Quand le pouvoir choisit ses opposants - autopsie d'un sabotage électoral

President Paul Biya Ngoh Chantal Le régime a choisi ses propres opposants

Mon, 28 Jul 2025 Source: Alex Kamta

Au Cameroun, le mot “élection” est devenu synonyme de mise en scène. Et comme dans toute bonne pièce de théâtre tragique, les rôles sont distribués d’avance : le héros est muselé, le traître est promu, le public est endormi — et le metteur en scène, bien sûr, reste caché derrière le rideau de velours noir du pouvoir.

Ce samedi encore, alors que l’on croyait que le ridicule avait atteint son apogée, le professeur Maurice Kamto a été exclu de la course présidentielle, au motif grotesque d’une “pluralité d’investiture” au sein du MANIDEM. L’unique véritable adversaire du système s’est vu retirer le droit fondamental de concourir, non pas parce qu’il n’était pas en règle, mais parce que sa présence dérangeait trop.

Et comme pour appuyer ce que beaucoup murmuraient déjà, Valère Bertrand Bessala — un ancien candidat à la présidentielle — est sorti du silence pour tout dire, tout balancer. Et quelle gifle !

LE MARCHÉ NOIR DE L'OPPOSITION

« On m’a demandé 60 millions pour une investiture », confesse-t-il. Pas dans un ministère, mais dans un parti politique de l’opposition. Oui, vous avez bien lu. L’opposition camerounaise est devenue un supermarché où l’on vend des investitures au plus offrant. Des partis transformés en agences de placement électoral, sans idéologie, sans colonne vertébrale, juste des étiquettes disponibles pour le meilleur portefeuille.

Mais ce n’est pas tout. Il ajoute : “Le régime donnait de l’argent à certains partis d’opposition en leur imposant d’investir tel ou tel candidat.” C’est là que le rideau tombe : le pouvoir ne choisit pas ses adversaires par mérite démocratique, il les fabrique de toutes pièces. Des candidatures “domestiquées”, prêtes à servir de figurants, pendant que le vrai match se joue… sans adversaire.

UNE FARCE ÉLECTORALE GRANDEUR NATURE

Dans ces conditions, faut-il encore parler de démocratie ? Quand une double investiture est créée artificiellement pour bloquer une candidature gênante, c’est l’État de droit qu’on met en garde à vue, menotté par des institutions devenues bras armés d’une seule volonté : celle du régime RDPC.

Le Conseil électoral, loin d’être un arbitre neutre, devient le prolongement administratif d’un coup d’État permanent. Le MINAT, censé accompagner les partis, se transforme en commis de basse besogne, allant jusqu’à modifier les données officielles d’un parti politique sur son site internet officiel pour y insérer un pantin sorti du tiroir poussiéreux de l’oubli politique.

ET LE PEUPLE DANS TOUT ÇA ?

Le peuple camerounais n’est pas dupe. Même ceux qui n’aiment pas Kamto savent que lui seul pouvait, peut et pourra faire trembler le palais d’Etoudi. Et le pouvoir aussi le sait. Voilà pourquoi il préfère jouer un match contre des candidats sur mesure, choisis pour perdre avec élégance, valider les résultats, brandir sa légitimité et sourire sur les plateaux télé.

La vérité, c’est que la fraude n’est pas un accident au Cameroun : elle est la colonne vertébrale du régime. Sans elle, il n’y aurait plus ni président, ni mandat, ni imposture institutionnelle.

L’HEURE DE LA LUCIDITÉ ET DE LA MOBILISATION

À l’heure où Kamto prépare son recours au Conseil Constitutionnel, ne vous laissez pas distraire. Que les jeunes, les enseignants, les commerçants, les artistes, les croyants, les sceptiques — tous ceux qui espèrent une alternance — comprennent que ce combat n’est pas seulement celui d’un homme. C’est le combat du peuple contre le mensonge, contre l’humiliation, contre l’injustice.

Le régime a peut-être momentanément enlevé Kamto de la liste, mais il ne peut pas effacer son nom de l'histoire de l'éveil et surtout dans les cœurs des camerounais. Il ne peut pas annuler l’espoir qu'incarne le professeur.

CONCLUSION : LES USURPATEURS FINIRONT PAR TOMBER

Comme le dit si bien Valère Bessala, ce n’est pas une élection, c’est une opération de diversion. Mais même les plus grands illusionnistes finissent par être percés à jour.

Nous avons vu d’autres dictatures tomber. Elles avaient aussi des institutions verrouillées, des partis d’opposition achetés, des chaînes de télévision à leur solde… Mais elles sont tombées, parce que rien ne tient éternellement face à la vérité.

Et la vérité, c’est que Maurice Kamto n’a jamais été disqualifié par la loi, mais par la peur.

Auteur: Alex Kamta