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Sérail: comment Mebe Ngo’o a causé la chute de René Sadi

20323 Rene Em Sadi 065 3 Ns 600 Le ministre Mebe Ngo'o a été limogé lors du dernier remaniement ministériel

Fri, 16 Mar 2018 Source: Boris Bertolt

Il y a une anecdote que se raconte parfois les proches du président Biya lorsqu’ils veulent parler de René Emmanuel Sadi, précédemment ministre de l’administration territoriale et ramené à la présidence de la République.

Il se dit qu’à quelques jours de son départ, Ahidjo convoque Biya au palais et lui fait savoir qu’après son départ, il aimerait qu’il puisse garder un homme dont il est certain qu’il lui sera loyal: René Emmanuel Sadi, diplomate de formation, maîtrisant y compris sous Biya la diplomatie de couloirs. Mais, le passage de celui qui donnait il y a encore quelques jours l’image du dauphin de Biya au ministère de l’administration territoriale a déçu le chef de l’Etat. Et ce pour au moins deux raisons.

Tout d’abord, René Sadi était suspecté d’appartenir à ce qu’il est convenu d’appeler la “ Mebe Ngo’o connection” C’est à dire, le réseau de l’ancien ministre des transports que Biya s’attelle à démanteler qui avait infiltré jusqu’à son entourage. Le démantèlement qui est en cours a débuté par l’armée où le 26 février à travers un décret, Paul Biya a effectué d’importantes nominations en enlevant de certains postes stratégiques des personnes qui étaient suspectées proches de l’ancien MINDEF ou suspectées de faire partir de son cercle direct.

Puis au sein du gouvernement où le 2 mars où l’axe dur de la Mebe connexion a été dégoupillé. Lui-même limogé, son ami et partenaire de la mafia Atangana Kouna chasse, mais plus important, Tom Dollars au cabinet civil.

Ce dernier lui avait jusque-là évité toutes les foudres du président depuis la catastrophe d’Eseka. Sadi lui-même quittait le très important poste de ministre de l’administration territoriale pour être ramené près du boss où il peut être surveillé.

À cela s’ajoute, l’écartement de manière discrète à la présidence de la République de quelques personnes très influentes parmi lesquelles le capitaine Noah ancien aide de camp du chef de l’état dont la proximité avec Atangana Kouna et Bébé Doc était un secret de polichinelle dans le sérail.

Dans ce marigot, René Emmanuel Sadi paie également le prix de sa paresse. Avec les enlèvements des autorités administratives dans la zone anglophone, il n’avait effectué aucune descente sur le terrain pour rassurer les agents de l’état. Drôle pour un ministre de l’intérieur. Mais, c’est son comportement qui aura également déterminé Biya à le déplacer en temps de crise.

En effet, à la tête d’un des ministères les plus importants de la République, il n’arrivait pas au bureau avant 10h voir 11h. C’est à dire il commençait parfois le travail après Biya lui-même qui a pourtant 85 ans. Sur place il jetait un ou deux coups d’œil sur les parapheurs, s’assurait de liquider ceux de la présidence.

Le reste pouvait attendre. A un visiteur venu le rencontrer pour un dossier qui traînait depuis des mois dans son bureau, il confia: “ petit frère vous êtes jeunes mes enfants, vous pouvez attendre. Rien ne fuit “, oubliant que l’Etat doit fonctionner.

Mais plus, aux alentours de midi, soit il appelle sa secrétaire et lui demande d’appeler deux amis, soit il le fait lui-même. Et oups à 12h, ces derniers débarquent au ministère, entrent au cabinet, vont dans son bureau s’asseyent mangent et boivent pendant près de deux heures. 2 dames faisaient régulièrement partie de ses invités.

Après la causerie, il se sépare de ses convives, prend une petite sieste et se lève vers 15 h. Passe encore en revue quelques dossiers. A 17h la journée est achevée. Le reste c’est pour discuter avec ses amis, parfois des directeurs. Et il rentrait chez lui, sur d’avoir beaucoup travaillé. C’est pourquoi les dossiers s’amoncelaient à l’infini dans son bureau. Certains disparaissent même.

Mais, il aura été efficace pour ramener le Nigeria dans le sens des intérêts du Cameroun dans le cadre de la crise anglophone. Ses multiples missions furent un succès bien perçu par le président Biya qui en dépit de ses liens soupçonnés avec Bébé doc et sa paresse légendaire décida de le guarder auprès de lui. Certainement pour des missions diplomatiques secrètes. Ahh qui sait, peut-être Biya se souvient régulièrement des conseils de Ahidjo lorsqu’il pense à son dauphin.

Auteur: Boris Bertolt