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Paul Biya n'est pas pressé sur Camair-Co

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Mer., 10 Août 2016 Source: Serge Alain Godong

Il aura donc fallu jusqu’à deux mois à Paul Biya, président jamais pressé dans un monde économique qui va pourtant de plus en plus  vite et où les décisions doivent à cet égard être prises avec une extrême célérité, pour indiquer aux Camerounais quelle est la direction qu’il croit raisonnable d’emprunter dans l’hypothétique relèvement d’une entreprise publique notoirement à l’agonie, généralement connue sous le nom (funeste) de CAMAIR-CO.

Trois mois, au cours desquels les silences  du président ont davantage aggravé la situation, poussant les pilotes à une menace désabusée de grève, pour cause de trois mois d’arriérés de salaires et l’Autorité aéronautique à assener le coup de grâce, en procédant à la suspension des vols internationaux de la compagnie sur l’Europe. Deux mois qui s’inscrivent ainsi de bout en bout dans la droite ligne de ce qui fait, depuis trois décennies maintenant, le style inégalable de « l’homme fort d?Etoudi ».

A savoir, comme le décrit le politologue Mathias Owona Nguini : un « homme qui s’inscrit toujours dans un positionnement très lent ; il calcule toujours, joue avec le temps, se dissimule et dissimule ses intentions, sans se préoccuper de ce que pourrait advenir de grave dans un tel jeu, tant que – en apparence – ses intérêts lui paraissent préservés ». Deux mois donc et, à la sortie, un plan de restructuration proposé par une firme américaine dénommée BOEING Consulting.

En décembre dernier, plus que jamais pris dans la tourmente, l’actuel ministre en charge des Transports – qui venait alors de prendre la tête de ce Département ministériel –avait lancé ce coup de dé dans les airs, pour essayer de se donner un petit bol d’air, dans un ciel d’orages gorgé de nuages lourds et gris. A la charge des consultants internationaux, le défi de « proposer des solutions idoines, permettant de sortir la compagnie nationale Camair-CO de la zone de turbulence », dixit Edgard-Alain Mebe Ngo’o.

Au bout du chemin, les experts venus des Etats-Unis ont fait ce qu’ils ont pu pour dessiner de ce que pourrait être demain, une compagnie à peu près viable. Même si, à peine déposée, leur copie s’attire bien de sarcasmes, du fait de ses graves incomplétudes. Notamment, comme le souligne Bernard Ouandji, économiste et spécialiste de la structuration économico-stratégique des entreprises, par le manque de deux éléments fondamentaux : le plan de financement et la stratégie d’alliance.

En clair, les « experts » venus d’Amérique ont proposé un chemin, sans préciser d’où viendrait l’argent pour le commencement de ce voyage et, plus encore, sans proposer une façon de mobiliser lesdites ressources. De même, explique monsieur Ouandji, il paraît aventureux de se contenter de préconiser l’achat de nouveaux appareils, sans dire dans quelle plateforme organisationnelle internationale seraient paramétrées ces nouvelles acquisitions.

Reste que le plan a été signé de la main même du président de la République. Et qu’une grande partie de la presse nationale, sans recul parce que sans compétence, y a donné grand écho, en se représentant complaisamment le document proposé comme solution idoine. Cela, alors même que pullulent les manques et donc les certitudes de la nonréussite quasi irrémédiable de ce fameux plan.

Auteur: Serge Alain Godong