Pourquoi le 4ème recensement est sur une voie de report

En dépit de son institution hier par le chef de l’Etat, la phase critique de l’opération est bien hypothéquée par les exactions de Boko Haram dans le septentrion.

Le décret présidentiel publié mardi et instituant le 4ème recensement général de la population et de l’habitat (4ème Rgph) est venu accentuer le malaise autour de cette opération. Ce texte semble en effet relever du réchauffé, souffrant d’une mise à jour chronique et manquant d’éléments actualisés, en rapport avec le contexte actuel d’insécurité dans la région de l’Extrême-Nord et qui rend quasiment impossible toute opération de terrain.Les activités pré-censitaires liées au 4ème Rgph sont en effet largement compromises par la menace terroriste dans la partie septentrionale du pays.

Selon des sources internes au Bureau central des recensements et des études de population (Bucrep) en effet, l’opération liée à la mise à jour de la base cartographique et qui doit permettre au l’exploitation et l’interprétation des images satellitaires et/ou des photographies aériennes comme base pour la pré-identification des entités géographiques ainsi que le pré-découpage des limites des zones de dénombrement permettant l’allègement du travail sur le terrain connaît aujourd’hui de réelles difficultés, l’institution publique en charge de l’activité ne souhaitant pas exposer ses collaborateurs aux exactions de la secte islamiste nigériane Boko Haram.

Au lendemain de la phase de renforcement de ses capacités institutionnelles et des capacités techniques de ses cadres, intervenue en 2014, le Bucrep avait en effet prévu, au cours du second semestre 2015, d’engager l’un des tournants cruciaux du développement du 4ème Rgph également censée fournir des informations actualisées, sous forme de fonds de cartes directement exploitables dans un système d’information géographique (SIG) de manière à rentrer efficacement dans la cartographie censitaire.

C’est la phase qui précède le dénombrement principal, l’enquête post-censitaire, l’exploitation des questionnaires, l’analyse des données, la publication et la dissémination des résultats, la sensibilisation ainsi que la coordination technique et administrative de tout dénombrement de ce type.

Selon le Bucrep, l’objectif global du 4ème Rgph, financé par le gouvernement avec l’appui des partenaires au développement, est de disposer d’indicateurs indispensables et à jour en vue de la planification et du suivi-évaluation des différents plans et programmes de développement ainsi que le suivi de la réalisation des objectifs nationaux et internationaux de développement, à l’instar de ceux contenus dans le Document de stratégie pour la croissance et l'emploi «vision de 2035», encore appelé Dsce.

Les résultats de ce dénombrement rentrent aussi dans le cadre du plan d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (Cipd) et les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).