Présidentielles 2018: les chances de Paul Biya s'amincissent

Paul Biya Mystère Le candidat du RDPC en 2018

Mon, 29 May 2017 Source: Vitalis Essala

J’entends des pleurs, des rumeurs, et des stupeurs s’élever çà et là ; ici et là-bas ; partout en même temps. J’entends des personnes bien intelligentes, des éduqués, mais aussi des béni-oui-oui, élever des voix quelque peu intrigantes, quelque peu décourageantes et surtout des voix écœurantes. J’entends dire que le macronisme n’est pas africain.

Pas grave ; nous n’avons pas besoin d’être Macron ni de l’émuler. Nous sommes africains et cela vaut pour nous.

Oui j’entends dire qu’un jeune de quarante ans ou moins ne peut remporter la présidentielle en Afrique ; surtout pas au Cameroun. Et toute ambition allant dans ce sens est découragée sous prétexte que Biya aura déjà gagné le vote avant même que le premier bulletin ne soit jeté dans l’urne.

Et je me demande si ceux qui conseillent à s’abstenir cherchent l’achèvement du Cameroun ou s’ils sont vraiment animés de bonnes intentions. Quoi qu’il en soit, je ne crois aucune de ces mises en gardes qui donnent Biya pour un dieu imbattable.

Je refuse de croire que Biya est imbattable, car c’est un homme et tout homme est battable. Et oui, il a corrompu le système jusqu’au sang, de sorte que tous les superviseurs des élections obéiront aux ordres. Peut-être que oui ! Jusque-là ce n’est pas clair si ce qui a marché des fois et des fois et des fois encore marchera cette fois-ci.

Peut-être que ça ne marchera pas cette fois-ci. Ou une autre fois. Et s’il y a une seule chance que la tactique Biya ne marche pas, je pense, et j’y crois, il faut saisir cette seule chance.

Je crois, et dur comme fer, que ces superviseurs d’élections, qui ont toujours obéi aux ordres de Biya, peuvent aller contre ces normes dérangeantes au moins une fois. Et cette seule fois doit être mise à profit. Et cette fois-là peut être en 2018. Il y a donc raison d’espérer et d’encourager les

jeunes à s’intéresser à la politique. Davantage, il faut encourager des jeunes à se présenter à la présidentielle. J’y crois et j’y vois une issue.

Dire que la candidature d’un jeune l’année prochaine contribuerait à légitimer la victoire de Biya est peut-être vrai. Mais s’abstenir de se présenter pour cette même raison est non seulement un mal à soi-même, mais aussi, c’est un mal et un tort causé aux camerounais qui ne rêvent plus que d’un sang neuf. Biya n’est pas un dieu. Il est un homme et il est battable.

Tous ceux qui œuvrent pour le bien commun travaillent et cèdent la place à un successeur. Dans l’histoire récente nous avons vu Hollande trôner sur le sommet de l’excellence. Sa présidence n’a pas été un succès dans un sens purement politique.

Et il est le premier à le reconnaître. Pour le prouver il a déclaré le 1er décembre 2016 qu’il avait décidé de ne pas être candidat à sa propre succession. Parlez-moi d’un grand homme. Un grand n’est pas celui qui ne connait pas d’échec. Mais un grand est celui qui reconnait sa faillibilité, regrette ses limitations, apprend de ses erreurs et avance vers l’excellence même si cela signifie quitter les affaires.

Charles de Gaulle confiait qu’il faut quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent. Nelson Mandela a fait un seul mandat et s’est retiré de la présidence alors même que tout le monde lui aurait su gré de continuer. Ahidjo aurait bien pu avoir reçu de diagnostiques déconcertants, mais s’il avait été malintentionné, il se serait cramponné au pouvoir.



De grands hommes, je les respecte, les hommes individualistes, nous devons les dénoncer. Et s’il vous plaît ne me dites pas que Biya est le seul homme avec un programme politique viable.

Prenez une bouffée d’air et remettons-nous à table. Vraiment ? Biya est le seul avec un programme politique ? Mais que non ! D’ailleurs tout le monde à sa place donnerait cette impression ! Il a à lui tout seul un collège de professeurs agrégés entrainés dans les sciences humaines et sociales.

Au lieu de le conseiller sur les vrais problèmes sociaux et comment les résoudre ils travaillent à détourner l’attention du peuple sur ces mêmes problèmes et s’éterniser au pouvoir, eux, leurs fils, et leurs petits-enfants. Biya a à lui seul une CRTV et une Cameroon Tribune aussi fidèles qu’une caisse à résonnance. Ils ont les moyens dont ils ont besoin et tout ce que vous direz sera éteint comme une ampoule.

Ces médias se sont récusés de jouer le rôle originel d’un organe de presse et se livrent à la propagande gigantesque du seul monarque de la république. Encore Biya a à lui tout seul tous les grands hommes d’affaires du pays. Il les a dans la poche et peut même se permettre de les foutre en prison (eux et/ou leurs enfants) sans se casser le corps. Allez dire. Donnez ce pouvoir magique à quelque primitif des bois et vous verrez bientôt qu’il vous éblouira.

Mais, et nous y sommes, en parlant de programme politique, à quoi vous référez-vous déjà ? Biya a parlé d’émergence 2035 et vous croyez à ce lavage de cerveau ? Réveillez-vous de grâce, mais nom d’une jeunesse ! Vous attendez vraiment 2035 pour être émergent ?

Donc une personne qui est née en 2000 aura 35 ans quand le plan de seigneur Biya atteindra son climax. Et dire qu’une telle personne aura passé une jeunesse pauvre et sans ambition c’est dire qu’une telle personne n’est pas invitée à jouir de l’émergence de Biya. Et qu’en est-il de ceux qui sont nés en 1990 ? Et ceux de 1980 ? Bien entendu laissons tomber, ceux de 1970 sont déjà vendus à la braderie. O Cameroun !

Auteur: Vitalis Essala