Pourquoi je bloque beaucoup de Bétis comme ça la?

Patrice Nganang Cameroun Ecrivain Expulsé Ils défendent tous Paul Biya - Patrice Nganang

Mon, 15 Jan 2018 Source: Patrice Nganang

La rupture de la ligne de conversation est quelque chose dont j'ai fait l'expérience plusieurs fois, le plus dramatiquement sans doute autour de la question anglophone. J'ai vu, nous avons tous vu comment pas à pas, le dialogue entre Francophones et Anglophones est devenu impossible. Comment donc l'élément unificateur qu'est la conversation a été rompu, et puis remplace par la violence, transformant ainsi ce qui était le mouvement non-violent le plus long de notre pays en une guerre. Il est évidement pour moi, que celui qui a commencé, qui est l'initiateur, le porteur et le financier de cette violence, et qui doit être chassé, c'est le fam, et ses gens - c'est donc la tyrannie. Biya. J'ai toujours dit qu'il ne faut pas trop mettre sous pression la capacité de résistance des Camerounais, car ce pays-là n'a pas plus de valeur que des pays comme la Cote d'ivoire ou la Centrafrique, ou même la Somalie qui ont sombre dans la guerre, et moi-ci, je suis d'avis qu'il y'a un moment ou, comme au quartier, on dit, 'laissez-les régler cette équation', la bagarre définit qui est qui, un gagne et on passe dessus. Manière de dire que, la panthère est un animal d'attaque.

Au Cameroun, la rupture du dialogue avec les Béti, je crois, est visible à tous les niveaux du corps politique et administratif - d'abord parce que, évidemment les langues Béti sont les langues de l'administration camerounaise. Ce n'est plus le français, ni l'anglais, mais les langues Béti. Il en découle que tous ceux qui ne sont pas Béti, sont exclus, et bien des fois vraiment violemment, et je veux dire chassés de ce qui autrement est le bien public et qu'ils financent pourtant avec leurs impôts. L'autre cote cependant, plus insidieux, c'est ce que j'appelle le réflexe du chien qui défend son os - la chute dans l'hystérie, l'accusation de quiconque présente l'auto-exclusion lente et systématique des Béti de la conversation nationale - il suffit de voir la CRTV, ou Vision4 pour comprendre cette auto-exclusion -, et l'accusation donc de quiconque présente les ressorts de l'Etat tribal, d'être 'le tribaliste.' La variation jargonnée de cette accusation, c'est 'ethno fasciste.' Il se passe cependant, comme je l'ai dit plus haut, qu'il y'a des peuples dans ce pays a qui même la mort ne fait plus peur. Et je le dis en souriant. La bataille pour ce pays ne sera pas menée par des enfants de cœur, et nous l'avons de nos parents qui ont traversé le pire.

La rupture de la ligne de conversation avec les Bétis, est fondée dans mon refus des accusations farfelues - et je sors de ce pays ou de telles accusations farfelues formulées par l'Etat du Cameroun, sans blague!, contre moi se sont honteusement écroulées devant nous tous -, mon refus du chantage au tribalisme qui est le visage infâme de l'acceptation de l'Etat tribal comme forme de gouvernement du Cameroun. Les manifestations de cet Etat tribal évidemment, ce sont les cellules de communication Facebook du Mindef et du Mincom, qui prennent ma page en assaut, sous la forme de trolls, mais aussi de jeunes qui croient que ce pays a cessé d'appartenir à tout le monde pour ne plus appartenir qu'à leur village. Le fasciste est celui qui est dans l'impossibilité de se mettre à la place des autres. La manufacture fasciste du Cameroun ne sera pas vaincue par des élections, nous le savons tous, mais encore faut-il que la tribu Béti qui lui sert de couverture s'écarte afin que commence la bataille de notre génération - le chassement de Biya, lui-même Béti. Personne n'a été inventé pour défendre le fam, aucune tribu n'a été fondée pour servir de sanctuaire à la tyrannie. La diversité de ce pays ne se trouve plus dans l'administration camerounaise, ni dans l'Etat tribal qui le dirige.

Cette question que je résouds ici par le bloquement, sera résolue au pays aussi. Ce n'est pas le courage qui manque à ce peuple, ni la férocité. Ne vous méprenez jamais sur mon sourire. Ceux qui me connaissent en savent quelque chose.

Auteur: Patrice Nganang