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Quand le pouvoir devient une seconde nature

Sat, 7 May 2016 Source: camer.be

Nous sommes souvent estomaqués par des intellectuels qui ont de scrupules à employer des arguments de mauvaise foi, à énoncer des théories fausses afin d'emporter l'adhésion de ceux qui les suivent à la limite.

Dire la vérité chère messieurs, oblige à un effort supplémentaire de concision. Proférer un mensonge est plus disqualifiant.

Il faut être sot pour suivre leurs litanies en faveur de leur mentor.

Tout le monde connaît ce phénomène qui vous met dans un état lamentable après une nuit bien arrosée.

On essaye tout pour tenter d’apaiser les maux de tête, la langue pâteuse, les jambes qui flagellent et les grenouilles qui dansent dans l’estomac.

C'est après avoir trouvé la vraie thérapie pour ces maux de tête que l'on commence à se poser des questions sur ce qu'on a vu la veille, ce qu'on a posé comme acte etc…

La question que nous nous posons ce jour est celle liée à cette image qui est en train de faire le Buzz sur la toile.....

Sur cette image, à l'occasion d'une visite récente de deux jours au Nigeria du président camerounais (séjour achevé le mercredi 4 mai dernier, Ndlr), le président nigérian Muhammadu Buhari, dans une posture de gentlemen, présente à Paul Biya, le chef de l’Etat du Cameroun depuis 1982, les images des différents présidents qui se sont succédés à la tête de son pays, le Nigeria.

Comme un guignol devant un podium de scène théâtrale, Paul Biya affiche un sourire forcé...

Il est surpris d’entendre de la bouche de son homologue que le Nigeria depuis son accession à l’indépendance a connu le règne de 13 présidents...

Pendant que le Cameroun n’a connu que deux chefs d’Etat depuis son accession à l’indépendance en 1960.

Depuis 1982 au Cameroun, rien n’a changé à la tête du pays, à part que les caisses de l’Etat, ont été vidées, pillées avec l’aval des complicités diverses...

Oublier que cela fait presque 33 ans que nous sommes dans un pays dirigé par des gens qui n’ont pas reçu le moindre vote de la majorité citoyenne.

Un pays où l’on met en prison quand on veut et comme l’on veut.

Un pays où l’on n’arrête pas de changer de PM, de ministres, de hauts fonctionnaires, … comme si le mot d’ordre était que chacun puisse se servir dans la gamelle.

Oublier que du point de vue économie, c’est le désastre total. Des centaines d’entreprises qui ont fermé leurs portes.

Des dizaines de milliers de chômeurs urbains désœuvrés et qui ne peuvent qu’entraîner des problèmes sociaux insolubles.

Des aides budgétaires qui ne viendront pas.

Oublier que nous avons une Armée complètement formatée à la solde du pouvoir en place et qui sert tout, sauf la Nation. Des militaires qui pensent qu’il suffit d’avoir une grande gueule pour avoir des promotions.

Oublier que du point de vue diplomatique, nous sommes isolés dans un monde où au contraire, même les ennemis d’hier essaient de trouver ensemble des solutions aux problèmes de plus en plus complexes d’un monde moderne.

Sur ce point particulier de la diplomatie, je dirai que les représentations étrangères qui viennent présenter des lettres de créances ou autres devant le pouvoir actuel, insultent le peuple camerounais.

On ne verra jamais dans un autre pays des lettres de créances présentées à des gens qui ne sont pas bien élus et qui refusent l’alternance à la tête de leur pays depuis des décennies.

Oublier que du point de vue de la démocratie et de l’État de droit, nous sommes revenus bien en arrière, bien loin avant l’Indépendance.

On emprisonne à tout va comme si c’était la solution aux problèmes de troubles politiques du pays.

On emprisonne même des journalistes dont la seule faute serait d’avoir donné la parole.

On en est même venu à casser des micros, vilaines machines qui ont osé amplifier et transmettre la parole.

Des bois de roses exportés avec le minimum de taxes, avec la complicité totale du pouvoir en place.

Du pétrole volé à la SONARA que l’on retrouve dans les bidons des contrebandiers dont on ne saura jamais au profit de qui.

Les appels d’offres lancés dont les bénéficiaires ne sont autres que les auteurs de ces offres…

Je rappelle quand même à toute cette bande d’assoiffés de pouvoir et de l’argent qui va avec, qu’attribuer des marchés dont les conséquences vont aller sur plusieurs générations, tout citoyen serait en droit d’exiger la vérité et les conditions d’une telle transaction.

Oublier l’insécurité des biens et des personnes, aussi bien en ville, sur les routes que dans la campagne profonde.

Ce qui est, quoique l’on dise, le signe d’une absence totale de l’autorité de l’État.

Je rappelle que c’est le premier, le tout premier, devoir de l’État que d’assurer la sécurité de ses citoyens. Alors qu’actuellement, il semble que le premier devoir du pouvoir en place est d’assurer sa propre sécurité pour qu’il y reste.

C’est bien beau tout cela mais nous voilà revenu à la réalité, et elle est cruelle. Tous ces problèmes nous reviennent dans la figure et ne se sont pas résolus le temps de la « cuite. Bien au contraire.

Ce n’est certainement pas parce que quelques experts en droit public se réunissent pour essayer de déchiffrer les souhaits en tous genres, ou d’établir des Institutions théoriquement solides, que le miracle viendra d’une nouvelle République.

La réalité politique de notre pays c’est que nous avons à sa tête un homme qui ne représente que lui-même et sa clique.

La première des choses à faire c’est donc d’essayer de mettre à la tête, même provisoirement, une personne qui sera élue par le peuple, pour le représenter.

Pour moi, c’est la seule solution pour essayer de sortir de ce bourbier le plutôt possible.

Pour éviter un enlisement, il faudra un accord solennel sur un calendrier global qui inclura la prise en compte de la question la plus contentieuse, la désignation d’un chef d’État légitime et reconnu par tous.

Un consensus est indispensable. Biya n’a jamais été et ne sera jamais un chef d’Etat digne et respectable.

Imaginez que l’on passe en 2018 à des élections législatives et présidentielles avec toujours Biya à la tête de l’État.

Les députés ainsi élus par le peuple vont aller faire courbette à un Président de nulle part et qui n’a été élu par personne sauf ses sbires ?

C’est ce même Président qui va nommer un Premier Ministre en charge de conduire un Gouvernement ?

Et c’est cette même personne qui va représenter notre pays auprès du monde ?

Alors, mesdames et messieurs du pouvoir, vous êtes en train de tuer notre pays à petit feu.

Réveillez-vous, vous n’êtes pas du tout légitime, alors ne soyez pas en plus à la fois les assassins et les fossoyeurs de notre pays.

Auteur: camer.be