Sérail: farouche lutte de pouvoir entre des ministres en l’absence de Biya

Etoudi Coup Detat Constitutionnel Paul Biya est en Suisse depuis une semaine

Mon, 20 Aug 2018 Source: camer.be

Alors que les déchirements, la guerre des intérêts, le désaccord parfait, les divergences sur le choix de l'entreprise éligible aux travaux plombent la procédure, la synergie gouvernementale vole en lambeaux. Une fois encore, il faut attendre l’arbitrage décisif du président de la République Paul Biya en vacance en Suisse, son enfermement et son mutisme habituel.

1-Désaccord déchirant…

La lettre No 7484, datant du 06 août 2018, signée du ministre des travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi adressée à son collègue membre du gouvernement, Abba Sadou, ministre des marchés publics, dans la perspective d’exécution « des travaux complémentaires de réhabilitation du tronçon de route entrée-Est de la ville de Douala du Pk10+400 au Pk19+300 (pont sur la Dibamba), n'a pas échappé à la "meute" des réseaux sociaux. Inutile de chercher à savoir comment cette correspondance (supposée rester dans la cuisine interne de l'administration et au secret des silences des cabinets ministériels), s'est retrouvée entre les mains inadaptées et inappropriées, malgré le caractère sensible du sujet. La lecture entre les lignes du courrier du Mintp, Emmanuel Nganou Djoumessi, au Minmap, Abba Sadou montre qu'il s'agit d'une réaction sur la copie d'une correspondance dont le destinataire premier est le ministre secrétaire général de la présidence de la République.

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« J’ai reçu copie de votre correspondance citée en marge par laquelle vous attirez l’attention de Monsieur le ministre, secrétaire général de la présidence de la République sur les conséquences de la suspension des appels d’offres cités en marge en cours d’attribution. Y faisant suite, j’ai l’honneur de vous demander de suspendre des procédures de passation desdits appels d’offres, conformément à l’article 102 (1) du code des marchés publics » écrit Emmanuel Nganou Djoumessi. Le Mintp, pousse plus loin, car il se propose d’attribuer les travaux au groupement d’entreprises Razel Bbc/Razel Cameroun ; celles-ci étant déjà mobilisées sur le terrain en rapport avec les derniers évènements.

« Je me permet de solliciter une autorisation spéciale de passer un marché y relatif par la procédure de gré à gré suivant l’article 109 (a) du code des marchés publics, pour l’exécution des travaux avec le groupement d’entreprises Razel Bbc/Razel Cameroun, pour un montant de quarante-deux milliards huit cent soixante-cinq millions cinq cents mille francs Cfa, soit : 42.865. 500.000fcfa et un delai de 24 mois avec un démarrage immédiat » conclut le Mintp. Qu’est ce qui peut bien amener le Mintp à opter pour les mesures exceptionnelles de passation dudit marché ? Qu’est ce qui oblige à la suspension de la procédure d’appel d’offres ?

Pourquoi ne pas laisser ce processus aller jusqu’à son terme, déclarer au besoin, l’appel d’offres infructueux ; puis envisager l’attribution de gré à gré ? Dans les services techniques du Mintp, à la direction des investissements routiers où, le reporter du Messager s’y est rendu, il y a un besoin d’accélération des travaux, une volonté de renouveler la confiance à une entreprise qui connait le terrain, une entreprise qui est déjà mobilisée et dont l’expertise en la matière est avérée. « Nous sommes bousculés par le temps. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre des chantiers infrastructurels qui doivent servir pour la Can. Cette infrastructure doit être achevée d’ici le mois d’avril pour fluidifier l’accès au stade de Japoma » lance Mbella Eboumbou Michel, directeur des investissements routiers au Mintp.

