Lorsque son nom avait été proposé pour la Légion d’honneur afin de saluer son rôle dans la libération en 2008 de dix marins français du Bourbon Sagitta enlevés au large de la péninsule de Bakassi, Edgard Alain Mebe Ngo’o, alors ministre camerounais de la Défense, avait souhaité d’abord demander l’autorisation du président Paul Biya.
Il avait également souhaité que la cérémonie se tienne non pas à l’Élysée mais au ministère de l’Intérieur, place Beauvau. Vaines précautions, puisque ses ennemis ont tout de même retourné l’événement contre lui, l’accusant d’être un dauphin venu se faire adouber à Paris.
Dirigeant autoritaire
L’actuel ministre des Transports, 60 ans, doit son ascension à son tempérament de dirigeant autoritaire. Ainsi, ce fils d’un député fédéral devenu jeune préfet de la capitale tape dans l’œil du chef de l’État en 1997, quand il enjoint à Titus Edzoa, intime de Paul Biya qui venait de démissionner du gouvernement, d’observer un devoir de réserve.
Paul Biya lui en sait gré et l’appelle à ses côtés. Le voilà directeur du cabinet civil puis patron de la police (2004-2009), avant de passer à la Défense (2009-2015). Il y a laissé une empreinte d’homme à poigne. Profitant de la réforme de l’armée, il a mis à la retraite des généraux réputés inamovibles et en a fait révoquer un pour insubordination.
Réseau
Mebe Ngo’o est proche de Basile Atangana Kouna, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, et d’Issa Tchiroma, ministre de la Communication. Il compte parmi ses amis Paul Atanga Nji, le ministre délégué à la présidence, secrétaire permanent du Conseil national de sécurité, et Lekene Donfack, ex-ministre de la Ville.
Ses relations sont cordiales avec René Sadi et Louis-Paul Motaze, mais glaciales avec Laurent Esso, Jean Baptiste Bokam, secrétaire d’État à la Défense, et Remy Ze Meka, l’ex-ministre de la Défense. Son tempérament lui vaut beaucoup d’ennemis, notamment parmi ses ex-collègues du gouvernement arrêtés lorsqu’il était à la tête de la police.