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'Paul Biya a choisi de dialoguer avec lui-même'

Paul Biya Scandale Riz Semry Biya veut donc échanger avec ceux qui épousent ses valeurs d’un Cameroun

Wed, 11 Sep 2019 Source: Michel Biem Tong

Le conflit anglophone qui a éclaté début décembre 2017 et qui se poursuit oppose deux forces en présence : d’un côté le gouvernement de

la République du Cameroun (ex-Cameroun oriental français) et son armée

qui ne juge que par l’unité et l’indivisibilité du Cameroun

(anglophone et francophone), de l’autre le gouvernement

indépendantiste anglophones en exil et sa branche armée qui revendiquent la restauration du Southern Cameroons d’avant la « réunification » avec la République du Cameroun du 1er octobre 1961.

Mais en annonçant pour la fin de ce mois de septembre l’ouverture d’un grand dialogue national, le dictateur camerounais Paul Biya en a défini le cadre en fixant les thèmes qu’ils souhaitent débattre tels que « l’unité nationale, l’intégration nationale, le vivre-ensemble….». Autrement dit, les mouvements anglophones favorables au retour à la

fédération ou au retour au Southern Cameroons d’avant le 1er octobre 1961 sont exclus de ce débat national.

Paul Biya n’entend donc pas débattre avec ceux qu’il a considérés comme des leaders autoproclamés des réseaux sociaux (faisant allusion

aux leaders indépendantistes anglophones) coupable à ses yeux de «tuer des gendarmes ou des civils, kidnapper, mutiler, molester, incendier,détruiredes.infrastructures publiques, empêcher les enfants d’aller à l’école ». Il s’agit pourtant de ceux qui sont au centre de la crise. Biya veut donc échanger uniquement avec ceux qui épousent ses valeurs

d’un Cameroun « un et indivisible », quitte à ce que du point de vue de l’histoire et du droit international, cette unité et cette indivisibilité problématique justifie la guerre actuelle. Ceux des parlementaires, des hommes politiques, des leaders d’opinion, des intellectuels, des opérateurs économiques, des autorités

traditionnelles, des autorités religieuses, des membres de la diaspora, des représentants des Forces de Défense et de Sécurité, des groupes armés et des victimes qui participeront seront ceux qui

épousent les idéaux de Paul Biya et de son régime.

Dans son discours, Paul Biya a annoncé que ce dialogue national « ne saurait intéresser uniquement les populations » anglophones. Pour le tyran camerounais, cette crise n’a pas pour origine l’escroquerie politique ayant conduit à l’annexion puis à l’assimilation du Cameroun anglophone depuis le 1er octobre 1961 jusqu’à nos jours. Non ! D’après lui, les problèmes que posent les Anglophones du Cameroun sont similaires à ceux rencontrés dans plusieurs autres régions du Cameroun

: eau, électricité, routes, ponts, écoles, hôpitaux, emplois. Comme si depuis le 1er janvier 1960, les Camerouns anglophone et francophone forment un seul Etat ! Ce qui n’est que mensonge historique. Paul Biya a également déclaré qu’il n’entend pas mener le modèle de dialogue que lui ont proposé les gouvernements suisse et américain. D’après le dictateur camerounais, il ne s’agit ni plus ni moins que d’

« idées simplistes et fausses, procédant de la propagande sécessionniste », notamment les propositions américaines sur des négociations « sans pré-conditions » avec les séparatistes.

Un peu comme cette équipe qui choisit son adversaire, le ballon avec lequel il compte jouer, l’arbitre de la rencontre et même les spectateurs du match, Paul Biya, sur la base d’un mauvais diagnostic de la crise a choisi les acteurs de « son » dialogue national inclusif, l’autorité qui va présider ce dialogue à savoir son Premier Ministre et les thèmes qui seront abordés. Bien entendu, le dialogue ne produira que des mesures cosmétiques qui n’auront aucune prise sur les causes réelles de la crise qui ira d’ailleurs en s’aggravant. Bien naïfs ceux qui jubilent après avoir écouté ce discours de Biya et pensent qu’il en sortira quelque chose de bon. C’est mal connaître

l’homme.

Auteur: Michel Biem Tong