Remerciement au Président Biya: des recteurs des Universités, la honte du pays

Faculté De Medecine De Garoua Les Jeunes Disent Merci Au Chef De L Etat Des étudiants de l'Université de Dschang se rendant à un meeting de remerciement du Chef de l'Etat

Sun, 18 Mar 2018 Source: Abdelaziz Moundé Njimbam

Comment des Recteurs d'Université au lieu de s'occuper de tâches prenantes, complexes et ardues pour le développement de l'Enseignement supérieur, ont pu trouver l'idée géniale de remercier le président pour le maintien de leur ministre ?

Avez-vous pris le temps, pour ceux qui en ont encore à consacrer au diagnostic des absurdités de notre société, de lire la lettre de félicitations adressée par les recteurs d'université du Cameroun au ministre de l'Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, pour - excusez du peu de bon gout - son maintien au Gouvernement ?

Ces sommités de la science et du savoir, caporalisées par le système des décrets et celui opaque, politisé et mystérieux du changement de grade, alors même qu'elles devraient être élues à la tête des Universités, confirment par là le triomphe des " intellectuels organiques " sous nos latitudes. En somme, ces détenteurs de capitaux cognitifs, culturels et intellectuels qui en font commerce avec le pouvoir, jouant la carte de la Realpolitik, prêts à justifier l'injustifiable pour le soleil d'une carrière brillante, entendez celle qui mène non pas aux innovations utiles à la société, à la formulation de concepts et paradigmes opérationnels pour la transformation structurelle de notre pays, dans les revues internationales réputées mais aux revues de troupes comme ministre ou assimilé ; le Graal de notre société. La forteresse Etoudi étant imprenable depuis 35 ans.

Voilà qu'on n'a pas fini la dernière phrase de ce billet doux à l'homme des ordinateurs 32 giga que l'on apprend ce soir que des étudiants de l'Université de Dschang se rendant à un meeting de remerciement du Chef de l'Etat pour la nomination de Paul Tasong au Gouvernement ont été enlevées par des éléments de l'Ambazonia Defense Force, ainsi que le président du GCE Board, montré dans une vidéo en circulation, presque nu. En condamnant avec la dernière énergie ces actes et souhaitant que l'action concertée des Forces de Défense puissent permettre de les libérer, il faut relever pour le cas de ces jeunes étudiants, transportés en charter comme on le fait assez souvent pour le " bétail électoral ", est révélateur de l'ancrage cancéreux de ces pratiques grotesques dans notre pays.

A quoi rime finalement ces cérémonies, meetings, lettres et autres simulacres ? Certainement à la perpétuation d'un système savamment entretenu où le culte voué au chef de l'Etat, se diffuse en cascade à chaque échelon inférieur du ministre au plus humble chef de bureau.

Il ne semble plus évident et normal d'atteindre par ses compétences, mérites, actes postifs, son engagement pour l'intérêt général, sa probité et son action politique des fonctions importantes. Il ne semble plus normal d'être nommé pour exercer des fonctions utiles à la société. Il ne semble plus juste de mériter une ascension sociale par le fait d'un parcours remarquable, sérieux ou honnête.

Non, tout cela doit être attribué au président et exprimé avec tambours, trompettes, lettres ampoulées, charters ostentatoires, comme celui qui a été fatal à ces étudiants, que l'on attend dans les amphis et tout au plus dans les actions citoyennes, mais pas vraiment dans des opérations aussi fantasques que préoccupantes de danse du ventre !

Auteur: Abdelaziz Moundé Njimbam