'Rien n’empêchera les peuples de se révolter' : importante mise en garde à Paul Biya

Odile Tobner a évoqué les Coups d'Etat dits salvateurs en Afrique

Fri, 11 Aug 2023 Source: Odile Tobner

Odile Tobner a évoqué les Coups d'Etat dits salvateurs en Afrique. Le préface de son livre remet le débat au goût du jour après les crises et putsch connus par certains pays de l'Afrique. Les derniers événements en date sont celui du Niger où la situation semble s'empirer avec les sanctions de la CEDEAO.

Le coup d’État, selon le dictionnaire, est « le renversement du gouvernement par une personne investie d’une autorité, de manière illégale et souvent brutale » - quand cette personne est un militaire on parle aussi de putsch – c’est en quoi le coup d’État se distingue de la Révolution qui, elle, est le fait d’un mouvement populaire. Ce distinguo n’est pas toujours pertinent. On a vu des militaires arriver au pouvoir portés par le peuple et rarement le peuple seul renverse un pouvoir sans l’aide ou le ralliement de l’armée et de la police ou leur simple refus d’exercer la répression.

Ainsi on voit que l’analyse de la notion de « coup d’État » est éminemment passionnante et instructive, comme le montre Arol Ketchiemen dans cet ouvrage, s’appuyant sur de nombreux exemples.

Quant à discerner si un coup d’État est « salvateur » ou non c’est une question tout aussi stimulante qui est posée. On aborde en effet la notion politique et morale de violence légitime contre un ordre abusif et oppressif, vaste problème, commenté à l’infini par la philosophie politique.

Les partisans de l’ordre prétendent qu l’État est seul détenteur de la violence légitime. On appelle Hobbes et Max Weber au secours de cette thèse.

C’est une vue un peu courte qui suppose que l’État est censé a priori remplir les conditions de son existence, qui est de protéger également tous les membres du corps social qui sont censé, eux, lui avoir délégué la souveraineté à cet effet par le fameux contrat social. Un contrat oblige toutes les parties. Il est rompu quand l’une d’elles ne remplit pas ses obligations.

Les faits à cet égard sont plus instructifs que la théorie. L’histoire montre que, selon un axiome attribué à Mao Tsé-Toung, là où il y a oppression il y a réaction contre l’oppression. C’est une loi physique autant que politique, qui relève du fait autant que du droit.

Rien n’a jamais empêché et n’empêchera les héros et les peuples de se révolter contre ce qu’ils ressentent comme injuste. Ce sentiment est à l’origine tous les mouvements de réforme ou de révolution et il n’aura jamais de fin car il ne peut être satisfait. Cette aspiration anime le mouvement permanent de l’histoire avec ses renversements, ses progrès et ses régressions.

Concrètement, les régimes les plus insupportables appellent les changements les plus radicaux mais ces changements sont rendus fragiles voire impossibles dans un monde où l’oppression est d’autant plus écrasante que sa tête est lointaine, hors de portée."

Auteur: Odile Tobner