Franck Biya est pressenti pour remplacer son père Paul Biya dans les hautes fonctions de l'État camerounais. Benjamin Zebaze revient avec des détails qui montrent clairement que le fils aîné du président Paul Biya ne pourra pas être président du Cameroun. Pour l'heure, nul ne peut rien confirmer. L'avenir mystérieux appartient à Paul Biya.
Voici l'intégralité de l'analyse de Benjamin Zebaze.
RELISONS ENSEMBLE MON TEXTE CI APRES
POURQUOI FRANCK BIYA NE SERA JAMAIS PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE CE PAYS
Ce post m’attirera de nombreux adversaires ; dois-je m’arrêter à de telles considérations ? Bien que n’étant ni devin ni prophète, voici mon « intime conviction ».
Franck Biya peut réunir tous les Généraux du monde, je ne vois pas de quels atouts il dispose pour diriger ce pays. Bien que ce soit une lapalissade que de dire que le Cameroun n’est ni le Tchad, ni le Togo ou encore moins le Gabon, le fait est qu’aucun de ces pays n’a ni notre diversité ethnique, ni notre diversité linguistique, ni notre diversité culturelle.
Dans tous les pays cités, en dehors de la capitale politique, aucune autre ville n’a l’envergure ni de Douala, Yaoundé, Limbe, Buea, Bamenda, Bafoussam, N’Gaoundéré, Garoua, Maroua … Si dès qu’on contrôle Ndjamena, Lomé, Libreville…on contrôle tout un pays, est-ce possible au Cameroun en cas de crise grave ?
DU TRIANGLE EQUILATERAL DU PROFESSEUR ROGER GABRIEL NLEP, A MON CARRE ÉQUIANGLE
Vous ne pouvez rien comprendre à ce qui nous attend sur le plan politique, si vous refusez de comprendre la notion de « triangle équilatéral » dont a parlé dès 1990, le regretté professeur Agrégé des Universités Françaises Roger Gabriel Nlep.
Il y a dans chaque pays, des hommes très en avance sur leur temps et Gabriel Nlep en fait partie. Il s’est fait insulté alors qu’il avait compris avant tout le monde, vers où se dirigeait ce pays.
Selon lui, « il ne fallait pas que les Camerounais soient enfermés dans un triangle équilatéral au sein duquel Beti, Bamiléké et nordistes voulaient enfermer les autres Camerounais ».
On est en plein dedans. Sauf que tenant compte de l’évolution de la situation, j’opterais pour un « carré équiangle » en y ajoutant les anglophones.
La tribu, la culture, la religion, la langue… au cœur des choix politiques
Je ne comprends pas pourquoi les Camerounais fuient les évidences : que cela soit une bonne ou une mauvaise chose, on voit bien que c’est l’appartenance à un groupe quelconque qui conditionne, plus qu’un homme ou un programme, le choix politique de très nombreux Camerounais.
A ce petit jeu, les Ekangs/beti, les Grands-Nordistes, les Anglophones et les Bamileké sont les groupes ayant le plus d’atouts à cause du grand nombre et les moyens pouvant servir une ambition.
Quand on suit bien l’évolution de ce pays, on voit bien que le Secrétaire Général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh, n’est que la partie visible qui cache un clan au-dessus duquel trône la première dame ; on sait aussi qu’à côté d’un homme affaibli, c’est lui qui dirige réellement ce pays, sous la tutelle bienveillante de la cheftaine de ce clan.
Ce groupe avance ses pions ; place ses hommes et peut légitimement penser, comme au Zimbabwé sous Mugabé, que le « vieux » à l’horizontale, il ne faudra que se baisser pour ramasser la mise : à mon avis, ils ont torts : mais ce n’est pas le sujet.
Vous croyez que ces gens vont se laisser doubler par un « blanc bec » novice en politique, ne maîtrisant ni l’appareil administratif, ni militaire (contrairement aux Deby, Bongo et Eyadema juniors) ? Ils vont se laisser faire au point qu’on vienne récolter impunément ce qu’ils ont semé patiemment ? Qu’avec les moyens accumulés, ils vont accepter, sans se battre, que ce qu’ils estiment être leur place revienne à un "goldem boy" juste parce qu’il n’a aucun autre atout que d’être le fils de… ?
