'Paul Biya veut mourir avec le Cameroun'

Paul Biya veut mourir avec le Cameroun

Tue, 14 Dec 2021 Source: Wilfried Ekanga

Wilfried Ekanga est toujours en colère contre le régime de Paul Biya. Au moment où plusieurs militants de son parti politique le MRC font objet de lourdes condamnations au Cameroun, il fait une tribune pour dénoncer la tyrannie dans son pays.

Le vieux Paul Biya sentant sa mort prochaine, fit venir ses ministres, et leur parla sans témoins : « Gardez-vous, leur dit-il, de préserver l’héritage d’unité véritable que nos aïeux ont voulu construire. Torturez, tuez, humiliez, ne laissez nulle place ou le tribalisme ne passe et repasse. »

Et de fil en aiguille, le Cameroun est devenu la capitale mondiale du tribalisme d’Etat. Ces derniers jours dans le Logone-et-Chari, des compatriotes se sont encore découpés à la machette et se sont brûlés vifs comme des Soya de Limbé, sans que celui que les naïfs nourris à l’huile chaude appellent « le père de la Nation » ne daigne lever le petit doigt, et encore moins s’enquérir physiquement de la situation.

Responsable de tout, mais coupable de rien, le Premier Fainéant du Cameroun a habitué son peuple à ne lui demander aucun compte. Il ne se déplace pas au chevet des sinistrés ; il ne fait pas de communiqué dénonciateur du tribalisme ; il n’invite nullement ses geôliers au respect des droits des prisonniers politiques. Mais il est interdit de lui réclamer toutes ces choses, puisqu’il a, paraît-il, « toujours été comme ça », et donc qu’on doit vivre avec. Même si c’est à son administration que le peuple paye ses impôts.

Et c’est ainsi qu’on éduque un peuple à accepter que la bêtise est normale.

LE MUTISME DES TRUANDS

Ce dimanche 12 décembre, Maurice Kamto a rédigé un papier d’indignation sur la bagarre inter-communautaire qui continue d’enfoncer notre pays dans l’abîme, au moment où des amuseurs publics hors-sujet de profession tels qu’Atanga Nji élucubrent sur les tsunamis à Yaoundé. Un Gang de Malfrats hostiles à l’intelligence et qui brillent par leur incapacité à anticiper les crises et à répondre présent où besoin est. En plus d’être eux-mêmes les architectes de ces crises.

Car qu’on ne s’y trompe pas : les conflits identitaires qui chaque jour gagnent du terrain dans cette république de plus en plus désossée vienne du laisser-aller, voire de l’encouragement actif de ces tares par ce régime dont l’éternité de Biya dans son cercueil doré d’Etoudi est la seule raison d’être. Voilà pourquoi ils ne sont intervenus ni à Ebolowa ni à Sangmelima ni à Douala ni à Kousseri, ni nulle part où la cohésion nationale (la vraie) était vitale. Si vous cherchez Atanga Nji, il n’est pas là où on égorge l’orphelin ou là où les bébés manquent de couveuse, mais là où une femme de ménage a osé crier son amour pour le MRC.

Ce ne sont pas des dirigeants ; ce sont des Malfrats en cravate dépourvus d’intelligence et d’humanité. Et Maurice Kamto a relevé dans son communiqué le fossé entre l’extreme lenteur d’exécution et l’esbroufe communicationnelle sur des problèmes tels que Kousseri, en comparaison de leur zèle inouï quand il faut s’acharner sur des opposants politiques.

A vous donc, chers Camerounais, de savoir qui œuvre vraiment pour vos intérêts : l’un est limité dans ses moyens et se montre malgré tout présent et prompt à la réaction pour apporter du sien à ses concitoyens au péril de sa propre vie, tandis que l’autre, bien que disposant des moyens colossaux de l’Etat, préfère confondre le poste de président à une vie de luxe impérial digne d’un seigneur romain, dans un château doré sur les montagnes de Yaoundé. Il n’en sort jamais sinon pour rejoindre le pays des autres ; celui que les autres eux ont construit dans un patriotisme cru et véritable.

EN BREF :

Paul Biya veut mourir et emporter le Cameroun avec lui dans la mort. Et la meilleure façon de tuer le Cameroun consiste à étouffer la protestation citoyenne et à nourrir plutôt tout ce qui est insulte tribale. Voilà pourquoi le pasteur Atangana est toujours en liberté après sa sauvagerie verbale, tandis que ceux qui ont réclamé la lumière sur les fonds de la CAN sont en prison, malgré le millième glissement d’Olembe.

Car dans un régime de Malfrats, la priorité n’est pas la justice sociale, mais le maintien du Gang aux affaires par les moyens les plus maléfiques s’il le faut. Nous vivons dans un monde fou qui regorge de pleins de mystères : le simple fait de soutenir ce régime relève du cannibalisme politique. C’est quelque chose d’affreusement difficile à expliquer.

Mais si on est tribaliste, c’est déjà un bon début.

EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED

( Comment te sens-tu quand le président du Tchad, arrivé militairement au pouvoir, se rend au chevet des 30 000 Camerounais réfugiés sur son sol, tandis que Biya, « démocratiquement » élu, n’estime pas nécessaire de bouger alors que ce sont ses compatriotes ? Éprouvez-vous vraiment du plaisir à soutenir un cadavre ? )

Auteur: Wilfried Ekanga