Révélations: les secrets inédits autour de la date du 20 Mai à Etoudi

Défilé Chantal Depuis 1972 le Cameroun célèbre le 20 mai chaque année

Tue, 3 Jul 2018 Source: Calvin Honoré Djouari

Chaque année, depuis 1972, le Cameroun célèbre le 20 mai qui rappelle qu’il était devenu la République Unie. Certes, il y a eu l’Unité des « deux Cameroun » mais sa légende bien trop belle et bien lisse a été forgée à posteriori et partiellement fabriqué à la hâte. Voici les raisons secrètes et historiques de cette fête du 20 Mai.

Depuis 1956, le Nigeria est un grand producteur de pétrole, ce statut confère à ce pays un rôle stratégique dans la sous-région de l’Afrique. Cependant le Nigeria n’est pas encore indépendant, c’est la couronne britannique qui en bénéficie. Après son indépendance en 1961, cet État nationalise son pétrole.

Le Nigeria prospère, s’équipe en infrastructures, se lance dans des grands travaux, achète et accumule des armes ; mais les coups d’état et les tensions se succèdent. À cause du pétrole les Nigérians vont même s’affronter dans une guerre horrible appelée « guerre du Biafra ». Mais ses voisins, notamment le Cameroun se font leur réflexion ; si le Nigeria a du pétrole dans le Delta du Niger, des régions qui ressemblent à peu de chose près à la région du Cameroun occidental, on s’imagine qu’il doit y avoir du pétrole aussi chez nous.

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C’est l’équation qui tournera dans la tête du Président Ahidjo pendant des jours. Puis il fait appel à des ingénieurs pétrochimistes, archéologues et biochimistes… Il leur est confiée la mission d’explorer les zones maritimes des côtes du Cameroun occidental. « Fouiller notre sous-sol, testez partout, creuser et recreuser », leur dit-il. A peine deux semaines de fouilles, l’odeur du pétrole embaume l’odorat des chercheurs, un rapport tombe sur le bureau du Grand Camarade.

A l’annonce de cette nouvelle, il a été dit que le Grand Camarade a fumé coup sur coup quatre paquets de cigarettes, il jetait son Mégot même pas à moitié terminé, il allumait un autre cigare en aspirant profondément la fumée, ôtait son chéchia, se caressant la tête pour effleurer son assurance. L’avenir d’un nouveau Cameroun se traçait dans son esprit après la confirmation des experts qui démontraient qu’il y avait bel et bien du pétrole dans nos côtes littorales. Le Président commence à prendre contact et effectue des visites secrètes dans le Cameroun occidental où il rencontre personnellement les notables et chefs traditionnels influents, « je viens comme ami vous rendre visite, pas comme Président », clame-t-il.

Il engage une vaste action de générosité, en octroyant des bourses à tous les enfants des élites, donnera des faveurs secrètes à ses compatriotes anglophones, partagera de l’argent comme les grains d’arachides. Certains parents du jour au lendemain roulaient dans les Renault 4, voiture prisée de l’époque et ces derniers partageaient des bières et jus, contents d’être l’ami du Président. On ne dormait pas à Limbe ou Buea sans être invité dans un bar, où un donneur universel était en train de « gâter le coin ».

On disait en pidgin « RAIN DONT FALL ».

Entre 1970 et 1972 on accordera même des crédits à toute personne qui le souhaitait. Dès lors, ils auront une fois pour toute le « cou attaché », puisque on savait qu’une fois cet argent dépensé ils ne seront pas à mesure de le rembourser. On fermera l’œil sur les faux actes de naissance. Ceux qui criaient récemment aux États Unis, en Angleterre, et au canada pendant la crise anglophone sont pour la plupart des bénéficiaires de ces bourses d’antan ; par ailleurs, ils ne sont jamais rentrés servir leur pays. Après cette première action, le Président Ahidjo revient sur Yaoundé, et c’est le père Foch qui entrera à son tour dans l’arène. Sa mission : installer maisons après maisons, quartiers après quartiers, son réseau de renseignements.

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Le père Foch était dans le renseignement comme Einstein l’était en physique et mathématique. Le Cameroun occidental sera encerclé d’agents. Les bars, les vendeurs d’avocat, les « bayam salam », les prostituées, les taxi-mens, les collégiens, les soûlards, tous sont lancés sur le terrain pour encadrer la manne à distance bien que ne sachant rien de l’affaire. On ne faisait plus un pas sans être épié, et tous les matins les rapports tombaient à Yaoundé Jusqu’au chant du coq. Tout était enregistré.

Le terrain étant miné, il attaque le champ juridique, invite les représentants du Cameroun occidental, et leur dit ce qu’il entend faire : unifier le Cameroun.

