Réflexion : Propos libres sur le terrorisme

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Tue, 28 Jul 2015 Source: Le Jour

Un officier de l’armée décrypte l’approche de ces mouvements .Dans l'approche globale des mouvements terroristes, il y a environ 03 phases ou étapes principales

La montée en puissance ou préparation et mise en place

La consécration

La décrépitude ou reconstitution-

Dans la première phase, il s'agit de monter le mouvement autour d'une idéologie très souvent religieuse (corruption facile des esprits faibles et souvent facilitée par un climat ambiant de paupérisation).

Regrouper les fanatiques, les endoctriner en utilisant parfois l'argent comme appât, s'imposer dans un territoire bien précis en infiltrant les populations soit par la terreur, soit par la persuasion, rechercher les réseaux d'acquisition des armes et poser des actions médiatisées ou médiatisables (enlèvements, attentats contre des symboles forts, etc) en vue de se faire connaître.

Le mouvement se tisse aussi un réseau d'approvisionnement en matériels militaires de toute sorte et cherche à entraîner ses hommes

Dans la deuxième phase, le mouvement peut avoir réussi à s'imposer en faisant parler de lui, en se réclamant d'une autre association déjà bien connue dans le monde (phénomène des allégeances). Il peut alors se permettre de diffuser des vidéos sur ses idées (propagande), menacer des hommes politiques ou des Etats, s'attaquer aux structures économiques ou aux symboles forts des Etats, y compris des bases militaires-Dans la troisième phase, le mouvement est en perte de notoriété militaire sous la pression des forces régulières.

Il sombre inéluctablement dans des modes opératoires de simple "Nébuleuse" comme les attentats kamikazes en ciblant toujours les symboles forts (armée, bâtiments publics, etc). A défaut, il s'attaque aux populations civiles sans défense pour user moralement les troupes, leur imposer des fausses pistes dans la posture permanente de veille en même temps pour tenter de les soulever contre l'autorité étatique. Les trois phases sont interconnectées, le passage à la suivante étant conditionné par la précédente. La troisième peut souvent signifier que la fin du mouvement est proche.

Malheureusement, elle est souvent la plus stressante et la plus éprouvante au plan moral, voire la plus dévastatrice au plan des pertes humaines. Elle peut aussi permettre à la nébuleuse de reprendre du poil de la bête en se reconstituant une force militaire en cas de non vigilance des forces régulières. Les pistes de solutions se recrutent essentiellement dans l'implication effective des populations dans le cadre du renseignement.

Un attentat, ça se prépare, ça se met en place et ça s'exécute. Il faut donc disposer d'un lieu (aire géographique) à la fois sûr et non loin des cibles potentielles pour la préparation. C'est une vulnérabilité qui peut être facilement dénoncée aux autorités par les populations. Pour faire exécuter un attentat, il faut recruter des personnes au départ non converties.

Elles se recrutent dans des familles régulières ou au sein des groupes sociologiques constitués.

C'est une autre vulnérabilité qui peut être dénoncée aux autorités. E nfin, le déplacement des kamikazes conditionnés vers les cibles est loin d'être un modèle de discrétion, ce qui constitue une autre vulnérabilité. Dans les régions septentrionales, les chefs coutumiers ou traditionnels ont même l'avantage d'être en même temps des chefs religieux, ce qui en augmente à leurs capacités d'influence sur les populations.

Ce sont là de précieuses sources de renseignements pouvant être décisives dans le cadre de la lutte contre les modes d'actions actuelles de la secte Boko Haram momentanément ravalée au rang de simple nébuleuse.

Auteur: Le Jour