La dernière élection présidentielle s'est déroulée au Cameroun le 9 octobre 2011 et le vainqueur, le président Paul Biya, a prêté serment et est entré en fonction le 3 novembre 2011.
Le président de la République étant élu pour un mandat de sept (7) ans, il en ressort que la prochaine échéance élective à la magistrature suprême aura lieu, sauf cas de vacance ou d'empêchement du président de la République, vraisemblablement entre les 14 septembre et 14 octobre 2018, conformément à l’article 7 alinéa 1 de la constitution de 1996 qui dispose que: « le Président de la République élu entre en fonction dès sa prestation de serment » et à l'article 116 alinéa 3 du code électoral de 2012 selon lequel: « l'élection présidentielle a lieu au moins vingt (20) jours et au plus cinquante (50) jours avant l'expiration des pouvoirs du Président de la République en exercice ».
Cette assertion est confortée par l'exclusion de la formule de l'élection présidentielle anticipée validée en séance plénière d'adoption par les députés lors du débat constitutionnel de 1995. Cependant, les calculs politiques des détenteurs actuels du pouvoir pourraient éliminer ce schéma constitutionnel et motiver l’opportunité d’un scrutin anticipé.
Pendant que les états-majors des différents partis politiques, les leaders de la société civile et autres dauphins activent leurs lobbies et affinent leurs stratégies relativement à cette échéance importante, il y a lieu de s'attarder sur les dispositions de la Constitution camerounaise et du code électoral précisant les critères de candidature à l'élection présidentielle camerounaise de 2018.
Analysons ainsi tour à tour: les critères, d'âge, de nationalité, d'antécédent judiciaire, de résidence, de caution financière et d'investiture des présidentiables de l'échéance de 2018; l'objectif n'étant pas de débattre la constitutionalité ou non de ces formalités mais d'informer l'opinion sur les conditions de candidature à l'élection présidentielle conformément à la nomenclature juridique y relative et actuellement en vigueur.
La Constitution camerounaise, en son article 6 alinéa 5, règle les critères d'âge (au moins 35 ans révolus à la date de l'élection), de nationalité (nationalité d'origine, ce qui exclut les naturalisés et titulaires d'une double nationalité) et d'antécédent judiciaire (jouissance de ses droits civils et politiques sur présentation d'un bulletin N°3 du casier judiciaire datant de moins de trois mois au moins avant l'échéance).
A ces critères simplifiés de candidature contenus dans la Constitution du Cameroun (il n'y est même pas fait cas du sexe des candidats, encore moins du bulletin de santé, du niveau d'éducation ou de l’appartenance religieuse), se sont rajoutées des formalités fixées par la loi électorale. Il en est ainsi de la condition de résidence continue au Cameroun pendant au moins douze mois consécutifs avant l'élection, contenue dans l'article 117 du Code électoral de 2012.  
Les conditions d'investiture des candidats quant à elles sont reprises par l'article 121 du Code électoral précité. Il y est précisé que les candidats à l'élection présidentielle peuvent être investis soit par un parti politique soit par une candidature indépendante soutenue par au moins trois cents (300) signatures issues soit des membres du Parlement ou de Chambre consulaire, soit des conseillers régionaux ou des conseillers municipaux, soit des chefs traditionnels de premier degré, à raison de trente (30) signatures par Région. L'alinéa 3 de l'article précité vient durcir davantage cette formalité
pour les partis politiques en prévoyant que pour ceux non représentés à l'Assemblée nationale, au Sénat, dans un Conseil régional ou dans un Conseil municipal, l'exigence des trois cents (300) signatures s'applique exactement comme prévu pour les candidatures indépendantes. Cette condition est davantage verrouillée par le législateur suite à l'imprécision du texte en ce qui concerne la représentation cumulée ou unique des partis politiques au sein de chacune des institutions ci-haut citées.
Un dernier critère non moins significatif est celui du cautionnement financier. L'article 124 du code électoral oblige le candidat à l'élection présidentielle à verser une caution de 30 millions de FCFA au trésor public. Cependant, l'article 147 du code électoral stipule que ce cautionnement peut être restitué au candidat si ce dernier « retire sa candidature avant l'impression des bulletins de vote » par l'institution en charge de l'organisation des élections ou si « le candidat est élu ou a obtenu au moins 10% des suffrages valablement exprimés ».
A la lumière de ce qui précède et compte tenu du caractère contraignant et résolument impraticable de la candidature indépendante, les candidats du RDPC, SDF, UNDP, UDC, UPC, MDR et MRC semblent être favoris, ces partis politiques étant représentés au moins à l'Assemblée nationale et au sein des communes. De plus, cette liste pourrait davantage être réduite à l'aune du critère de cautionnement financier. Ainsi, par des artifices bien huilés, le législateur a savamment mis hors course les candidats des micro-partis au profit de ceux des poids lourds. Cette approche tirerait sa source du constat selon lequel, lors des dernières élections présidentielles de 2011, 93% des suffrages exprimés auraient été partagés entre les quatre premiers partis politiques, notamment: le RDPC, le SDF, l'ADD et l'UDC.
Encore que dans l’un ou l’autre cas, il n’est pas à exclure la possibilité de l’émergence d’un outsider qui déjouerait tous les pronostics et calculs politiques en se frayant une voie vers la fonction suprême, mettant à son profit la crise des partis politiques traditionnels qui peinent à féconder l’avenir, susciter des avancées socio-politiques effectives et initier les multiples réformes et un leadership tant attendus pour mieux hisser le Cameroun aux cimes vers lesquelles il aspire tant.