Le décret de Paul Biya peut ainsi vous conférer tous les droits, y compris celui de tuer en toute impunité; et du jour au lendemain tous vous les retirer, en faisant aussitôt de vous la risée d’une population affamée, voire assoiffée de sang.
Bizarrement les principaux concernés n’ont jamais tiré le moindre enseignement de cette situation ubuesque . Et aussitôt qu’ils sont sortis du gouvernement, commence à se répandre la rumeur officielle de leur incarcération immédiate, sans même passer par les phases de la mise en examen, de l’instruction, voire du procès.
C’est cela la banalisation de la culture du lynchage et du crime politique au Cameroun. Mais à qui profite-t-elle réellement depuis 35 ans? D’abord et uniquement à Paul Biya, un “génie créateur” paré de toutes les vertus.
Je refuse de me réjouir de la disgrâce de M. Mebe Ngo’o, même si j’en suis parfois tenté. Parce que malgré tous les griefs que j’aurais à lui faire, dont la descente aux enfers de nombreux prisonniers politiques du régime en place n’est pas le moindre (les détentions arbitraires de Titus Edzoa, Thierry Michel Atangana, Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso, ou Polycarpe Abah Abah, pour ne citer que ceux-là …) , j’ai souvent été frappé par le silence assourdissant des camerounais à chacune de nos publications sous forme d’interpellations du Président de la République.
Ayons ainsi pour une fois la prudence de laisser le soin à la justice (fut-elle aux ordres) de faire son travail en toute transparence, afin de donner une chance à la restauration de l’état de droit au Cameroun. Précisément parce qu’il serait illusoire de penser que nous pourrons infliger à ce monsieur toutes les souffrances qu’il a pu contribuer à administrer à tant d’innocents dans ce pays, dont certains ne sont hélas plus de ce monde, quand ils ne croupissent pas dans une certaine indifférence générale dans les geôles du régime de Yaoundé.