Qu’on l’adore ou qu’on le déteste, on ne peut nier un fait implacable : Paul Biya connaît les Camerounais au plus profond de leur âme. Jadis vaillant et intrépide au point de mériter la confiance du défunt président Ahmadou Ahidjo, a tout volé”, le peuple camerounais a progressivement été réduit en esclave sur les terres de ses ancêtres. L’artisan de cet esclavage indicible est celui que nous connaissons tous
Après presque 55 ans passés au sommet de l’Etat dont plus de 34 ans en qualité de président de la république, l’homme a lamentablement échoué à faire du Cameroun un Etat moderne et prospère, une nation unie et pacifiée. Quel sera son bilan au crépuscule de sa vie sur cet enfer terrestre ?
A 84 ans additionnés aux années retranchées par le colon de l’époque lorsqu’il a mal compté les dents, il croit incarner l’avenir du Cameroun.
Un avenir qu’il a pourtant laissé loin derrière lui depuis des décennies. Et pourtant, il n’en démord pas. C’est lui et lui seul ; l’avenir du passé ; l’avenir du futur ; l’avenir de la pauvreté ; l’avenir du sous-développement ; l’avenir des jeunes. Il incarne tout. Un condensé de contradictions appauvrissant que ce candidat du sous-développement !
Mais, comme ses courtisans savent le dire, "il n’y a rien en face". Donc, il peut prétendre incarner au crépuscule de sa vie, le Cameroun des 20 années à venir....comme son collègue le papi Robert Mugabé du Zimbabwé.
N'en déplaisent à ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux, Biya Paul reste convaincu qu’il va mourir avec le sceau de la République du Cameroun dans la poche. Ce Monsieur ne lâchera, pour rien au monde, ce qu’il a conquis avec la bénédiction et la bienveillance de son prédécesseur
L’homme de Mvomeka'a avait pourtant toutes les chances et réunissait toute les conditions de faire du Cameroun, non pas une petite Suisse, mais un grand Singapour. Singapour est une île indépendante depuis août 1965 (5 ans après le Cameroun). Cité-Etat de 714 km² et peuplée de 5,5 millions d’habitant, Singapour a été dirigé d’une main de fer par Lee Kuan Yew.
En 25 ans, de 1965 à 1990, ce dictateur a fait de Singapour un Etat moderne et prospère. Quand il quitte le pouvoir après un règne sans partage, si son bilan est certes mitigé sur le plan démocratique mais, insolant sur le plan économique et social.
Au Cameroun, malgré 34 ans de règne sans partage, des richesses colossales, deux booms économiques liés à l'agriculture et l'or vert qui ont fait surnommer le pays « le grenier de l'Afrique centrale », Biya a réussi l’exploit de faire du Cameroun un Pays Pauvre Très Endetté, miné par les inégalités et déchiré par la haine et des guerres interminables. Comment cela a-t-il pu arriver ?
Du fait de ses nombreux voyages à l’étranger (Genève) ainsi que ses apparitions nombreuses à la télévision publique (la CRTV), le président camerounais a fini par se voir coller le sobriquet du président "Etranger au Cameroun"
Ce n'est pas le fait de voyager qui pose problème mais l’excès, et surtout on doit mettre en place des outils qui nous permettent de mesurer la rentabilité ou les apports pour les contribuables de ces voyages récurrents de nos dirigeants à l’étranger.
Au Cameroun, les thuriféraires du régime en place veulent nous faire croire que les voyages développent un pays, ce qui est totalement faux si tel était le cas le Cameroun n’occuperait pas de très mauvais rangs au chapitre de l’indice de développement humain et du produit intérieur qui constituent les critères du bien-être général dans un pays donné.
La gérontocratie
Dès son accession à la magistrature suprême, le 6 novembre 1982, Paul Biya fait de la promotion des jeunes son leitmotiv dans la conduite des affaires de la nation.
Pour son tout premier gouvernement, il choisit un Premier ministre ayant à peine 40 ans, Bello Bouba Maïgari. Son successeur, Ayang Luc, a 35 ans. À la fin des années 80, il fait appel, toujours à ses proches et connaissances parmi lesquels Badel Ndanga Ndinga et Henri Eyebe Ayissi,Jean Baptiste Bokam , Marafa Hamidou Yaya, Urbain Onlanguena Awono, Sali Dahirou.
Dans les années 90, une autre cuvée des amis des anciens et proches du chef de l'Etat font leur entrée aux affaires. La porte s'ouvre ainsi à Jean Marie Atangana Mebara, Dieudonné Ambassa Zang, Catherine Bakang Mbock, Pierre Moukoko Mbonjo, Aristide Okouda, Basile Atangana Kouna, Bernard Messengue Avom, Clobert Tchatat…
D’année en année, comme on le constate, Paul Biya a construit sa structure dirigeante en faisant le lien avec la vieille garde. A regarder de près ces différentes nominations, l'on se rend compte qu'en dehors de ses ministres emprisonnés par lui-même pour malversations financières, la moyenne d'âge est de 70 ans. Certains d'entre eux qui étaient aux affaires en 1960, y sont encore et demeurent, à moins que la réalité cyclique de l'enfer terrestre ne viennent mettre fin à leur hégémonie.
Paul Barthlémy Biya Bi Mvondo revient de France en 1962, âgé de 29 ans, au terme d’un parcours universitaire des plus brillants (licence en droit, et un diplôme en Sciences politiques) et c’est muni d’une lettre de recommandation dit-on de Louis -Paul Aujoulat, qu’il frappe à la porte du bureau du président Ahmadou Ahidjo. Il est aussitôt nommé chargé de mission à la présidence de la république avec rang et prérogatives de ministre. Biya y restera dans la maison jusqu'à ce jour. Dira-t-on un jour de Paul Biya, qu’il fût à plus de 80 ans le roi du Cameroun, comme on le fit de Moubutu Sésé Seko du Zaïre après sa mort ?