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Pau Biya, un bilan positif de 34 ans malgré une conjoncture hostile

18335 Discours Biya 31122015 Mco 0031 Ns 600 Le flou persiste toujours sur sa candidature aux échéances électorales prochaines

Mar., 20 Juin 2017 Source: continent-noir.com

Après 34 ans de règne et à moins d’un an et demi de l’élection présidentielle de 2018, le président Biya suscite toujours l’interrogation sur une éventuelle nouvelle candidature. La question mérite un regard qui concerne les caractéristiques principales de son mandat ainsi que les enjeux des prochaines élections présidentielles au Cameroun.

Un bilan positif malgré une conjoncture hostile

De l’avis des analystes politiques proches du pouvoir, la principale réussite du mandat Biya aura été la paix. C’est en ces termes que Nteppe Manga Georges résume ainsi le mandat du leader charismatique.

Selon Catherine Aimée Biloa »C’est un bilan qui est positif » que d’avoir su préserver la paix sociale, économique et dans la région tout au long de sa présidence. Cet analyste ne manque pas de nous préciser en effet les propos de l’intéressé qui rappelait en ces termes, combien le risque d’éclatement était élevé lors de son arrivée au pouvoir : « Les camerounais ne doivent pas avoir la mémoire courte. Vous avez entendu parler du Soudan, de l’Algérie, du Burkina-Faso et de bien d’autres pays. Un homme a dit non à la guerre. Il a dit : ‘’je ne veux pas que mon pays en pâtisse, je ne veux pas que les camerounais en souffrent. Je vais aller vers les instances internationales régler les différents avec le Nigéria’’ ».

Il est également utile de rappeler comment, en usant de méthode et de diplomatie, et en parvenant à obtenir le support de l’ONU, le Président Biya a su mettre fin aux visées expansionnistes du Nigeria sur la région de Bakassi dans le conflit qui s’est déroulé de 1993 jusquà 2002.

Pour les insuffisances économiques, beaucoup d’analystes dédouanent le président Biya en mettant plutôt l’accent sur la conjoncture, le Programme d’Ajustement Structurel (P.A.S.) qui était nécessaire au développement de l’économie du pays, et sur l’élite politique corrompue qui gravite autour du Palais Présidentiel.

Le point de vue de l’Opposition

L’opposition quant à elle, dénonce de nombreux maux tels que le chômage inquiétant qui touche actuellement 13% des camerounais ainsi que le sous-emploi évalué à 75% comme nous l’indiquent des chiffres publiés dans actucameroun.com du 16 novembre 2016 : Le chômage inquiète toujours !

Sur un tout autre plan, les opposants au RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) le parti au pouvoir, trouvent que le pays reste plongé depuis des décennies dans la gabegie, la corruption, l’inertie, le sous-développement et l’insécurité marquée par les attaques répétées de Boko Haram.

Sur le plan particulier de la sécurité intérieure, force est de constater que le Président Biya a déployé, avec succès, toutes les ressources nécessaires en vue de contrôler le mouvement des organisations terroristes dans la région, en implémentant des partenariats stratégiques avec ses pays voisins.

Parmi ces accords, le Lake Chad Basin Commission (LCBC) la Commission du Bassin du Lac Tchad, qui comprend un ensemble de mesures militaires, économiques visant à assurer le développement de la région du Lac, au nord du Cameroun.

En 2017 : Quel est l’Etat de sa popularité ?

Dans un contexte marqué par des problèmes socio-économiques qui gagnent de plus en plus le pays et surtout la jeunesse, et illustré par les récents événements en mars avec la population anglophone, au nord du pays, il faut pouvoir étudier la question de manière objective. Il va de soi que Paul Biya bénéficie encore d’une véritable admiration dans les localités constituant ses fiefs électoraux, ainsi que dans la région du Nord et du Sud. Ce support néanmoins pourrait venir à s’effriter sans le support d’une partie éssentielle de la population camerounaise : la jeunesse.

Paul Biya devrait développer son dialogue avec la Jeunesse :

Le discours du pouvoir n’est pas entendu par tous, en effet : la jeunesse urbaine et éduquée ne se reconnaît pas en lui et sait décrypter les tentatives d’instrumentalisation.

A l’aube de l’ère digitale qui prend le pas progressivement au sein de chacune des nations africaines en plein essor, telle que le Maroc ou l’Afrique du Sud, la stratégie du Gouvernement et du Président Biya manque d’innovation et de portée. Sa stratégie doit pouvoir évoluer et notamment sur le digital pour pouvoir s’adresser aux jeunes camerounais.

La majorité de la jeunesse pourrait se retrouver dans le parcours du Leader au pouvoir, néanmoins, aucun moyen de communication digitale n’est mis en place pour accélérer un tel processus. Lorsque le Président aura compris l’importance de pouvoir communiquer avec la jeunesse de son pays, il parviendra certainement à reconquérir une popularité et un soutient sans faille auprès de la partie la plus dynamique de son électorat.

Les récent événements demeurent-ils symptomatiques d’un malaise exclusif au sein de la population anglophone ?

Selon une majorité d’avis, la cohésion entre la population anglophone et la population francophone demeure plus solide que jamais. Il n’y a aucune distinction entre ces deux populations. Cependant, il n’en demeure pas moins que cette population anglophone et jeune demeure plus désireuse d’exprimer son désaccord que la population francophone.

Les événements qui ont eu lieu en mars au sein de cette partie de la population camerounaise représenteraient donc l’opinion de l’ensemble de la jeunesse du Cameroun. Nombreux sont les observateurs qui déplorent une communication trop timide du Président Paul Biya à l’encontre de cette population, qui au final pourrait se sentir délaissée par le pouvoir en place.

La question de la succession

L’éternel débat du probable successeur de Paul Biya revient à chaque veille d’élection. Au sein du camp présidentiel, les candidats à la succession sont nombreux mais peu parmi eux affichent de véritable velléités de s’adjoindre le support de la jeunesse camerounaise.

Ce point décisif demeure selon de nombreux experts le segment que le prochain Président devra savoir conquérir. Le Président Paul Biya quant à lui, s’il souhaite se présenter à nouveau, devrait somme toutes, envisager cette nouvelle conquête d’évangélisation auprès des jeunes camerounais. La jeunesse, future relève des actuels dirigeants qui n’a connu que l’ère Biya, est en effet pour une grande partie mal ou pas considérée par la classe politique.

Dans le camp de l’opposition, la tendance est à la dispersion et aucune des figures de proue comme John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Bello Bouba n’arrive à se démarquer sérieusement.

Ainsi à quelques mois de la présidentielle de novembre 2018, c’est l’incertitude qui règne d’autant plus que le président sortant entretient toujours le suspense sur sa probable candidature.

Auteur: continent-noir.com