Adepte du franc-parler et connu pour ses prises de positions affirmées contre Paul Biya et son système, l'écrivain camerounais Patrice Nganang a encore frappé. Dans une nouvelle publication sur Facebook, il clashe aussi violemment l'artiste chanteur Valséro, le politologue et universitaire Mathias Eric Owona Nguini et l'écrivain Achille Mbembe. Sans s'arrêter-là, il dévoile aussi ceux qui ont manipulé John Fru Ndi à négocier avec Paul Biya. Ci-dessous, lire l'intégralité de sa publication.
CE QUE J'AI REMARQUÉ AVEC LES FRANCOPHONES
1. Ils disent vouloir le changement, mais dès qu'une crise commence, un échange verbeux qui veut mettre à nu la vérité, ils pissent dans leur caleçon et s'empressent d'éteindre le feu. Au mieux ils mentionnent le Rwanda et demandent de mettre un terme à ce qui commence-la. Je pense ici au père Lado demandant de cesser le feu dans mon échange avec Owona Nguini en 2014, à cause... du Rwanda. J'aimerai bien savoir ce que ce prélat pense de sa sortie aujourd'hui. J'ai vu cela aussi dans la sortie de Valsero demandant à Boris Bertolt de se taire devant l'imposture.
2. Ils sont progressistes par positionnement mais conservateurs par reflexe. Dès qu'une crise commence ils sortent des sissonghos et donnent des conseils a Biya sur comment faire pour régler vite la crise-la. Ils lui donnent une feuille de route avec des points précis, et cela sans que le tyran demande même leur avis, o. Je pense ici à Achille Mbembe écrivant un long texte pour dire à Paul Biya ce qu'il faut faire pour régler la crise anglophone. J'imagine ici Frantz Fanon écrivant un texte au président français pour lui expliquer commencé faire pour régler la crise algérienne, afin qu'elle ne devienne pas une guerre de libération.
3. Les Francophones sont très presses. Ils souhaiteraient au mieux qu'un tweet fasse Biya prendre la fuite. Et j'ai de la peine à me rendre compte que les Anglophones soient en train de se battre patiemment depuis bientôt un an! Ma mémoire des années de braise est que dans leur crise véritable, elles n'aient pas dure autant, et je suis de plus en plus certain que ce sont les Francophones qui avaient convaincu John Fru Ndi d'aller (lui aussi) négocier, noooor, et donc d'aller à la Tripartite. Rappelez-vous l'éditorial de Protais Ayangma disant aux Anglophones de cesser le feu, car ils ont 'déjà gagné, noooor.'
4. Les Francophones croient au symbolique, a la force du 'symbole politique', et surtout à cette chose-là qui est la personnification du symbolique et qu'on appelle 'les intellectuels. Or dites-moi donc qui est le Owona Nguini anglophone, car je ne sais pas qui c'est, tandis que depuis plus d'un an, les Anglophones sont bien en train de nous montrer ce que c'est qu'un mouvement politique, passe que celui-ci est d'une protestation syndicale des avocats et des enseignants, a un mouvement qui aujourd'hui met en branle les forces traditionnelles des Takumbeng.
5. Les Francophones aiment débattre, débattre, et débattre, eh, le débat, que serait-il s'il n'y avait pas les Francophones. Je ne sais pas si les Anglophones débattent autant, et pourtant, quand on regarde bien, c'est dans la sphère anglophone que le débat est une culture qui se pratique depuis l'école, qui s'enseigne et se cultive. Les grands débats par exemple de James Baldwin et Burkley puisent dans cette tradition-là. Manière de dire qu'il y'en a qui débattent pour débattre, et ce sont les Francophones, et il y'en a qui débattent pour faire avancer une cause, et ce sont les Anglophones.
6. Ils veulent toujours avoir un intérêt personnel réalise la la. Tel veut faire venir son enfant aux Etats-Unis et utilise le mouvement pour cela. Tel autre veut faire son petit business de la nourriture et utilise le mouvement pour cela. Tel troisième veut plutôt utilisé le mouvement pour le blanchiment d'argent. Tel quatrième pendant ce temps veut que le mouvement le paye. Au final évidemment, avec autant d'intérêts particuliers, le mouvement se trouve noyaute et incapable de remplir l'intérêt général qui est sa cause.
7. Les Francophones sont vraiment convaincus que Paris est important, hein, je vous jure. Or regardez les Anglophones. Ont-ils une seule fois parlé de Londres? Si Biya n'était pas venu à New York, seraient-ils même a New York? Parce que les Francophones croient que Paris est important, dans un monde pourtant éclaté, les parisiens alors se croient le centre du monde. Et il faut voir ça, la véritable sorcellerie. Un certain Njikam (ou Njimbam, mais bof) qui njote une photo avec Kemi Seba et est littéralement chasse par les gardes du corps de ce dernier, se présente comme le porte-parole de l'Afrique, etc, ah, c'est fou ça!
8. Les Francophones croient vraiment que la France a le pouvoir de décider de qui sera le président du Cameroun, hein. Et surtout que le président du Cameroun doit plaire à la France, hein. J'ai parlé une fois avec un diplomate français en Afrique du sud, et il m'a dit des choses faramineuses - le nombre de personnes qui lui envoient leur CV, pas pour être embauchées a l'ambassade, mais pour devenir ministre dans leur pays! J'étais avec un ami politologue qui n'avait cessé de se marrer, car eh oui, les Francophones croient vraiment que la France a un pouvoir sur nous.
9. Les Francophones croient en la communication. C'est ainsi qu'un jeune Francophone peut se lever le matin, faire quelques photos et les poster sur Facebook et ainsi se dire arrive. Aller de photos en photos, d'apparition télé en apparition télé, et se dire politicien. Or voilà, le minima de cette chose-là, qui est la mobilisation, demeure la nébuleuse francophone, car le Francophone est un communiquant comme il est légaliste. Un sous-préfet interdit sa manifestation, il reste à la maison. Oui, c'est comme ça. L'Etat a parlé.
10. Mais surtout les Francophones croient que Biya est fort, et c'est cela leur véritable problème. Ils croient qu'un homme comme celui-là, ne peut pas être simplement exécute comme les autres tyrans avant lui. Je veux par la dire que les Francophones sont vraiment convaincus qu'un autre Camerounais ne peut pas mettre deux balles dans la tête de Biya, simplement comme ça, par haine, par rancune ou même pour rien. Ils en sont vraiment convaincus, oui, que Biya ne va pas mourir. En fait ce qui leur fait le plus peur, aux Francophones donc, c'est la mort de Biya.