Problème anglophone: quel problème anglophone ?

41822 Emeutes Bamenda081216600 Est-ce qu’il n’ya que les étudiants anglophones à l’université de Buéa ?

Mon, 16 Jan 2017 Source: Pauline Poinsier-Manyinga

Quand les étudiants se sont révoltés dernièrement à Buéa pour rentrer dans leurs droits, était-ce un problème anglophone ? Est-ce qu’il n’ya que les étudiants anglophones à l’université de Buéa ? Les images diffusées dans le monde entier de ces jeunes étudiantes que policiers et gendarmes ont déshabillées, violées, sodomisées, dépouillées de leur argent, de leur téléphone portable, de leur dignité, précisaient-elles en particulier des ressortissantes anglophones ?

Sinon, qu’on me fiche  une fois pour toutes la paix, avec ce maudit problème anglophone. Un anglophone c’est quoi ? C’est quelqu’un qui pense tout d’abord en Anglais, et s’exprime tout aussi spontanément. Il devrait en être de même avec un francophone, me diriez-vous. Que nenni ! Certes, je ne pense pas ni ne m’exprime spontanément en Anglais, mais je peux vous assurer que moi Mami Pau, j’ai appris l’Anglais à l’école ! Je m’exprime assez bien dans cette langue que j’entends, et que j’écris par ailleurs. Je suis donc bilingue, car je parle 02 langues étrangères. Je me débrouille aussi pas mal en Allemand.

Je suis donc trilingue. Mais je ne suis ni Française, ni Anglaise, ni Allemande ! Je suis une Bassa de bonne souche, même si une bande de débiles s’est assise un jour quelque part dans des fauteuils molletonnés et, en buvant du champagne et du Brandy, a décrété, sans consulter le peuple, que les 02 langues officielles du Cameroun étaient désormais, le Français et l’Anglais. Au mépris de nos propres cultures, de nos propres croyances, de nos identités et de nos traditions ! Ceux qui étaient en terrain conquis français devinrent les Francophones, et ceux qui se trouvaient en terrain conquis anglais devinrent les anglophones , ceux-là mêmes, qui posent problème aujourd’hui.

Pourtant, sans mentir, il ne devrait rien en être. Digne fille de Ruben Um Nyobè, je suis Bassa, mais je peux vous assurer, pour ma part, qu’il n’ya pas de problème anglophone dans ma tête. Quand j’arrive au marché à Limbè et que mon pidgin est si minable et que mon Anglais n’est pas compris, je tends l’oreille : il ya des Bassas anglophones à Limbè. Je fais donc mon marché sans problème, tout comme j’éprouve beaucoup de plaisir à échanger dans ma langue maternelle. C’est ainsi que nous devrions tous réagir, dans notre langue maternelle.

Vous savez quoi ? Si on avait de bons dirigeants, il ya des décennies que le bilinguisme serait obligatoire dans ce pays, depuis l’école maternelle à la Fac, et jusque dans la vie professionnelle. On n’aurait pas alors aujourd’hui, ces faux problèmes anglophones dans la traduction des textes Ohada, et toutes ces hésitations douteuses qui ont pu dans un 01er temps, empêcher une bonne interprétation de la common law. Vous voulez être bilingues ? Eh bien, soit ! Mais soyez-le parfaitement… Car beaucoup de fraudes viennent du bilinguisme : Biya qui ne s’adresse qu’aux francophones dans ses discours de chef d’état. Fru Ndi, libraire de son état qui entend tout ce qu’on dit en français, mais fait comme s’il n’entendait rien ! L’homme a aussi profité de ce bilinguisme à la Tripartite où il avait portant pris part activement, pour devenir 01er opposant malgré lui.

Comme la version en Anglais n’était pas prête, il a pris la clé des champs pour rentrer nuitamment à Bamenda. Malgré tout, Benjamin Zébazé et moi,ainsi que Tchounkeu Sévérin et Pius Njawe, avions décidé d’en faire un héros de l’opposition. Pour ne pas décevoir le peuple, tout en espérant qu’il deviendrait un vrai opposant. Croyez-moi, Fru Ndi n’est pas un héros… Je pense qu’il est grand temps pour le gouvernement de prendre ses pleines responsabilités. Reconnaitre tout d’abord que seul le Cameroun est bilingue, pas les Camerounais, et dès lors, ne nommons que des magistrats et enseignants anglophones ou parfaitement bilingues, dans les zones anglophones.

C’est logique ! Est-ce si difficile à imprimer dans la tête ? Et pourtant, c’est à cause de toutes ces incompréhensions et un bras-defer idiot que de sombres forces veulent s’emparer de légitimes revendications pour essayer de mener le Cameroun là où on ne veut pas aller trop loin ! Vous savez quoi ? Amon avis, le problème est plutôt francophone…

Auteur: Pauline Poinsier-Manyinga