2-La colère et le coup de gueule d’Abba Sadou

Pour le ministère technique de l’Etat, ingénieur du gouvernement dans les travaux de constructions des routes, au-delà de la nécessité de réaliser une route d’envergure pour fluidifier le trafic routier sur les chemins du stade de Japoma, au vu des travaux à réaliser, l’entreprise Razel est choisie pour plusieurs raisons ; elle a réalisé la première phase des travaux ; dispose d’une carrière sur les lieux ; le matériel est mobilisé, une base de travail sereine ; mieux, elle peut commencer immédiatement le travail, sans perdre le temps à certaines choses comme l’installation du chantier.

Pour le directeur au Mintp, il est impossible d’atteindre l’objectif si l’on reste dans le cadre normal de l’appel d’offres ; c’est la faute à l’urgence ; qui commande la réalisation de cette infrastructure routière pour la Can 2019. Sans une perte de temps, A ses yeux, c’est la principale contrainte. Le contenu de l’étude présente : l’élargissement de la route à 3x2 voies de 3,5 m, soit une plateforme de 38 ml ; cinq giratoires simples ; la réalisation d’une planche expérimentale de chaussées durables.

S’agissant des ouvrages hydrauliques projetés : au total, 11 dalots sont en projet de construction des ouvrages d’art ; puis entre autre aménagements connexes ; la création de 15 arrêts bus de chaque côté, cinq arrêts taxis de chaque côté, 11 parkings moto, 15 passages piétons ; neuf des aménagements des placettes pour les bacs à ordures. Au sujet des coûts sur lesquels sont braqués les projecteurs, les 42 milliards, sont un montant) optimisé. Rien n’est définitif. Dans les couloirs du Minmap, ça coince, ça grince les dents ; tous les coups sont permis, même la tragédie du soupçon.

Nonobstant le fait que les pouvoirs du Minmap ont été diminués par le nouveau code, les collaborateurs d’Abba Sadou, restent très incisifs ; ils condamnent les entorses à la réglementation. Abusé, vexé et plongé dans le désarroi de la diminution de ses pouvoirs de « juge de la conformité » des marchés, le ministre délégué à la présidence de la République, chargé des marchés publics a des nerfs à fleurs de peau. Egalement plongé dans la marginalité, l'angoisse et la mélancolie, Abba Sadou passe des sales temps. A cela, s’ajoute le harcèlement du Ministre Sgpr, qui risque ne pas lui pardonner l’attribution du marché à une entreprise concurrente.

Châtié dans ce qu'il proclame comme: sobriété, honnête, probité et amour propre, Abba Sadou affiche au premier contact, un regard chagriné de serpent battu, un visage buriné par une constellation d'incertitudes, un presque aveu d'impuissance et d’incapacité. Craint-il pour les foudres qui pourraient s'abattre sur lui, s'il passe outre l'injonction de Ferdinand Ngoh Ngoh d'attribuer le marché à Razel, entreprise de droit de français ?

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Dans l'impossibilité de vérifier si le Sgpr agit de lui-même ou sur hautes instructions de Paul Biya, généralement muet, sourd, indifférent, mais plutôt, friand de pourrissement, des scènes de déchirements, des irrégularités, des tacles par derrière, des actes d'anti jeu, entre ses collaborateurs membres du gouvernement, Abba Sadou a jeté son dévolu sur la presse qu'il prend pour cible et souffre douleurs. Pour avoir révélé la fumée de corruption, la main basse sur la fortune publique, l'affairisme et le scandale financier qui se prépare, la presse est maudite, accusée d'être au cœur de ses déboires.

3-L’arbitrage attendu de l’Empereur Paul Biya

Reçu en audience, dans le cabinet du Minmap, lundi dernier, le reporter du Messager, en a eu pour son compte. "Vous dites que vous êtes journaliste, mais vous abrutissez les lecteurs ; c’est choquant. Votre article est grotesque ; vous racontez des inepties. Continuez à écrire ce que vous voulez ; vous êtes un mauvais journaliste. Vous êtes incapable de montrer l’antagonisme entre Ngoh Ngoh et moi ; vous êtes grossier, anti-professionnel. Nous sommes engagés à aider le président de la République. Vous ne nous mettez pas en situation de collaborer avec vous » s’indigne Abba Sadou. Le ministre qui doit avoir la rancune tenace, tient une pile de journaux qui ont parlé du sujet.