Personne n’a levé le moindre doigt, Ahidjo avait un pouvoir incroyable quand il parlait personne n’osait le fixer dans les yeux ; son regard pouvait te faire pisser. Le seul qui répliquait devant lui était Fouda André, le célèbre Maire de Yaoundé. Ce dernier était le seul à défier les haoussas de la briqueterie. Par une ordonnance Ahidjo ouvre la voie à un referendum, au même moment on vide les dernières poches de résistance des « upécistes » de façon horrible et cynique, car il fallait vite finir le travail avant que ces « maquisards » ne soient au courant de la future exploration du sous-sol.

Jour anniversaire …

Après avoir mis les anglophones dans la sauce et leur avoir donné tout cadeau, un referendum est organisé le 16 mai et deux jours après, c’est-à-dire le 18 mai au soir, on avait les résultats. Vous vous imaginez le Cameroun entrain de compter les bulletins des votes en deux jours ?

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D’où vient la date du 20 mai ? Selon certains chroniqueurs, cette date est le jour anniversaire de la première dame de l’époque. Peu importe, le Cameroun oriental avec son expérience venait de phagocyter son frère de l’occidental.

Ahidjo peut se frotter les mains.

Alors il fait un tour en Arabie saoudite pour voir comment les princes gèrent l’argent du pétrole. L’exploitation est lancée, toujours dans le plus grand secret, mais les machines ne se cachent pas, quand il y a le pétrole l’odeur se répand. Les nouvelles courent les rues on « disait l’eau sort du mur », pour expliquer de façon voilée le pétrole qui coulait à flot dans le sud-ouest du Cameroun notamment à victoria l’actuelle ville de Limbe. Mais Ahidjo va construire les routes grâce à « Edok et Terre », les écoles, les lycées, les hôpitaux, puis il va offrir des milliers de bourses aux anglophones.

Il faut avouer qu’au lendemain des indépendances l’Angleterre n’a pas assez investi dans cette zone tant ils redoutaient qu’un jour ce territoire leur revienne. Ceux qui animent l’opposition anglophone aujourd’hui sont pour la plupart les enfants issus de cette manne pétrolière. Après l’unification les zones anglophones et le peuple Douala sont ceux qui adulaient le Président Ahidjo. Il suffisait d’écrire « Grand Camarade » dans un discours, l’argent tombait comme de la pluie. Le chemin d’unité se fera sans heurt.

Le président Ahidjo en sortira grandi. Ce fut sa plus grande réussite politique et diplomatique, la doctrine « administrativiste » fera le reste. Il rendit la société plus vivante, et au lieu d’une révision, le Cameroun sera doté d’une nouvelle constitution le 20 mai 1972, celle-ci sera citée dans tous les allocutions comme modèle. Sans vertus infuses et don d’un saint il parvient à préserver la paix, ce fut la deuxième conquête du Cameroun occidental de façon pacifique. Il réussit ce que les Nations Unies n’ont pas réussi au Cameroun.

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Le 2 juin 1975, après un référendum constitutionnel approuvant la création du poste de Premier Ministre, monsieur Paul Biya est nommé. Ce fut le troisième enterrement du peuple anglophone qui espérait que leur vice-président John Ngu Fontcha au vu des accords secrets accéderait à la magistrature suprême. Au cours des réunions qui ont précédé l’union, personne ne parlait on dit que certains levaient le doigt pour demander la parole, mais lorsque Ahidjo les fixaient dans les yeux ils baissaient la main. Depuis ce temps on assiste au long sommeil du peuple anglophone, préférant se réfugier dans les propos comme « Na God go pay you ».

Mais la vérité c’est que les élites devaient de l’argent aux banques, l’argent qu’ils avaient pris pour créer les entreprises ou pour se construire de belles villas… Ne pouvant rembourser, ils ne pouvaient plus rien dire ; et le pétrole continuait à couler. Avec cet argent du pétrole, on va élever des édifices, de grands palais seront construits, les emplois seront créés, des sociétés s’ouvriront, la route Douala-Yaoundé, appelé axe lourd sera réalisée etc… Mais en 1990, le pétrole est presque fini, les Camerounais ne le savent pas.

Il ne reste qu’une usine de raffinerie qui achète le pétrole du Nigeria. Qu’il y ait eu le pétrole ou pas, tout cela appartient d’abord au territoire Cameroun, c’est comme l’eau ou l’électricité ou le bois qui sortent dans chaque région et alimentent tout le pays. On ne doit pas s’aveugler sur un pétrole qui est d’ailleurs fini, par ailleurs cette fête du 20 mai à cause de la connotation qui pèse sur elle n’a plus sa raison d’être, il faut choisir une autre date par exemple le 12 juillet date de la signature du traité Germano-Douala, c’est le premier vrai acte qui politique qui posa les jalons de nos institutions et qui demeure notre vraie histoire.

Auteur: Calvin Honoré Djouari