Après le départ de Paul Biya, il faudra d’abord sortir vivant, au propre comme au figuré, d’une féroce bataille à l’intérieur du « vivier granitique » du Chef de l’Etat, dont on se rendra compte qu’il n’était pas aussi « dur » que cela.
Le Grand Nord : le favori des « sondages ».
Quand je lis tout le mépris envers les différentes actions menées par Guibaï Gatama, je suis triste de voir à quel point notre peuple est aveugle.
Contrairement à de jeunes comme lui qui ont atteint leur sommet de leurs rêves les plus fous en entrant au parlement et en s’improvisant « insulteurs » de grand-mère, ce garçon est l’un des plus dangereux (au sens positif du terme) de sa génération, voire de ce pays.
Parce qu’il est un des rares à avoir compris où allait nous mener le fameux triangle équilatéral du professeur Nlep : pour être prêt, chacun devra mobiliser au maximum son camp. Lorsque il publie des documents, des images, les Camerounais du Grand-Sud s’étranglent : mais ce n’est pas pour eux qu’il écrit. Il envoie aux Grands-Nordistes et au pouvoir des messages clairs et sans aucune ambiguïté :
- Il indique qu’ils font parties du groupe le plus imposant en nombre dans ce pays ;
- Du groupe le plus homogène ;
- Que malgré des nominations individuelles, ils sont les plus lésés en matière d’infrastructures ;
- Qu’ils ont les hommes, les moyens, la volonté et la détermination nécessaires pour reprendre le pouvoir ;
- Qu’ils ne sont pas les « moutons » que l’on croit...
Et ça marche, aidée par ; et des actes d’une incroyable imbécillité comme celui consistant à envoyer un « gêneur » comme Messanga Nyamding dans leur zone géographique; ça a achevé de convaincre les plus sceptiques parmi eux qu’ils ne sont, pour le pouvoir, « que du bétail électoral ».
Sur ce plan, le Grand-Nord a la meilleure stratégie face à ce qui nous attend. C’est d’ailleurs pourquoi, un expert en tribalisme, a bien compris le « danger » : il a compris que le vote bamiléké qu’il combat avec la dernière énergie qui lui reste est trop disparate pour être réellement dangereux. Si Mathias Owona Nguini a décidé de s’attaquer aux nordistes à travers Guibai Gatama, c’est parce que le vent de haine qui l’habite a laissé place à quelques secondes de lucidité.
Parce qu’avec le Grand-Nord, ils auront à faire face à une forte adversité car en face, ils se heurteront à des gens coriaces, déterminés, disciplinés, ayant des moyens et surtout pouvant bénéficier de base-arrière aussi bien au Tchad qu’au Nord du Nigéria, ou encore au sud du Niger où ils ont de la famille.
Les Camerounais auraient d’ailleurs dû se méfier lorsqu’Ahmadou Ali, alors l’un des hommes les plus puissants de la République, avait déclaré ceci : « Les trois régions du Nord qui sont ethniquement et culturellement différentes du reste du Cameroun vont continuer à apporter leur soutien à Biya aussi longtemps qu’il souhaitera demeurer président, mais le prochain président du Cameroun ne viendra pas de l’ethnie beti/bulu de Biya. Les Betis sont trop peu nombreux pour s’opposer aux nordistes, encore moins au reste du Cameroun. Des Bamilékés ont fait des ouvertures à des élites du Nord pour forger une alliance entre leurs régions respectives, mais les nordistes étaient si méfiants sur les intentions des Bamilékés qu’ils ne concluraient jamais une alliance pour soutenir un pouvoir politique bamiléké »
Malgré le tollé général, quel grand nordiste a joint sa voix aux cris des très nombreux naïfs que compte ce pays ? Ils continuent calmement et de manière imperturbable de tisser leur toile, loin de l’agitation des réseaux sociaux.
Que se passera-t-il après le départ de Paul Biya ?
En lisant juste question, des rdépécistes peuvent se suicider tant cette hypothèse leur est « inenvisageable ».
