Je me suis gardé jusqu’ici d’exprimer (moi aussi) mon indignation sur les derniers résultats d’admission à l’autre-fois prestigieuse École nationale d’administration et de la magistrature du Cameroun (ENAM), qui a vu récemment un mort figuré au nombre des admis dans un des cycles de formation.
Simplement parce que cela aurait rajouté l’hypocrisie à une certaine hystérie collective.
En effet d’aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfance (venue du sérail), j’ai vite compris que le concours de l’ENAM était la chasse gardée des proches parents du président et des pontes les mieux placés de son régime.
Il y a donc longtemps que les membres de la famille élargie du président de la république sont admis d’office à l’ENAM, à partir d’une liste concoctée à la présidence de la république (par la première dame a-t-on coutume de dire), sans d’ailleurs que certains d’entre-eux éprouvent le besoin – comme Brenda et Junior Biya cette fois-ci- de sauver un peu les apparences en faisant acte de présence aux épreuves écrites et orales.
Je tais volontiers l’autre triste réalité, celle de l’achat systématique des places (que je pourrais tout aussi confirmer à partir de témoignages tirés dans ma proximité), parce qu’elle n’a pas toujours constitué ou été une garantie suffisante dans l’admission finale, le poids respectif des acteurs du sérail et des réseaux d’influence n’étant évidemment pas le même.
Cependant il faut apporter un léger bémol à ce tableau.
À la différence des admis issus du sérail gouvernant d’aujourd’hui, leurs «illustres prédécesseurs» devenus pour certains des ministres et Directeurs généraux « indéboulonnables fils du président », pouvaient justifier d’un réel parcours universitaire; là où nombre de filles et fils de dignitaires usurpent complètement des places de jeunes camerounais méritants, ne pouvant (pour la plupart) pas articuler la moindre réflexion cohérente, ou écrire de manière structurée un paragraphe, voire une phrase.
Et ce serait donc ces hauts fonctionnaires à qui incomberait la mission de mener le Cameroun à l’émergence promise par Paul Biya en 2035? Autant le dire toute suite, mission impossible et pari perdu d’avance!
Du moins si les futurs dirigeants de ce pays ne se donnent précisément pas pour mission prioritaire de fermer immédiatement cette École nationale d’administration et de la magistrature (ENAM), en radiant tous ces tristes personnages connus et identifiés de la haute administration du Cameroun.