Au moment où plusieurs sources crédibles ressortent que des centaines de fonctionnaires et assimilés admis à faire valoir leurs droits à la retraite se cramponnent toujours aux affaires, il y a lieu de se poser des questions autour de cette situation qui est dans la majorité des cas, avalisée par le sommet de l’Etat.
Pendant que le chef de l’Etat en personne réaffirme dans ses discours que le problème de l’emploi des jeunes diplômés reste sa constante préoccupation, il est inexplicable de constater que tant dans l’administration centrale que dans les sociétés d’Etat, plusieurs hauts responsables atteints par la limite d’âge et qui devraient de ce fait normalement céder leur place soient indéboulonnables. Pour la majorité de nos compatriotes qui se sont habitués aux grotesques avantages liés à leur fonction, la retraite est un ennemi qu’il faut combattre avec toutes les armes, même quand ils sont archi pleins de soupes et n’ont plus rien à donner en termes de compétence et de disponibilité à l’Etat.
Pourtant, le corps humain a besoin de repos, lorsqu’on a passé des décennies à sillonner le pays de long en large, à s’occuper des dossiers à la fois complexes et à hauts risques dont le traitement exige une grande lucidité. Les fonctionnaires et assimilés devraient donc se réjouir d’être déchargés’ de cette pression permanente, de ce poids écrasant des responsabilités, de cette obligation de ponctualité et des résultats qui leur donnent des insomnies.
Mais curieusement, comme si certains voulaient souffrir jusqu’au seuil de la tombe, nos compatriotes qui passent du temps à rafistoler leur âge durant leur carrière, ne manquent pas d’imagination, quant au bout de leurs stratagèmes, abandonner le douillet bureau qu’on occupe depuis des décennies devient incontournable pour prendre la retraite. Politique de la terre brûlée Alors qu’il y a quelques décennies, les anciens avaient presque l’obligation de former les nouveaux entrants à la fonction publique et dans d’autres services de l’Etat pour pérenniser un rendement de qualité, c’est le contraire aujourd’hui quand ceux -là qui ont tout appris des autres, ne veulent plus restituer ce savoir aux jeunes. Leur stratégie consiste à confisquer cet héritage au savoir et du savoir-faire pour mettre leur prétendre expérience sur la balance, chaque fois qu’un jeune est pressenti pour les remplacer.
Pour occuper à vie un poste de responsabilité dans un service public qui n’est pas un héritage familial, on enterre les moutons, chèvres, coqs, chiens et chats vivants dans des bureaux, on offre gratuit le postérieur aux laboureurs maléfiques, quand il est impossible pour les moins connus et les moins parrainés, de solliciter des rallonges qu’ils obtiennent du chef de l’Etat ... Au gouvernement, l’âge ne semble pas être un handicap pour les ministres qui arrivent, partent pour une plus ou moins brève escapade de bronzage, pour revenir malheureusement plus déliquescents qu’avant leur départ. On reprend les mêmes et on recommence en donnant l’impression qu’on change et tend vers la perfection, alors que des jeunes qui sont formés aux frais du contribuable chôment ou lisent des journaux, entassés comme des animaux apprivoisés dans des bureaux crasseux.
Les intouchables Pour les corps en uniformes, la retraite ne concerne que les éléments des classes subalternes alors que ceux qui les ont vus naitre, grandir, être enrôler dans ces corps et vieillir restent inamovibles. A ce jour, plusieurs vieux Généraux ont pour camarades de service et compagnons de missions, leurs propres enfants Colonels qui pourraient prendre la retraite s’ils ne rejoignent pas ce cercle des intouchables qui est celui des Généraux. Pourquoi de telles aberrations, une telle anarchie organisée dans un pays où l’on parle de l’émergence sans se donner des moyens pour l’atteindre? Qu’elle est drôle, notre République !