Je vois deux hypothèses:
Hypothèse 1 La constitution est respectée
Qui imagine que la constitution puisse, dans le contexte actuel, être respectée en cas de départ de Paul Biya ? A moins d’avoir de la boue en guise du cerveau, comment Niat Njifenji, qui ne doit plus bien savoir la différence entre le jour et la nuit, pourra conduire ce panier à crabes vers des eaux clémentes ?
Néanmoins, puisque l’hypothèse existe, il faut l’envisager :
- Le Rdpc devra se réunir pour choisir un candidat. Si par miracle ce parti choisi un candidat du issu du Grand-Nord pas assez mouillé par les magouilles du système comme le ministre Alamine Ousame Mey, l’élection est pliée si ce dernier rassure l’Extrême Nord.
Non pas parce qu’il bénéficie d’un bon bilan ou qu’il dispose d’un bon programme, mais simplement parce qu’il aura, faut-il le rappeler, une masse homogène pour le soutenir.
Tous les candidats qui ne veulent ni entendre parler de Kamto, ni de n’importe quel beti , vont se réfugier derrière l’aile protectrice de ce candidat issu du Grand-Nord.
Et le rôle de la France dans tout ça ?
On peut être, comme moi, contre la politique française en Afrique sans pour autant nier la réalité qui est que sans l’aval de la France, difficile de devenir Chef d’Etat dans ce pays.
Or, ces derniers détestent au plus haut point les bamiléké en qui, selon eux, on ne peut faire confiance. Ils apprécient le calme et le respect de la parole donnée qui dominent en général, le comportement des nordistes.
De nombreux indices montrent qu’ils préparent cette hypothèse. De peur de trahir mes nombreux amis, je ne serais pas très précis ; j’invite les Camerounais qui savent fouiner à observer quel est le groupe national le plus présent auprès de certaines puissantes multinationales françaises : je dis ça et je n’ai rien dit.
- Le Rdpc veut imposer un candidat beti du genre Franck Biya. Alors, ce sera un remake de 1958 quand le Grand-Nord, réuni autour d’Ahmadou Ahidjo Vice-Premier Ministre chargé de l’Intérieur, a lâché le 1er ministre André Mbida. Le Grand-Nord va présenter un candidat et le Rdpc perdra le bénéfice des voix de nombreux électeurs plus ou moins fictifs, qu’il a contribué à faire inscrire sur les listes électorales au Grand-Nord.
Dans cette hypothèse, un candidat du type Maurice Kamto, a toutes ses chances car dans mon carré équiangle, ça va tirer dans tous les sens.
Hypothèse 2 Le clan au pouvoir veut imposer un président du type Franck Biya par la force.
C’est très intéressant ce qui peut se passer. Parceque le pays va s’engager dans une longue période d’incertitude. Le Cameroun n’étant, comme je l’ai indiqué, ni le Tchad, ni le Gabon, ni le Togo de par sa configuration, on peut tenir le Yaoundé sans tenir le reste du pays.
D’ailleurs sans le Littoral et la zone anglophone, où Yaoundé va trouver tout l’argent qui permet à des oligarques de continuer à maintenir ce train de vie fou, malgré les crises multiples ?
Le Grand-Nord peut très bien se passer du reste du Cameroun et en cas de conflit armé, le Grand-Sud n’a pas les moyens de tenir sur la durée. Il faut savoir que toute la zone à la frontière de l’Extrême Nord abrite un Etat Nigérian dont Maïduguri est la capitale, essentiellement peuplée de…Camerounais devenus Nigérians après ce faux référendum au cours duquel français et anglais, se sont partagés le Cameroun.
L’Extrême Nord, officiellement la Région la plus peuplée de ce pays, a une population d’origine diverse avec des nigérians, des tchadiens, des nigériens, des soudanais…qui, à cause des guerres et de différentes migrations, se sont réunis dans la zone.
Pris en tenaille entre la zone anglophone qui, si les choses restent en l’état, va s’embrasser dès le départ de Paul Biya, le Grand-Nord qui se rebellera dans l’hypothèse Franck Biya: sur qui régnera le fils à papa avec l’Ouest et le Littoral au bord de l’implosion ?
Une telle situation complexe n’est pas favorable à Franck Biya.
Bien sûr que je peux me tromper, mais je ne vois pas comment les choses pourront se passer autrement.
Benjamin Zebaze