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Opération Épervier: Qu'est-ce qui n'a pas marché ?

Armand Okol Le journaliste Armand Okol

Tue, 2 Aug 2016 Source: Armand Okol

Dire qu’il y’a du beau monde dans les prisons Camerounaises n’est qu’une vérité de lapalisse. Au propre comme au figuré ça grouille de monde. Et mention spéciale dans les deux capitales Douala et Yaoundé. Surpopulation carcérale tous azimuts au menu, mais aussi pléthore d’anciennes pontes du régime: un premier ministre, trois moins un secrétaires généraux de la présidence de la république, des ministres d’états, des ministres et ministres délégués, directeurs généraux d’entreprises publiques et parapubliques, des membres du bureau politique et du comité central du Parti-État au pouvoir, etc et les “no name” prisonniers. Non pas que je crache sur ces derniers, tout au contraire, mais la première catégorie m’intéresse pour cette fois. J’y reviendrais pour les autres, parole de moi-même.

Parlons donc de ces apparatchiks du pouvoir actuellement au gnouf. Cette fois je ne dirais pas anciens pour deux raisons au moins: d’abord parce que l’un de ces barons du régime avait déjoué tous les pronostics en y séjournant pendant 24h seulement puis était allé sereinement retrouver son douillet fauteuil de ministre le lendemain; ensuite parce que l’une d’elle y est resté pendant assez longtemps mais si tôt en liberté avais été chargée d’aller battre campagne pour leur parti politique et leur champion (il se pourrait que ce soit le grand qualificatif de leur créateur). Dès lors, et sauf à connaître la visite cruelle de la mort pendant le séjour dans le bagne (sort hélas qu’ont subi certains), l’espoir quelque peu mince c’est vrai, reste tout de même permis. Sans doute la raison pour laquelle ils sont essentiellement logés là-bas dans les quartiers et carrés VIP, question d’éviter de trop les abîmer au cas où…

D’ailleurs c’est certainement cet aménagement des conditions de détention (pas si fameux que ça mais un véritable paradis en comparaison à la situation de leurs voisins) qui leur offre la possibilité de mener une activité épistolaire, aidé en cela par : le bagage intellectuel, l’intelligence même, le parcours professionnel, l’expérience, la richesse des anecdotes, mais aussi et surtout la confiance autrefois du détenteur du pouvoir discrétionnaire qui un jour (de bénédiction ou de malédiction c’est selon) a fait d’eux des hommes du pouvoir.

Le mot est lâché : la confiance du chef… celui de l’État sentant. La question que je me suis souvent posé est celle de savoir: comment comprendre que nombre d’anciens proches collaborateurs du grand manitou soient derrière les barreaux pour la plupart pour détournement, tentative de détournement, complicité de détournement, co-action de détournement, fautes de gestion, bref tous ces qualificatifs machin chouette qui chez nous au sous quartier renvoient tous et tout simplement au VOL de l’argent du contribuable? J’ai cogité sur cette question sous différents contours en vain, sans pouvoir déboucher sur une réponse qui puisse me donner un minimum de satisfaction.

Même pas l’argument (fallacieux, ça m’engage) que les avocats-défenseurs invétérés du baron central ont souvent brandis à savoir que lui le chef est bon mais son entourage est mauvais. Au contraire dans mon esprit, pareille explication condamne d’avantage le grand boss. Pour ne même pas dire que déclarer péremptoirement qu’il est l’agneau au milieu des loups fait en quelque sorte de lui le responsable en chef du dérèglement de son système.

Car non seulement c’est à lui que le peuple à confié sans intermédiaire aucun une partie de son pouvoir (via le vote populaire), mais aussi parce que la formule nous enseigne que qui peut le plus peut le moins. D’ailleurs à mon humble avis, si sur sept milliards d’individus vivant dans cette planète terre, environ 200 d’entre eux seulement ont le privilège de présider aux destinées de leurs nations, c’est dire que la fonction dont il est question ici est en quelque sorte une vocation qui bénéficie sans doute aussi des bienfaits du destin. Ceci dit, je refuse de croire qu’un Président de la République/Chef de l’État soit capable de se faire berner des années et des années durant sur les choix et castings des collaborateurs sur qui il jette le dévolu pour exécuter son programme de société. Pour ma part donc, ce précieux POUVOIR DISCRÉTIONNAIRE est le bâton de commandement qui ne doit pas seulement servir à créer les créatures mais à esquiver, échapper, anticiper, contourner, dompter, se prémunir, éviter tous les pièges et obstacles.

Bref cette personne qui ne saurait être considérée comme ordinaire et donc, qui ne saurait se tromper, se fatiguer, s’absenter pendant longtemps de son centre de commandement, se “bunkeriser”. Tout un gouvernement en prison et mieux que ça d’ailleurs, ne devrait donc pas apparaître comme un pays serein qui affiche 37 degrés de température à l’ombre, mais plutôt comme cet État marqué par de graves changements climatiques ayant déréglé l’atmosphère et même le thermomètre. Du coup une véritable autopsie s’avère à la fois nécessaire et indispensable. Alors je repose la question : QU’EST CE QUI N’A PAS MARCHÉ?

Auteur: Armand Okol