Parfait Siki, le prisonnier d’Eto’o : voici les nouvelles du Tribunal de Première Instance de Yaoundé

Parfait Siki et ses conseils sont en proie au système judiciaire kafkaïen camerounais

Tue, 7 Feb 2023 Source: Boris Bertolt

Depuis le 2 novembre 2022, après huit jours de garde à vue abusive à la Police judiciaire puis au Commissariat central de Yaoundé, le journaliste Parfait Nicolas Siki, ancien secrétaire général de la FECAFOOT, a été placé en détention provisoire à la prison de Kondengui par le juge d’instruction Bernard Clovis Choup Saah. Le directeur de publication de l’hebdo Info+ est accusé de « rétention sans droit de document administratif dans l’intention de le falsifier. » En fait, Samuel Eto’o demande à l’ancien secrétaire général de la FECAFOOT l’original du Procès-verbal d’un Comité Exécutif prétendument tenu le 11 décembre 2022 et qui n’a en vérité jamais eu lieu.

Depuis trois mois donc, Parfait Siki et ses conseils sont en proie au système judiciaire kafkaïen camerounais. Après son placement sous mandat de dépôt, et dès le lendemain, le juge d’instruction Bernard Clovis Choup Saah s’est octroyé un mois et demi de congé. A son retour, il a trouvé sur sa table une demande de mise en liberté provisoire introduite par les conseils de Parfait Siki. Cette demande avait toutes les raisons d’aboutir au regard de dispositions du Code de procédure pénale qui n’autorise de détention que pour des cas de flagrant délit ou de crime. Or ce qui est reproché à Parfait Siki est une infraction d’une peine maximale de six mois d’emprisonnement et comparaître libre est la règle pour ce type d’infraction.

De plus, Parfait Siki justifie d’un domicile connu et dirige un journal, toutes choses qui lui permettent de répondre aux accusations en jouissant de sa liberté.

Déposée le 8 décembre 2022 au Tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif, cette demande n’a jamais connu de réponse. Le 11 janvier 2023, les conseils ont envoyé une lettre de relance du président du TPI sans plus de succès.

Le juge d’instruction Bernard Clovis Choup Saah semble avoir décidé de garder Parfait Siki en prison aussi longtemps que le commanditaire le voudra. En effet rien ne justifie que trois mois plus tard, il n’ait ni clôturé l’information judiciaire ni répondu à la demande de mise en liberté provisoire.

Il existe encore des individus dans le système gouvernant qui pensent qu’ils peuvent user de leur pouvoir pour commettre l’arbitraire. Les journalistes semblent être une cible de choix. Mais les choses sont en train de bouger.

Auteur: Boris Bertolt