Pourquoi la grande UPC?

3579 Djemba JP200611300 Jean-Pierre Djemba

Thu, 25 Aug 2016 Source: Jean-Pierre Djemba

Parce que l’UPC a toujours été grande. C’est en effet, la réponse que d’emblée, on pourrait donner à cette question dont la formulation bien que banale en apparence, est loin de l’être en réalité. Une réponse qui serait suffisante et ne serait ni une simple clause de style ni une simple vue d’esprit. En effet, l’UPC a toujours été grande.

L’UPC a été grande du point de vue des raisons pour lesquelles elle a été créée le 10 avril 1948 dans le bar Sierra à Douala, à savoir, pour restaurer le Cameroun dans tous ses droits tangibles et intangibles. Elle l’a aussi été par les hommes qui l’ont portée sur les fonts baptismaux. Au nombre de ceux-ci, il y avait notamment Bouli Léonard, et, le plus illustre d’entre eux, Ruben Um Nyobé. Elle l’a ensuite été par la façon magistrale dont elle a mené son combat jusqu’en 1990, pour s’acquitter de sa mission historique : obtenir la Réunification et l’Indépendance réelle du Cameroun. Une Indépendance qui n’aurait dû absolument rien à voir avec celle dont le colonisateur a gratifié notre pays en 1960. Rien qu’en se limitant à ses trois raisons, l’on ne saurait dire honnêtement et objectivement le contraire sur la grandeur de l’UPC que nous proclamons.

Mais, cette démonstration est loin d’être suffisante et surtout ne répond pas totalement à la question multi facettes posée : Pourquoi la Grande UPC ? Oui, la grande UPC aussi parce que notamment, toutes celles qui parlent actuellement en son nom, toutes les chapelles de l’UPC, n’en sont pas, ne serait-ce que parce qu’elles sont multiples. Et le simple fait qu’elles s’en réclament toutes et portent son nom, en est encore la preuve si besoin était. La Grande UPC par définition devra absorber toutes les petites UPC : celle que l’on qualifie de gouvernementale ; celle qui se réclame des fidèles ; mais surtout celle qui, tout en étant une excroissance directe de l’UPC à cause de la particularité de l’histoire et des conditions de sa création, s’est donnée le nom de Manifeste pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), le parti que dirige à présent le camarade Hebga et qu’à fondé le camarade Anicet Ekané.

Mais ce n’est pas tout car, toujours par définition, la Grande UPC devra aussi absorber toutes les autres organisations de la mouvance et d’obédience upécistes. Cette fois-ci, il ne s’agit plus de l’UPC mais des upécistes. Un genre qui n’a pas toujours possédé la carte de membre de l’UPC. Les organisations dont on parle ici, sont nombreuses. Cette mouvance va de la plus active d’entre elles, le conseil National de la Révolution/Mouvement Um Nyobiste (CNR/MUN) que dirige le camarade Tené Sop, à la kyrielle des organisations créées par les membres du célèbre Parlement Estudiantin, dont un certain nombre se réclamait de l’upécisme.

Et après tout ce qui précède, on pourrait croire que l’on a fait le tour de la question de la Grande UPC alors qu’on en est encore bien loin car, il y a aussi des personnalités upécistes. Des femmes et des hommes qui n’ont jamais appartenu à l’UPC mais qui ont toujours été upécistes de cœur et de conviction. Dans le passé, le plus célèbre de cet espèce rare mais ô combien précieuse était certainement l’émérite Docteur Bébey Eyidi Marcel. A présent, l’espèce existe toujours, nous pouvons l’affirmer sans crainte de nous tromper, il faut simplement aller la chercher et définir avec ses représentants qui sont nombreux dans notre pays, les modalités de sa participation à la lutte que nous allons relancer sur de nouvelles bases organisationnelles et politiques. C’est une simple question d’intelligence politique dont sera capable la direction que les upécistes, les militant de l’UPC et les militants non encartés de l’UPC, se donneront.

Pourquoi ensuite, la Grande UPC ? Parce que sans elle, sans unité de l’UPC dans tout ce qu’elle compte et représente dans notre pays sur le plan humain, moral et culturel notamment, il n’y aura pas de victoire pour la lutte que nous menons contre le régime en place au Cameroun depuis 1960.

Et pourquoi enfin la Grande UPC ? Parce que sans elle il n’y aura tout simplement pas de Révolution au Cameroun. C’est elle qui est le réceptacle des camerounais ayant le niveau de conscience politique que requiert la dure et complexe lutte révolutionnaire. C’est donc elle qui en définitive peut et doit conduire la Révolution au Cameroun. Une Révolution qui doit balayer le vieil, archaïque et féodal ordre politique en place actuellement et mettre à sa place, un nouvel ordre moral, politique, économique et social étant fondamentalement en rapport étroit avec les valeurs et les principes fondamentaux du peuple camerounais.

And last but not least, parce que 2018 pointe à un horizon proche que l’on dit même possible en 2017 puisque tout dépend dans notre pays des humeurs du monarque d’Etoudi. En effet, dans deux ans, si la pauvre constitution camerounaise est respectée pour une fois, il va se tenir au Cameroun au mois d’octobre, une élection présidentielle qui va être un tournant pour notre pays que dirige depuis 34 ans un seul homme.

Un règne long devenu par la seule volonté et pour les seuls intérêts d’un homme, si long qu’à lui tout seul, il constitue désormais, un casus belli, une anomalie, une calamité pour l’Etat de droits que nous les républicains et les démocrates authentiques s’évertuent laborieusement de construire dans notre pays pour le bien de tous, et une raison de l'ire nécessaire et suffisante pour y mettre enfin un terme. En 2018, l’on devra absolument mettre fin à cette longue aberration en obtenant par tous les moyens le départ de Paul Biya qui doit céder la place à un autre camerounais.

Un départ qui conditionne notablement l’avenir de notre pays. La Grande UPC devra prendre toutes ses responsabilités et toute sa place aux premières loges, dans ce qui va se passer. Elle ne pourra les prendre qu’en s’étant reconstruite et en étant redevenue capable de jouer son rôle de parti d’avant-garde de notre peuple et de notre pays. Elle en a le potentiel et doit simplement se donner les possibilités pour se mettre en ordre de bataille.

L’UPC a assez perdu de temps. Pendant vingt-six ans, depuis le retour d’exil de ses membres en ordre dispersé, chacun a eu le loisir d’y aller de sa petite musique et de ses petits rêves de chef. L’heure du bilan a sonné. Un bilan que chacun doit avoir la lucidité de faire pour lui-même d’abord et ensuite pour les autres. Le temps où l’on croyait que l’on peut faire ceci et cela est désormais révolu. La fantasmagorie politique doit désormais céder la place à la responsabilité, à la réalité et à la certitude des faits avérés et de la capacité de faire des uns et des autres. La confrontation des bilans respectifs d’une part, et les enjeux, d’autre part, le commandent impérativement.

La grande ambition que nous nourrissons légitimement pour le Cameroun et la grande entreprise qui en découle pour sa réalisation ne peuvent être menées à bon port que par la Grande UPC dirigée par des patriotes ayant une vision, étant conscients des enjeux, justifiant d’une réelle capacité politique et organisationnelle et étant résolus, et l’ayant prouvé. La direction de la Grande UPC et les travaux d’Hercule qui l’attendent, ne peuvent pas nécessiter moins que cela si l’on veut faire la Révolution au Cameroun. Il ne s’agit plus de faire du cabotage entre les différents ports de la côte de notre pays mais de naviguer au long cours. Et pour cela, il nous faut un barreur d’exception.

Auteur: Jean-Pierre Djemba