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Quelle réponse à la crise du pétrole ?

Mon, 11 Jan 2016 Source: Jean-Paul Pigasse

Venue à Yaoundé, la capitale du Cameroun, pour participer à une table-ronde avec les ministres des Finances des six pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a évoqué vendredi les voies qu'il convient de suivre pour combattre les effets négatifs de l'effondrement des cours du pétrole sur les économies de cette partie de l'Afrique.

Et, bien sûr, elle a inscrit en bonne place l'intégration régionale sur la liste des dispositions à prendre rapidement si l'on veut combattre la crise qui frappe de plein fouet les six pays de cette communauté.

S'il est vrai que l'organisation d'un vaste espace régional dans cette partie de l'Afrique permettrait de résoudre les problèmes que pose aux pays producteurs la chute vertigineuse du prix des hydrocarbures, la réalisation de ce grand projet s'avère beaucoup plus compliquée que ne le pense et ne le dit la patronne du FMI. Deux obstacles se dressent, en effet, sur la route qui peut conduire à la création d'une véritable communauté économique de l'Afrique centrale :

Le premier est la conséquence à très long terme de la politique durant toute l'ère coloniale qui se bornait à exploiter les matières premières minérales et végétales dont regorge la région sans se préoccuper de créer des marchés locaux. Cette politique, qui permit aux puissances européennes de s'enrichir et de développer leur propre industrie, a eu pour résultat de creuser des fossés entre les différentes parties de la zone.

Si bien qu'ayant donné naissance il y a un peu plus de cinquante ans à des Etats indépendants, la fragmentation de l'espace naturel a empêché jusqu'à présent toute véritable mise en commun des moyens qui permettraient l'édification d'une véritable communauté régionale. Celle-ci ne pouvant s'édifier que sur la construction de voies de communication permettant aux populations de commercer et d'échanger, l'enclavement des zones éloignées de l'Océan a bloqué jusqu'à une date récente le mouvement qui aurait permis de franchir un pas décisif sur la voie du développement durable.

° Le deuxième obstacle est né de la mise en place, sitôt l'indépendance acquise, de communautés disparates qui se font concurrence au lieu de mutualiser leurs efforts, d'abaisser les frontières artificielles élevées entre les peuples, d'équiper les voies fluviales qui constituent la principale richesse de l'immense Bassin du Congo.

Avec ses quatre communautés qui se recoupent et se jalousent, sans bien sûr le dire - la Cemac, la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (Ceeac), la Communauté économique des pays des Grands lacs (Cepgl), la Communauté du Golfe de Guinée (Cgg) -, l'Afrique centrale est certainement l'une des régions du monde les moins capables aujourd'hui de s'organiser en un tout cohérent qui, à l'instar de l'Union européenne, permettrait à trois cents millions d'êtres humains de vivre et de prospérer.

Si les quatorze ou quinze États qui composent le Bassin du Congo ne s'entendent pas de façon claire sur le processus à suivre pour apaiser leurs antagonismes et constituer une véritable communauté, l'on peut être certain que rien ne bougera.

Dès lors que des institutions comme le Fonds monétaire international s'affirment, par leurs voix les plus autorisées, convaincues que l'intégration régionale est la clé qui pourrait ouvrir la porte d'un avenir plus sûr, tous les espoirs sont permis. À la condition, bien sûr, que ces mêmes institutions jettent réellement leur poids dans la balance et mettent une partie de leurs puissants moyens à la disposition de ceux qui sont prêts, sur place, à mener ce combat historique.

Auteur: Jean-Paul Pigasse