Plus de 1000 milliards de Fcfa dépensés, de manière irrationnelle et gabégique
Onze jours après la décision du retrait de la Can 2019 au Cameroun, force est de tirer des leçons de cette mauvaise passe sur le terrain du sport-roi au pays de Roger Milla.
En effet, après la phase des jérémiades du porte-parole du gouvernement et des catégories sociales, après l’étape du mea culpa du gouvernement, il est idoine de retenir la morale de l’histoire, laquelle se résume à l’idée de la mal gouvernance des gestionnaires de projets et des membres du gouvernement.
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L’idée de la mal gouvernance, qui ressort du dossier du retrait de la Can 2019 au Cameroun, incline à faire le constat de l’écologie de la prédation, qui est la norme en vigueur dans le système en place. Les strates bureaucratiques sont colonisées et plombées par les mentalités rétrogrades liées à la prévarication, à la corruption et à la concussion. Cet ethos de la captation, qui est le déterminant régulateur des dirigeants et des gestionnaires, traduit, prosaïquement, l’option pour l’idée du vol, du faux et de l’usage du faux. Relativement au dossier Can 2019, des barons du régime en place, qui se sont positionné à la tête et qui ont été cooptés et intégré au Comité de pilotage, se sont davantage préoccupés de l’accaparement des ressources pécuniaires colossales au détriment de la gestion rationnelle, efficace et efficiente du projet de l’organisation de cette grande messe du football africain.
Plus de 1000 milliards de Fcfa dépensés, de manière irrationnelle et gabégique, de 2014 à novembre 2018 sans que les infrastructures ne soient érigées dans les villes qui devraient abriter cette grande fête du sport-roi en juin 2019.
Le Secrétaire général de la Présidence de la République (Sgpr), tête emblématique de la régulation dudit projet, le Premier ministre (Pm), le Secrétaire général des services du Premier ministre (Sgpm), le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep) et seize ministres de la République, membres du Comip-Can, ont procédé à la surfacturation des lignes de dépenses des actions et activités prévues et ont ponctionné la fortune publique. Question de bourrer leur besace du pécule. Sans conteste, le Cameroun est englué dans la dynamique de la neo-patrimonialisation de l’Etat. Des gestionnaires de deniers publics ont sublimé le paradigme de la transformation des biens publics en propriété privée. C’est, indéniablement, le stade de la privatisation du trésor public à des fins d’enrichissement illicite. En considérant le nerf de la guerre comme la préoccupation fondamentale, mieux comme le suc destiné à être extrait de la mamelle nourricière de la Can, le patron administratif de la Présidence de la République et des membres du gouvernement ont érigé la folie dépensière en règle établie sans se soucier des lenteurs et des pesanteurs ayant entravé l’avancement des travaux. D’où le constat, à plusieurs reprises par les missions d’inspection de la Confédération africaine de football (Caf), du retard de l’état d’exécution des chantiers. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision panafricaine “Afrique média”, le 4 décembre 2018, Constant Omari Selemani, vice-président de la Caf, parle du très faible taux de réalisation des travaux concernant les infrastructures liées à cette plus grande fête de la compétition continentale, lequel s’élève à 10%.
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Le diable “argent”, que des dirigeants du pays ont embrassé depuis l’enclenchement de l’organisation du projet Can 2019, les a étranglé et émasculé au point de les anéantir. En exaltant donc l’habitus de la captation de l’argent, ces piètres gestionnaires ont, sans coup férir, basculé dans le vol. Toute chose aboutissant, ipso facto, à l’installation de l’écologie du brigandage des caisses de l’Etat.
Cet environnement de la prédation de la fortune publique est, de surcroît, facilité par la prégnance du management du laisser-faire, dont le Président de la République est l’instigateur et le catalyseur depuis trois décennies. Généralement, quand bien même l’on atteint le stade du pourrissement de la situation de la mal gouvernance, le Chef de l’Etat ne réagit pas fortuitement tant il est, quiconque le sait, maître de son temps. Une créature du prince clame toujours: “Le temps du Président n’est pas le temps du peuple ou inversement le temps du peuple n’est pas celui du Président”.
Entre-temps, le fruit de la mal gouvernance pourrit à telle enseigne que les asticots du détournement s’y agglutinent. Alors que le bas-peuple attend, impatiemment, que le chantre du système esquinte des têtes concernées par ce névralgique dossier de la Can, le fils de Mvomeka’a ne répond pas au gré des exigences et des réclamations populaires, mais il attend il attend, sereinement, le moment où il passera à la phase de l’action, voire à celle de la sanction. Il n’est donc pas évident, au moment où tous ou presque exigent le limogeage de tel ou de tel ayant commis des frasques et des fautes de gestion, que la figure de proue du Renouveau réagissent illico presto. Paul Biya ne succombe pas, très souvent, aux desiderata , aux aspirations, aux exigences et à la pression populaire, mais il sonne, très souvent, le tocsin au moment impromptu à l’occasion d’un ré-aménagement gouvernemental ou d’un remaniement ministériel.
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