La mort dans l’âme, il se lit dans ses yeux, une absence d’assurance ; pour preuve, il va de temps à autre, chercher un supplément d’âme et d’approbation dans le regard de ses deux collaborateurs, invités à la « scène de vaudou », l’autodafé du journaliste.

Mais au fait, si les assurances sont celles qu’il décrit, pourquoi ne fait-il pas la volonté du Sgpr ? Pourquoi n’attribue-t-il pas le marché ? La correspondance d’Abba Sadou, du 22 juin 2018 dont une partie de réponse (allant dans le sens du Sgpr) est donnée par Emmanuel Nganou Djoumessi et qui avait pour principal destinataire Ferdinand Ngoh Ngoh. On y lit bien que le Minmap attirant l’attention du Sgpr « sur les conséquences de la suspension des appels d’offres ». Si les rapports entre le Sgpr et lui, étaient au beau fixe comme il le proclame, pourquoi son courrier reste sans réponse ? « J’ai adressé une correspondance au Sgpr, il ne m’a jusqu’ici pas répondu » a-t-il avoué.

Abba Sadou est-il si naïf au point de ne pas constater que face à son refus d’accéder à l’instruction du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, d’attribuer de gré à gré, le marché public des travaux de la construction de la pénétrante centre-est de la ville de Douala, à une entreprise française, cela représente un affront ?

Est-il si candide pour ne pas lire dans les signaux où souffle le vent face à la sortie du Mintp ? Plus de 45 minutes à faire subir une leçon de professionnalisme au reporter du Messager, aidé en cette virée d’insultes par Christophe Paldou, le directeur des grands marchés et des infrastructures et Joseph Seckbe, directeur des marchés des travaux routiers, Abba Sadou qui proclame et crie aux journalistes d’aller à la critique des sources, est resté peu bavard sur le sujet qui a amené le journaliste vers lui. Toutes choses qui montrent qu’il n’est pas aussi courageux et capable de se prononcer à visage découvert.

Radical et obstiné à ne pas céder à la pression du secrétariat général de la présidence de la République, il est difficile de savoir pendant combien de temps encore, le Minmap va faire de la résistance, continuer à tirer sur la corde sensible de la révolte. « Si vous étiez des partenaires, j'aurais pu vous donner en exclusivité les informations croustillantes.

Mais vous allez souffrir d'attendre comme tout le monde. Ce n'est pas parce qu'il y a urgence sur la CAN masculine de football au Cameroun, qu'on va dilapider la fortune publique. Vous ne savez pas les sommes importantes qu'on va faire gagner à l'Etat en allant jusqu'au bout du processus d'appel d'offres », lance Abba Sadou.

Agissant sur la rizière d'un écorché vif, même s'il ne crache pas son « non » catégorique, il apparaît dans les attitudes du Minmap que son choix est porté vers une autre entreprise. « Il y a parmi les entreprises soumissionnaires, une qui peut faire le boulot et être dans les délais. Ses prétentions en termes de coûts sont à trente milliards », souffle un collaborateur du ministre Abba Sadou, dans les coulisses. Visiblement très remonté et indigné, il ajoute : « Le ministre n'est pas prêt à céder.

Au risque que cette forfaiture le rattrape demain. Si tant est que le président de la République Paul Biya est "complice" de cette violation flagrante des procédures des marchés publics, le ministre attend des instructions écrites. Si la présidence se met en marge de la réglementation, il faut que cela se fasse par écrit. Au lieu des instructions verbales qui ne laissent aucune trace », clame sous anonymat notre source. Alors que la course contre la montre, pour ce qui concerne le démarrage des travaux, a pris définitivement son envol, le gouvernement, par le biais des motivations insoupçonnées et occultes, continue à faire ses « guerres ».

Auteur: camer.be