RDPC : l’appel d’Edéa, un non-évènement

L’appel d’Edéa, un non-évènement

Wed, 15 Dec 2021 Source: Le Cameroun Matin n° 428

Un article intitulé «Sanaga maritime-centre I : les militants réclament le retour de Alphonse Bibéhè », signé de Serge Williams Fotso, journaliste et rédacteur-en-chef de l’hebdomaire l’Action, a mis en colère le secrétaire général du Comité central du Rdpc. Ce dernier a aussitôt pris la sanction à l’encontre du coupable, dont les écrits étaient susceptibles de nuire à la cohésion du parti au pouvoir.

« Monsieur Fotso Fo- guem Serge Williams, journaliste rédacteur- en-chef de la presse écrite à la direction des or- ganes de presse, de l’informa- tion et de la propagande du secrétariat général du comité central du Rdpc, est, à comp- ter de ce mardi 7 décembre 2021, suspendu de ses fonc- tions pour une période de deux mois pour faute lourde ayant consisté en la publica- tion frauduleuse dans le jour- nal L’Action numéro 1349, du 1er décembre 2021, d’un ar- ticle n’ayant pas fait partie du menu arrêté par la conférence de rédaction ». Voilà en subs- tance la teneur de la décision signée et publiée le 7 décem- bre 2021 par Jean Nkueté, le patron administratif du Ras- semblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Cette décision sera appuyée par l’éditorial de Christophe Mien Zok, dans l’édition n°1340 de l’Action. « Le journal L’Action a malencontreusement relayé et publié dans son édition de la semaine dernière, un article sur un prétendu appel de certains militants de la Sanaga-maritime centre1 réclamant le retour dans les rangs d’un responsable qui s’était volontairement mis en retrait des activités du Parti il y a un an », regrette-il .

Il se trouve que dans son arti- cle, ce journaliste, aujourd’hui suspendu, est revenu sur la cu- rieuse journée du 31 octobre 2021, au cours de laquelle Pa- trice Wenang, Jean Mbeinje, Evelyne Pagal (respective- ment présidents des sections Rdpc d’Edéa 1, Edéa 2, Massock-Songlouloulou) et Bernard Missinga, maire de la Commune d’arrondissement d’Edéa 1, ont conduit à Batombè une procession politique en l’honneur du patriarche Mpepèe Alphonse Joseph Bibéhè, pour lui demander de reprendre ses activités au sein du Rdpc à Edéa en particulier et dans la Sanaga-maritime en général. « Vous avez bien compris que les militants de base que nous sommes et représentons, ne supportons plus votre absence. Le temps que vous avez passé en retrait a été suffisant pour rappeler à notre conscience militante votre importance (… ).

Revenez parmi nous, camarade. Venez reprendre votre place. La Sanaga-maritime a besoin de vous. Le Rdpc, votre famille souffre sans vous », ont-ils déclaré ce jour-là à Batombè. Au terme de leur passage, un document considéré comme «L’appel d’Edéa» a été remis au patriarche. Le même manifeste signé par une centaine de responsables politiques a été envoyé au Comité central du Rdpc. On se souvient qu’à la suite des investitures du Comité central du Rdpc pour les élections régionales, le candidat Alphonse Bibéhè, recalé et déçu par le résultat, avait organisé une conférence de presse très médiatisée et relayée par les réseaux sociaux, pour annoncer son intention de se mettre en retrait des activités du parti dans son organisation actuelle.

Curieusement, un an seulement plus tard, voilà des militants de base de cette circonscription politique qui adressent une lettre publique à cet homme en retrait, pour lui demander de rentrer dans les rangs, alors que le parti n’a rien changé dans son organisation actuelle et que les mêmes responsables sont toujours en place. Grossière manœuvre ? Manipulation ou acte de pénitence franc ? En tout cas, cet acte a attiré l’attention de la hiérarchie du parti, qui se souvient de son refus de se soumettre à ses décisions parce qu’elles étaient contraires à ses intérêts élec- toraux. Sans oublier ses pro- pos désobligeants et outrageants vis-à-vis de cer- tains dirigeants du Parti, qui ont été tolérés par la hiérarchie. Toutes choses que ces militants qui réclament son retour semblent avoir oublié, sans doute au nom des services rendus au parti.

« Ils ont néanmoins perdu de vue une vérité absolue: personne n’est au-dessus du parti; nul n’est indispensable. En effet, comme le soulignait avec pertinence le président Paul Biya: les hommes et les militants passent mais le parti demeure. Les événements d’Edéa, qu’ils participent d’une démarche sincère ou d’une mise en scène, viennent rappeler opportunément cette réalité. Le parti est fort grâce à la dynamique de groupe de l’ensemble des militants et non à cause des exploits de quelques surhommes ou généreux mécènes. Malheur à ceux qui manquent de lucidité, se trompent d’analyse, se croient indispensables ou plus forts que le parti ! Ils s’excluent d’euxmêmes de la grande famille qu’ils n’auraient jamais dû narguer », précise le directeur des organes de presse du Rdpc Christophe Mien Zok, dans son éditorial.

Auteur: Le Cameroun Matin n° 428