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Pourquoi des consommateurs boudent les vins et spiritueux locaux

Mon, 28 Mar 2016 Source: Ruth Estelle Belinga

Bien que la matière première du « made in Cameroon » soit importée depuis la France, le vin local est trop dilué, expliquent des spécialistes.

Au lieu-dit « Douala Bar », ce mercredi 16 mars 2016, les vins embouteillés au Cameroun sont vendus à un prix relativement accessible. 1500FCFA pour une bouteille de vin. Idem pour la bouteille de whisky, fabriqué localement.

Mais constat est fait que, les consommateurs préfèrent de loin les liqueurs importés. Une attitude qui, selon certains commerçants, se justifie par le fait que la plupart des Camerounais sont extravertis dans leurs habitudes éthyliques.

« Dans la tête du Camerounais, tout ce qui est fait au Cameroun n’est pas de bonne qualité. Ils préfèrent les produits importés qui sont un peu plus chers », indiquent-ils. Les vins et spiritueux importés coûtent en effet un peu plus chers. Il faut débourser au moins 8500 FCFA voire plus, pour une bouteille de whisky et plus de 5 000FCFA pour un vin de table.Malgré cela, ces prix n’entament pas la détermination desconsommateurs amateurs de vins, qui ont fait le choix de la « qualité».

« La santé n’a pas de prix. J’achète des vins importés parce qu’ils sont de meilleure qualité et me font éviter les maladies », explique un client.Il a invité à dîner chez lui un ami de longue date. Ce soir, ils dîneront au vin. Pour sa soirée, il va dépenser près de 20 000FCFA pour trois bouteilles de Bordeaux. « Vraiment, je ne regarde pas les dépenses, ce qui m’importe c’est le goût et la santé », explique-t-il.

Interpellé sur la question des vins locaux, il répond interloqué : « Avez-vous déjà goûté à ça? Non mais c’est du n’importe quoi ! Loin de moi l’idée d’être snobe ou quoi que ce soit, mais ces vins et whiskies sont simplement des poisons qu’on ne devrait même plus commercialisés». Selon des sources dans une société vinicole implantée au Cameroun, le Cameroun ne fabrique pas de vin. La matière première est importée de France. Elle arrive dans des fûts de cuivre et mise en bouteilles au Cameroun.

C’est donc à ce niveau de la chaîne que se produit l’amalgame: « les normes observées en France ne sont pas respectées au Cameroun. Ici, le vin est trop dilué, c’est pourquoi les consommateurs ne l’apprécient pas », explique un fin connaisseur du secteur. Pour différencier les produits locaux de ceux importés, c’est simple. Tout se passe dans le détail : la vignette.

Les produits « Made in Cameroon » ont une vignette rosée tans dis que ceux qui viennent de l’extérieur ont une vignette bleue. Nadège est une vendeuse de vin à Douala Bar depuis deux ans. A son arrivée ici, elle était une vraie profane, mais aujourd’hui elle est passée « experte » pour avoir goûté plusieurs vins et whiskies. Son palais, comme celui des consommateurs de Douala Bar, préfèrent les vins et whiskies importés.

« Il n’y a pas photo au niveau du goût. D’ailleurs, je le dis à mes clients », déclare Nadège, qui expose cependant les « Made in Cameroon» dans sa boutique. Je les vends parce qu’il y a la demande des vins et liqueurs locaux. On les achète généralement pour des cérémonies funèbres. Certains clients sont souvent attirés par le prix. A ceux-là, je renseigne sur la qualité du produit».

Si Nadège est si franche envers ses clients c’est parce qu’elle a été une fois victime d’invectives de la part d’une consommatrice et du coup, elle fait très attention. A côté d’elle, il y a des vendeurs plus radicaux ; ils n’exposent pas le « Made in Cameroon » dans leur boutique. Quand vous leur poser la question de savoir pourquoi, ils vous envoient à Ndokoti, Dakar et Village, des quartiers populaires de la capitale économique.

Auteur: Ruth Estelle Belinga