PMUC décidée à broyer les Camerounais

Mon, 11 Jan 2016 Source: Davis Serge BEHEL

Des gagnants qui ne toucheront pas leur gain, des employés proprement virés sur des sautes d’humeur des patrons. Des avocats en ordre de bataille pour le PMUC, le pari mutuel urbain… Corse.

Le détail aurait pu passer inaperçu, cette histoire d’un parieur du PMUC qui n’a jamais pu se faire payer son gain. Il avait gagné un quinté dans l’ordre en 2011, nous sommes bientôt en 2016, la maffia corse installée à Akwa, à un pas de la cathédrale, a décidé qu’il ne sera pas payé. Motif évoqué : le billet est arrivé en retard. Par la faute de qui ? Pas par la faute du parieur en tout cas.

Épinglés Par Ateba Eyéné Pour Le cas DOUMBé Tocko

Dans la deuxième édition du livre de feu Ateba Eyéné, « Le Cameroun sous la dictature des loges des sectes magico-anal et des réseaux maffieux », parue en 2012, les filouteries du PMUC avaient fait l’objet de tout un chapitre. On ne l’a pas lu, certainement parce qu’il était perdu sous une montagne de révélations plus fracassantes les unes que les autres. Le chapitre avait quelque chose de pétrifiant

« Le Pari Mutuel urbain camerounais (PMUC) et L’esprit de filouterie ».

Quelques lignes résument le malheur d’un parieur de Douala, un certain Daniel DOUMBé TocKo qui, après avoir gagné 70 millions suite à un jeu à 2011, est aujourd’hui devant les tribunaux avec le PMUC. » Et ça dure depuis cinq ans et ce n’est pas demain que le pauvre parieur rentrera en possession de sons gain. On a pu ranger la révélation au registre des farces de l’auteur prolifique qui a tiré sa révérence, mais pour le cas de ce parieur malheureux qui était allé chercher fortune dans les kiosques du PMUC, les corses de la filière camerounaise ont décidé qu’il n’aura pas un centime. Et, pour s’assurer qu’il n’aura rien du tout, on a usé d’un autre tour de malins: ils ont pris possession de l’original du ticket gagnant et ont remis une photocopie en échange au parieur, comme pour le rassurer.

Personne ne reverra plus la couleur de l’original du ticket en question. C’était plutôt bien joué. Dans une requête aux fins de restitution du ticket gagnant initiée par l’avocat Ngallé-Miano, les magistrats de Douala saisis se sont tous heurtés à des refus catégoriques. Pour comprendre que le PMUC peut être plus puissant que la Justice de l’état.

Chronique d’une folle histoire

L’histoire du parieur malheureux est pourtant simple, telle qu’il la relate au cours de l’enquête policière enclenchée sur une plainte déposée par le sieur Tocko à la Légion de Gendarmerie de la ville de Douala : « Je joue au PMUC depuis plus de douze ans. Partout où je trouve des guichets PMUC, je valide mes jeux. Je me suis déplacé le 23 septembre 2011 pour aller à Dibombari pour la tenue de palabre de la chefferie du village Miyougou-Bakoko vers 11 heures. Cette réunion s’est terminée vers 16 heures. J’ai donc repris la route pour Douala, je suis arrivé au carrefour Bomono à 18 heures. J’ai trouvé un kiosque PMUC ouvert puisque la course se déroulait en nocturne. Je suis descendu du véhicule et j’ai validé cinq jeux d’une valeur de 2000 francs, quatre jeux de 400 francs chacun. J’ai pris mes tickets et je me suis rendu à Douala. Deux jours après, vers 9 heures, j’ai envoyé quelqu’un au kiosque pour me prendre le journal du lundi 26septembre 2011 pour prendre connaissance des rapports de la course.

Je me suis aperçu que sur le ticket portant trois jeux, l’un avait gagné le quinté dans l’ordre »… et le malheureux témoin de poursuivre, devant l’officier de police judiciaire de la gendarmerie : « Je me suis rendu à la caisse du PMUC le lundi 26 septembre vers 11h :45 en compagnie de mon épouse et de mon premier fils, car j’avais peur des agresseurs et compte tenu que le montant que j’avais gagné était de 70 millions 600 mille francs. Arrivé au guichet au PMUC Akwa, j’ai présenté mon ticket à la dame du guichet qui m’a tout de suite répondu qu’elle ne voyait pas mon ticket le numéro de mon ticket dans le document en sa possession ». Au bout d’un long cinéma, des disparitions dans les bureaux ou dans les toilettes, on finit par dire à NDOUMBé TocKo que le PMUC va diligenter des enquêtes et que, si à l’issue de ces enquêtes qu’on va confier à la gendarmerie, et que si le ministère demande qu’il soit payé, on va le payer. Et que, autrement, il pourrait aller se faire voir. Le corse « blanc » qui l’a reçu au PMUC savait bien qu’on l’aura à l’usure. Ne serait-ce qu’avec des procédures judiciaires sans fin.

On en revient au jeu trouble mis en scène par le PMUC au Cameroun. Depuis un moment, c’est officiel, on a mis des sommes astronomiques en jeu pour appâter les parieurs, alors qu’il n’y avait pas de cagnotte. Souvent, lorsqu’il arrive qu’un parieur ait la main heureuse et remporte toute la cagnotte, on lui trouve d’autres gagnants dans l’ordre pour qu’il en soit à partager les millions mis en jeu. Conséquence, à l’arrivée, chaque gagnant se retrouve avec deux ou trois millions, ils sont donc au final trente ou quarante à avoir trouvé l’ordre. Ce qui est impossible, lorsqu’on manipule des grandes masses.

Auteur: Davis Serge BEHEL