieux de Paul Biya ou de certains membres de son clan ; -des personnes sur qui pèsent de gros soupçons de malversations financières mais qui ont eu la malchance d’en savoir un peu trop sur certains secrets du prince. Voilà la logique de cette purge politique à la Staline : « éliminer des têtes qui dérangent ».

Autant les Camerounais ont le droit de dire que tel ministre est voleur, autant ils doivent s’armer de courage et se demander comment Paul Biya fait pour se retrouver parmi les 10 chefs d’Etat les plus fortunés d’Afrique avec une fortune de 200 millions de dollars, soit 130 milliards de F CFA ? D’où provient cet argent si ce n’est de ceux qu’il a nommé à certains postes de responsabilité mais qu’il jette à la vindicte populaire aujourd’hui, eux qui croyaient pourtant « obéir aux instructions de la hierarchie » ? Franchement, posons-nous de vraies questions !

Auteur: Michel Biem Tong