Alors que d’aucuns trouvent insuffisante l’assistance française, Paris pose des actes, comme pour couper l’herbe sous les pieds de ses pourfendeurs.
L’information n’a pas fait les choux gras de la presse. Un détachement d’instruction opérationnelle des éléments français au Gabon (efg) composé d’une dizaine de militaires français officiers, sous-officiers et militaires du rang vient d’œuvrer à Ngaoundéré aux côtés des forces armées camerounaises, dans le cadre de l’appui apporté par la France aux forces spéciales et aux unités de déminage. s’inscrivant dans le cadre de l’accord du 21 mai 2009 qui institue un partenariat de défense entre le Cameroun et la France, ces formations dispensées du 19 au 30 septembre ont permis aux futurs commandos d’acquérir des techniques très spécialisées et donné aux sapeurs du génie l’aptitude à déminer et désamorcer les engins explosifs improvisés (Ied) utilisés régulièrement par la secte Boko Haram sur les axes de l’extrême-Nord du Cameroun.
Toujours dans le cadre de d’appui de la France dans la guerre contre Boko Haram, un détachement de liaison et de contact composé de deux officiers français avait été déployé le 19 mars 2015 à Maroua auprès de la 4ème Région militaire interarmées. Le communiqué de l’ambassade de France précisait alors que «ce détachement [était] mis en place dans le cadre l’Accord de partenariat de défense entre la France et le Cameroun, avec le plein accord des autorités camerounaises».
La mise en œuvre du partenariat de défense entre la France et le Cameroun ne tiédit pas pour autant les soupçons qui pèsent sur l’Hexagone, qui selon certains avis, pas du tout marginaux à une certaine époque, utiliserait la secte Boko Haram «pour déstabiliser le Cameroun, en complicité avec des forces endogènes». Le pic de ce sentiment anti-français, en rapport avec la guerre contre Boko Haram, a été atteint lorsque l’ambassadeur de France, Christine Robichon, a été huée le 28 février 2015, au cours de la «marche patriotique» organisée au Boulevard du 20 mai, à Yaoundé, par le collectif «Unis pour le Cameroun».
Quelque temps après cette rebuffade, la diplomate française précisait le 5 mai 2015, la nature du soutien de la France au Cameroun, dans la guerre contre Boko Haram sur les antennes d’équinoxe radio : «Ces soutiens spécifiques, c’est d’abord les renseignements. Le renseignement est essentiel dans la lutte contre le terrorisme, le renseignement coûte cher parce qu’il nécessite des moyens aériens, des moyens humains, des capacités particulières. Nous apportons aussi des formations, et des formations tout à fait spécialisées qui répondent aux besoins particuliers d’une lutte contre le terrorisme».
L’accord rénové de partenariat de défense entre le Cameroun et la France (le précédent datait de l’époque des indépendances), conclu le 21 mai 2009, est entré en vigueur le 1er août 2012. Au cours du comité de suivi de cet accord, le 24 avril 2014, la France, par la voix de Christine Robichon, avait réaffirmé son attachement «au développement des capacités africaines de maintien de la paix».
Opportunément, l’ambassadeur de France rappelait alors au ministre de la Défense que «lorsqu’en 1996, les deux tiers de la presqu’île camerounaise de Bakassi ont été occupés, votre gouvernement a sollicité une (…) protection. En vertu de l’accord de défense liant nos deux pays, la France a déclenché en février 1996 l’opération Aramis, qui s’est essentiellement traduite par un appui en termes de renseignement, de formation opérationnelle et de conseil. Cette opération a contribué à geler le conflit, permettant à la diplomatie de prendre le pas sur les armes. Elle a pris fin le 31 mai 2008, deux mois avant la restitution de la presqu’île en application d’une décision de la Cij validée par les accords de Greentree».