L’allongement du calendrier électoral et les nombreux contentieux électoraux annoncés apparaissent comme des signes d’un malaise évident.
A 24 heures du terme officiel du processus électoral en cours au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), les nouvelles en provenance de divers points du triangle national indiquent que le calendrier initial a toutes les chances de ne pas être respecté.
C’est qu’en application des dispositions de la circulaire du président national du 27 juillet dernier, la note signée le 12 août par le secrétaire général du Comité central du Rdpc (Sg/Cc) qui déclinait les modalités de déroulement desdites joutes électorales, précisait que ces opérations devaient se tenir « dans la période comprise entre le 1er août et le 10 décembre 2015 ».
Entre temps, le 24 puis le 27 novembre 2015 avaient été avancés comme dates butoir des opérations électorales. Ce qui laissait un délai raisonnable pour liquider les éventuels contentieux électoraux et préparer le rapport final des opérations de renouvellement que le Sg du Comité central doit adresser au président national. Mais ça c’était la théorie.
Car la pratique sur le terrain, a souvent dépassé et bafoué le cadre normatif tracé par la direction du « parti du flambeau ».
A preuve, à un jour du terme du processus électoral, des scrutins sont encore annoncés dans certaines circonscriptions politiques. Pour le directeur des organes de presse, de l’information et de la propagande (Opip) du Rdpc, ce phénomène serait marginal.
« Tout en rappelant que je suis mal placé pour répondre à votre question, sachez qu’il y a toujours des retardataires dans tout processus. Mais la majorité s’est conformée aux prescriptions de la hiérarchie du parti », tranche Christophe Mien Zok.
Avant de prendre congé de Mutations, celui qui est par ailleurs directeur du Palais des congrès de Yaoundé – lequel abrite les bureaux du Comité central du Rdpc – affirme que Jean Nkueté « a tenu une réunion la semaine dernière et a réitéré les directives du président national sur le déroulement du processus électoral en cours ».
Son adjoint (aux Opip/Rdpc), Benjamin Lipawing, qui siège au sein de l’organe chargée de la collecte et de la centralisation des résultats, n’en dira pas plus, se contentant de nous orienter vers les conseillers Jean Fabien Monkam et Paul Célestin Ndembiyembe « qui maitrisent mieux ce dossier ».
Un dossier chaud qui mobiliserait toute l’attention de l’entourage du Sg/Cc et surtout Jean Nkueté lui-même dont les proches disent avoir à cœur de tenir les délais impartis. Mais l’équation semble d’autant plus difficile que la vague de contentieux qui s’annonce risque non seulement de couler ce mince espoir, mais aussi de noyer un des objectifs majeurs visé par le processus en cours.
En effet d’après la note signée par le patron administratif du Cc/Rdpc le 12 août dernier, les opérations de renouvellement des bureaux des organes de base et des organisations spécialisées de cette formation politique avaient notamment pour but de « contribuer à la consolidation de la démocratie au sein du parti ».
Difficile de dire à l’heure qu’il est, et au vu des échos du terrain, que le Rdpc s’en tire à bon compte de ce point de vu. Le mécontentement affiché par les militants par rapport à un processus souvent vicié notamment par la confiscation et la distribution intéressée des cartes, fait même craindre pour l’avenir du « parti du flambeau » après le règne de Paul Biya, son « champion naturel ».
Selon le politologue Mathias Eric Owona Nguini « tel qu’il est organisé et tel qu’il a toujours fonctionné, le Rdpc est essentiellement concentré autour de son dirigeant central. Aujourd’hui, le dirigeant central qui est le président national du parti, a canalisé la capacité de cette formation à être une organisation autonome qui pourrait se distinguer de lui. C’est ce qui rend extrêmement difficile la capacité du Rdpc dans les conditions actuelles à définir une stratégie de survie au cas où ce dirigeant central ne serait plus là ».